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Réconciliation, présidentielle 2020, Houphouët-Boigny, Ouattara, Bedié, Gbagbo: Père Abekan fait le grand déballage

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Père Eric Norbert Abekan peiné par la situation des personnes touchées par l'épidémie/Ph DR

Père Norbert-Eric Abekan est curé de la paroisse Sainte Famille de la Riviera II Cocody, une commune d’Abidjan. Agé de 66 ans, c’est un prêtre charismatique dans le milieu catholique et élu deux fois parmi les 100 personnalités influentes de Côte d’Ivoire. Défenseur et promoteur acharné de la paix depuis quelques années. L’abbé Abekan a été décoré Officier de l’ordre du mérite pour la paix et la cohésion sociale, le 15 novembre 2019. Dans cette interview exclusive accordée à Credochristi.com, il évoque la nécessité, l’urgence de la paix et la réconciliation en 2020.

Le 15 novembre 2019, le ministère de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de la lutte contre la Pauvreté vous élève au rang d’officier du mérite de la paix et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette distinction nationale ?

Je voudrais dire un grand merci aux autorités ivoiriennes, à toute la Côte d’Ivoire, à la ministre Mariatou Koné. Certainement qu’elle a compris que dans mes différentes activités, je contribue à la cohésion sociale. Je reconnais, moi même, que j’ai posé des gestes et actes qui militent en faveur de la cohésion sociale. Quand j’étais curé à la paroisse Notre Dame de la Tendresse de la Riviera Golf de Cocody, j’ai dressé un véritable pont entre les communautés musulmane et catholique.

J’ai vu aussi que cela nous a énormément aidés durant la crise post-électorale, qui a permis que ces deux communautés, malgré la violence ambiante, soient très unies. Donc, je continue dans ce sens. Je n’ai pas manqué d’intervenir, partout, où il y a l’injustice qui est proclamée comme ce fût le cas, il y a quelques mois, en Afrique du Sud.

  • Cela nous a énormément aidés durant la crise post-électorale, qui a permis que ces deux communautés, malgré la violence ambiante, soient très unies.

On a chassé les autres africains de ce pays, avec la xénophobie qui sévissait. J’ai également apporté ma contribution, en interpellant ces personnes. Ça été aussi le cas au Congo et chez moi, en Côte d’Ivoire. En effet, je suis très sensible à tout ce qui va à l’encontre de la paix, de la cohésion et de l’unité. C’est à partir de tout cela que la Côte d’Ivoire, à travers le ministère m’a décerné cette médaille d’officier de l’ordre du mérite.

Vous êtes à votre 3e médaille…

A chaque fête de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, à travers le président de la République et la Grande chancelière décorent des personnalités. Il y a de cela cinq ans et c’était à l’anniversaire d’indépendance de notre pays. La Grande chancelière m’a décoré en me donnant cette médaille d’officier de l’Ordre national pour ce que j’ai apporté pendant la guerre.

Ils ont vu ce que j’ai posé comme actes concrets dans la paix à travers mes écrits, les actes comme la marche avec les bandeaux blancs, en sillonnant les communes d’Abidjan, la ville de Dabou pendant que les balles crépitaient un peu partout, avec des jeunes, adultes, hommes et femmes de toutes confessions religieuses et formations politiques. J’ai apporté ma contribution pour que la guerre s’arrête. J’ai aussi organisé des rencontres avec les jeunes, femmes musulmans et catholiques.

  • J’ai apporté ma contribution pour que la guerre s’arrête. J’ai aussi organisé des rencontres avec les jeunes, femmes musulmans et catholiques.

Je crois que c’est tout cela qui a milité en ma faveur pour que la Présidence,  la Grande chancelière, le ministère me donnent cette médaille d’Officier, qui était la première médaille. Ensuite, le ministère du Travail qui a vu ce que j’ai apporté à la Radio espoir (radio de confession catholique du diocèse de Grand-Bassam, Ndlr) durant une vingtaine d’années. Quand il s’agissait de donner une médaille de travail, j’ai été compté parmi les récipiendaires qui devaient recevoir la médaille de Vermeil. La 3e médaille est celle d’officier dans l’Ordre du mérite pour la cohésion sociale et la paix.

