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Côte d’Ivoire, 3 jours après le drame horrible survenu au quartier rail d’Anyama, dans quelles conditions vivent les sinistrés de Fakala dans ces lieux de cultes

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Les sinistrés du quartier Fakala assis sous un hangar de la grande mosquée d'Anyama/Ph Credochristi.com

La matinée du jeudi 18 juin 2020 a été plus que tragique pour les populations du quartier Fakala de la commune d’Anyama dans le District d’Abidjan. Un glissement de terre au quartier rail d’Anyama, suite aux pluies diluviennes ont causé la mort de 13 personnes, des blessés et des disparus. Cette difficile situation a contraint 52 familles sinistrées de Fakala à trouver refuge dans les lieux de cultes de ladite commune.

Il est 8h 45 mn lorsque notre équipe de reportage arrive à l’église catholique Notre Dame d’Anyama, ce samedi  20 juin 2020. Les sinistrés encore sous le choc de la désolation et des morts des proches, après ces pluies torrentielles qui se sont abattues sur la capitale abidjanaise. Au grand portail de l’église, nous apercevons un groupe de femmes qui échange entre elles en langue Malinké. Une d’entre elles laisse entrevoir un filet de larmes sur ses joues.

Certainement, meurtrie par la perte en vie humaine d’un être cher, avec en ligne de mire d’importants dégâts matériels. Puisque la pluie diluvienne de cette terrible nuit n’a laissé aucun vestige lors de son passage funeste. A côté de ces femmes, des gamins partagent du pain avec des boîtes de conserve. Dans la grande cour de l’église, la police assure la sécurité des personnes et de quelques biens. A droite, sous les bâches dressées, hommes, femmes et enfants les occupent, avec un désespoir imminent. Certains sont assis sur les chaises et d’autres couchés sur des nattes ou pagnes qu’ils ont dressés à cet effet.

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Apparemment, ce sont les victimes de l’éboulement de terre qui échangent sur leur situation de détresse. Joints au téléphone, le curé de la paroisse Notre Dame d’Anyama, le Père Mathieu Zongo, est en déplacement. Il nous autorise de nous adresser au Secrétariat de la paroisse pour échanger, avec son vicaire, père Elo Moïse.

Un centre d’accueil pour les sinistrés

« Nous avons offert la place et les dortoirs pour pouvoir leur permettre d’avoir un endroit où dormir puisque nous avons un centre d’accueil d’une capacité d’hébergement d’une centaine de personnes. Nous ne pouvons donc pas refuser d’accorder notre soutien à ces familles en détresse qui sont dans le besoin présent », a justifié Père Elo Moïse. L’église catholique dispose un centre d’accueil. Pour la circonstance, les sinistrés ont élu domicile dans ce lieu, le temps qu’une solution soit trouvée par les autorités gouvernementales pour leur relocalisation.

Au troisième jour de leur présence sur les lieux, ces femmes et hommes sont bien traités dans ce centre catholique. « Nous sommes aujourd’hui à notre troisième jour dans ce centre avons été accueillis à bras ouverts par les Pères de la paroisse. Nous sommes bien logés, nous avons les douches et les toilettes à notre disposition. On reçoit la nourriture, du pain, avec de la sardine trois fois par jour», a témoigné Traoré Sita, une sinistrée du quartier rail. Dans ce même volet, Fofana Seydou, lui avoue aussi être bien traités par les pères de l’église. « Nous sommes bien logés et nous mangeons à notre faim. Il y a des familles qui manifestent leur générosité à notre égard en nous apportant de la nourriture », confie-t-il.

Après l’église catholique Notre Dame d’Anyama, notre équipe de reportage met le cap sur la grande mosquée de la ville, où bon nombre de déplacés ont trouvé refuge. Il est 10h50. Dans ce lieu religieux, une rencontre a lieu entre des guides religieux et quelques fidèles musulmans.

Accueilli par Tintoré Dramane, Adjoint au président du Comité de gestion de la grande mosquée, il nous évoque l’accueil réservé aux sinistrés. « Dès qu’on nous a appelés qu’on recevra des déplacés suite au glissement de terre de Fakala, j’ai rapidement mobilisé mes collaborateurs et nous avons instantanément mis en place une équipe pour les accueillir», nous a-t-il partagé.

Avant de quitter les lieux, le maire de la commune et autres autorités ont fait des promesses à cette population sinistrée en détresse. « Le maire de la commune et des ministres sont passés nous voir. Avant de quitter les lieux, ils nous ont promis des dons. Ils nous demandent de patienter. Ils reviendront à nous à la suite de la concertation qu’ils auront à la mairie », a déclaré l’imam Sawadogo Idrissa de la mosquée Daouda Traoré de Fakala.

Les populations sinistrées bénéficient de l’hébergement, la nourriture et la prise en charge médicale. « Nous avons la nourriture quotidienne. Il nous a été fourni les dortoirs, les douches et les dortoirs. Il y a eu deux malades qui ont été urgemment évacués à l’hôpital pour bénéficier d’une assistance médicale », relate l’imam Sawadogo Idrissa.

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Église et mosquée désignées

L’Etat s’est mobilisé dans les premières heures pour apporter son assistance aux populations sinistrées. « Dès les premières heures, j’ai reçu un coup de file du commissaire de police d’Anyama me faisant savoir que notre paroisse et la mosquée sont choisies comme lieu d’accueil des sinistrés. Nous avons pris part à une réunion de crise à la mairie. C’est à la suite de cette réunion que  nous avons accepté volontiers d’accueillir ces sinistrés dans nos locaux», fait savoir le vicaire Elo Moïse. Les dégâts qu’occasionnent les pluies diluviennes sont monnaies courantes dans le district d’Abidjan comme ailleurs dans les autres villes de l’intérieur du pays.

Avec une pluviométrie très élevée de ces trois mois estimée à 416,9 mm de pluie selon la direction de la météorologie de la Sodexam.  Anyama, ville située à quelques kilomètres de la ville d’Abidjan, est encore sous le choc, après trois jours de drame. Les pluies diluviennes et l’éboulement de terre sous les rails ont plongé littéralement les populations entières dans la détresse, avec un bilan provisoire inquiétant de 13 morts…

Aucune ville du littoral n’est à l’abri, après ce qui vient de se produire. La pluie va redoubler encore d’orages forts ou parfois modérée dans le district d’Abidjan et autres villes du littoral. Les autorités ont donc invité les populations ivoiriennes à libérer ou quitter urgemment les zones à risque ou inondables, afin d’éviter d’autres drames aux conséquences inimaginables.

Jacques Sibah (Stg)

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