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Côte d’Ivoire, mystères sur la vie monastique, une religieuse en parle

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Sr Marie Epiphanie, moniale, fait des révélations sur son institution/Ph DR

Sr Marie Epiphanie, moniale clarisse ivoirienne vivant en Israël, a célébré, dimanche 5  janvier 2019,  ses 27 ans de vie religieuse, au Monastère sainte Claire d’Aboboté (Abobo). Elle a profité pour parler des difficultés « angeliques » d’une institution catholique pas comme les autres.

L’ambiance était à la fête le dimanche 5 janvier 2020 au monastère Sainte Claire d’Aboboté dans la commune d’Abobo. Et pour cause. Une des leurs, Sœur Marie Epiphanie, moniale clarisse, a rendu grâce à Dieu pour ses 27 ans de vie religieuse et 25 ans de profession. Elle y est entrée, le 31 décembre 1992.

A cette occasion, la fille appartenant au peuple Baoulé et offerte à l’Eglise catholique n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction, en servant avec dévouement le Seigneur. « Aujourd’hui j’ai plus de 27 ans de vie religieuse, 25 ans de profession. Je ne regrette rien, parce que j’ai gardé la foi.  Je n’ai pas perdu la tête, je ne suis pas devenue folle. Et j’aime toujours ma vie de clarisse. Parce que quelquefois, il y avait de quoi à perdre la tête. Tu te rendais compte que ah, les personnes avec qui je suis ne sont pas des anges. Il a eu des problèmes de toutes personnes. Des problèmes humains. On peut être jaloux, envieux. Chacun entre dans la vie religieuse avec ses blessures »,  a-t-elle révélé.

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Et d’ajouter : « Ce n’est pas parce que tu es au monastère que tout de suite tu es devenue saint, un ange. Chacun traîne ses blessures d’enfant. Et puis vivre dans un lieu clos, ça peut ou développer de la violence ou la jalousie que tu n’as pas pu évacuer. Avec notre humanité, c’est petit à petit avec la conversion qu’on arrive à avancer. Mais si tu rentres avec tes illusions, pensant que les autres sont saints, ou un ange pour te permettre de vivre aussi comme un ange. Tu prends la poudre d’escampette, parce que tu peux subir les colères d’une sœur. Cela peut être son point faible. Petit à petit, elle aussi s’engage sur le chemin de conversion ». 

 

Le commun des mortels pense à tort ou à raison que la vie religieuse est si simple. Un monde aussi avec ses passions, ses joies et peines que ce qui vivrait un citoyen ordinaire. « Un pécheur qui vient vivre avec d’autres pécheurs. Il faut donc mettre toute notre fragilité, nos faiblesses ensemble pour construire ensemble un monde de paix et d’amour. Ce n’est pas évident. C’est toujours à construire », a souligné la moniale.  

Avec l’actuaité politique de ces derniers temps marquée par le mandat d’arrêt international contre Guillaume Soro, des arrestations de ses proches, interdiction de meeting des opposants inquiète plus d’un. Surtout où la Côte d’Ivoire aborde le dernier virage des élections présidentielles, dans 10 mois.

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Sr Marie Epiphanie s’est prononcée sur les tensions politiques de son pays. « Vous me parlez du pays aujourd’hui qui est divisé par des crises et  tout ce que nous avons vécu. C’est dire que nous ne sommes pas hors de notre partie humaine.  Tout ce que les hommes et les femmes de notre temps vivent, ce que vous vivez dehors, eh bien nous les vivons dedans. Parce que notre vie n’est pas désincarnée. Nous sommes entièrement des hommes avec nos limites et nos faiblesses », a-t-elle conclu visiblement pleine d’espoir.  

Serge Amany

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