Pourtant, au nom de cette paix, des individus ont tiré sur vous au point que vous avez failli perdre la vie, un soir de retour d’une émission radiophonique, le 29 mars 2011. Qu’est-ce qui vous tient ou lie si tant à cette paix ?

Cette remarque m’a été faite. Abekan on te voit partout…Je leur dis que la paix n’a pas de prix. Certes, un moment donné, je disais à mes pères Evêques et Archevêques que je salue d’ailleurs et qui ont fait un travail phénoménal. Les évêques ont écrit et parlé  beaucoup sur le danger qui se profilait à l’horizon, en produisant un message contenu dans : « Chrétien face à la politique ». Malheureusement, nous n’avons pas écouté. Mais j’avais souhaité durant cette période difficile qu’ils interviennent encore mais cela n’a pas été fait. Ils ont reconnu leur tort, en présentant leurs excuses.

Aujourd’hui, les évêques nous transmettent un message et nous invitent à la réconciliation. C’est cela qui m’a poussé à me rendre à la radio en parlant de paix, en disant arrêter de tuer, de braiser des personnes humaines comme des agoutis. J’ai donné mon message, et en revenant, les ennemis de la paix, ont tiré sur moi, en programmant ma mort. Ils m’ont criblé de balles, me laissant presque mort. J’étais très atteint physiquement.

Aujourd’hui, je porte dans mon corps des marques indélébiles de cette folie meurtrière. Beaucoup sont morts paix à leur âme ! Des blessés et handicapés comme moi. Je marche difficilement mais je béni Dieu et continue de transmettre le message de paix, à mes frères et sœurs.

En 2018, dans un entretien au média en ligne Credochristi.com, vous disiez ces mots : « C’est le Seigneur qui a mis en moi cet amour de la personne humaine. Une personne en situation de conflit, d’injustice, je ne peux que parler de la réconciliation et de la paix ». Père Abekan, jusqu’où vous pouvez sacrifier votre vie encore, déjà, si fragile, avec des stigmates que vous portez ?

Pour moi, il n’y a pas de limites. La limite dans la mesure où partout, où il n’y a pas de paix, j’interviens. Je sais d’apporter ma contribution. Je ne suis pas quelqu’un qui veut se faire tuer, massacrer. Le Christ Jésus lui-même, à un moment donné, on voulait l’attraper, il a fui. On dit qu’il est passé au milieu d’eux et est parti. Ce n’est pas que je cherche forcement à être martyr. Je cherche à vivre mais je n’ai pas peur d’apporter ma contribution partout, où les hommes, la personne humaine ne vit pas bien.

Quand on parle de violence, ce n’est pas seulement celle qui est physique. La violence est morale, l’injustice, la haine etc et répondre un peu à l’appel de Saint François d’Assise, qui disait : «  que là, où il y a la haine, que je mette l’amour. Là, où il y a guerre, que je mette la paix ». Pour moi, il faut créer des conditions pour que les hommes vivent bien.

Même s’il y a des kalach, fusils il faut aller jusqu’au bout mais faire taire les kalachnikovs. Transformer ces chars de guerre en charrue. Le temps de l’Avent nous indique que le loup habitera avec l’agneau.

A plusieurs reprises, vous avez rencontré les quatre chefs d’Etat Ivoiriens qui se sont succédé. De quoi parliez-vous avec eux ?

Le 1er président de la République, Félix Houphouët-Boigny, était un héros de la paix. Il a toujours prôné la réconciliation et la paix. Je l’ai rencontré au dernier moment de sa vie, dernier mois et voyage de sa vie ; j’étais avec lui. On disait qu’il avait peur de l’avion. Moi, j’étais dans cet avion avec lui qui le ramenait de Suisse, où il était interné. C’est vrai que les gens, lorsque nous sommes arrivés à Abidjan m’interrogeaient : « Il parait qu’il est mort ? J’ai répondu non. » Il souffrait terriblement et nous avons parlé. Le président Houphouët-Boigny ne parlait seulement que de paix. Certes, il a ses défauts et qualités, c’est un homme comme moi, comme chacun de nous.

  • Il souffrait terriblement et nous avons parlé. Le président Houphouët-Boigny ne parlait seulement que de paix.

Mais c’est une personne qui prônait la paix. La preuve, il a  fait bâtir des ponts, la Basilique Notre Dame de la Paix de Yamoussoukro, qui est un symbole de la foi. Il n’a pas pris ses milliards pour acheter des armes de destruction massive. Ensuite, le président Henri Konan Bédié que j’ai pu rencontrer par l’entremise de son épouse Henriette.

C’est moi qui ai béni le palais présidentiel qui a été bombardé. Lorsqu’on a détruit complétement la vieille résidence du Président Houphouët-Boigny, je n’étais pas d’accord. Je l’ai signifié dans un journal. On aurait dû la garder en souvenir des jeunes générations. Les Américains et Européens le font en montrant cela à la jeune génération de demain. Concernant le Chef de l’Etat Robert Gueï, je l’ai rencontré grâce à son épouse Rose. J’ai été à leur résidence pour prier et nous avons aussi parlé de paix en Côte d’Ivoire.

Avec le président Laurent Gbagbo, là, j’ai été encore plus direct. Parce que je l’ai rencontré par deux ou trois fois au Palais pour parler de paix. Avant la crise postélectorale, je suis allé le voir pour lui poser cette question : «  Monsieur le président, si vous n’êtes pas élu, que feriez-vous? Est-ce que vous allez accepter votre défaite et reconnaitre la victoire de l’autre ? Il m’a dit : « Oui. » Quant au président Ouattara que j’ai rencontré, je lui ai posé la même question. C’est pourquoi, j’applaudis le débat télévisé qu’il y a eu à la télévision nationale. C’était une première dans l’histoire de notre pays. On n’a jamais vu cela. J’étais très heureux que les deux présidents Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara parlent de paix.

D’autres sujets d’importance ont été au cœur de vos échanges…

Avec le président Gbagbo, je lui ai parlé de la prison, car il y a un nombre grandissant de prisonniers. Les gens ne sont pas bien pris en compte. C’est vrai, ils ont tué, fait de vilaines choses ; ce sont des personnes humaines, on ne doit pas les maltraiter comme des animaux. Au président Gbagbo, j’ai dit ayons des prisons à taille humaine. Il me l’a dit : « père Abekan, je te dis ouvertement, c’est un projet que nous avons. Les prisons seront désengorgées et les mineurs apprendront des métiers comme la menuiserie, etc. » Voici ce que j’ai apporté à mon humble niveau aux différents présidents que j’ai rencontrés personnellement et j’en suis heureux.

En 2010, vous avez rencontré le président de la République Alassane Ouattara avant les élections. Les Ivoiriens, semblent-t-ils, sont encore habités par un sentiment de peur. Comptez-vous le rencontrer dans ce sens afin que la paix soit garantie ?

2020 est déjà là. Je crois que je dois continuer sur ma lancée et poser la question si l’occasion se présente. Je vais solliciter une audience. Déjà, j’interviens à travers les radios dans les évangélisations et homélies, en parlant de Jésus Christ, prince de la paix, et je sais concrètement d’interpeller les responsables politiques dont le président Ouattara, le gouvernement et les différents membres de partis politiques. Je l’ai dit dans chacune de mes homélies, que chaque habitant de la Côte d’Ivoire se dise que la paix passera par moi ; la guerre ne passera jamais par moi.

Je sais concrètement d’interpeller les responsables politiques dont le président Ouattara, le gouvernement et les différents membres de partis politiques. Je l’ai dit dans chacune de mes homélies, que chaque habitant de la Côte d’Ivoire se dise que la paix passera par moi ; la guerre ne passera jamais par moi.

Les paroles injurieuses ne passeront jamais par moi. Je félicite cette grande dame, la ministre Mariatou Koné, qui a interpellé les différents responsables politiques. La Grande chancelière, Prof Dagri Diabaté, qui les a aussi interpellés en désarmant leurs paroles. Je voudrais ajouter ma petite voix à celle des grandes dames pour dire aux responsables politiques d’avoir un langage de paix. Je suis sûr que si chacun se dit que la guerre ne passera par lui, les paroles belliqueuses ne passeront pas par moi, je suis sûr qu’on réussira ce pari.

Vous êtes un défenseur de paix et d’unité en Côte d’Ivoire. Que pouvez dire concrètement aux acteurs politiques pour que la paix advienne définitivement en Côte d’Ivoire ?

Que chacun se dise, je suis à ce poste pour qui ? Est-ce pour l’Ivoirien? La Côte d’Ivoire ou mon parti politique ? Voilà la question que chacun doit se poser. Je suis prêtre catholique. Suis-je là pour le prince de la paix, Jésus Christ ? Je suis là pour chaque ivoirien qu’il soit du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Front populaire ivoirien (Fpi), du Rassemblement des républicains (Rdr) ou de n’importe quel parti politique.

Donc mon message doit être celui qui rassemble, unit pour le bien du pays. Au niveau des partis politiques, des ministres de quelques bords politiques qu’ils soient doivent se dire, je suis là pour qui ? Pour mon intérêt personnel, mon parti ou la Côte d’Ivoire ou le bien des Ivoiriens. Ensuite chacun donnera sa réponse. Je souhaite que chacun dise que je suis là pour la Côte d’Ivoire.

En 2017 et 2018, l’Association des conseils en lobbying et affaires publiques (Aclap-ci) a fait de vous l’une des 100 personnalités les influentes en Côte d’Ivoire. Comment avez-vous apprécié cette autre distinction ?

Cela fait deux années successivement que je suis élu dans le groupe des 100 personnalités les plus influentes du pays. Je leur dis merci. Il faut reconnaitre ses valeurs, ses capacités, j’en ai. Certainement, ces ingénieurs ont vu ce que j’ai apporté mais je crois que d’autres sont plus méritants que moi. Dans leur recherche, ils trouveront d’autres. Je dis merci à Dieu qui m’a donnée cette force de jouer ma partition. C’est une façon de nous inviter à aller plus loin, une saine émulation pour devenir meilleur.

Selon vous, quelle est cette balance qui a pesé en votre faveur pour avoir été deux fois personnalités influentes du pays ?

Je suis sûr qu’ils m’ont suivi dans mes déclarations, émissions, évangélisations, rencontres avec les journalistes. D’après eux, en lisant leurs critères, je me rends compte qu’ils m’ont suivi avec beaucoup d’intérêt, et les débats que j’ai eu concernant la paix avec la communauté catholique Sant’Egidio.

La Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, en prélude aux élections de 2020, a organisé une semaine de réconciliation pendant le temps de l’Avent. Croyez-vous que les hommes politiques, en particulier s’approprieront de cette semaine pour être acteur de paix ?

Nos pères évêques et archevêques inspirés par le Saint esprit ont eu cette belle initiative de nous inviter à marcher sur le chemin de la réconciliation. Ils ne se sont pas contentés de parler mais en nous proposant concrètement comme acte. Le 1er, chacun doit faire son examen de conscience, afin de voir quel chemin de conversion, à prendre conscience de notre état et revenir à Dieu, lui qui est la source de la paix et de la réconciliation.

Les évêques nous ont invités à aller à l’essentiel, c’est-à-dire en nous-mêmes. Deuxièmement, nous devons identifier avec quelle personne je m’entends pas. On les a souvent critiqués mais je les félicite. Nous leur disons merci. Maintenant à nous curés de paroisses, parce que nos évêques sont très occupés raison pour laquelle ils nous ont nommé à des postes de responsabilités. C’est à nous de nous approprier les messages des évêques dans nos groupes, Ceb, associations, etc.

A votre niveau, l’avez-vous, déjà, mis en œuvre ?

Oui, ce matin, à la messe, j’ai essayé de leur dire le message des évêques. Je ne me suis pas contenté de le lire comme un perroquet ce qu’ils ont écrit. Plutôt, voici les actes concrets que nous devons faire ou poser. Souvent les évêques écrivent, les prêtres mettent ces écrits dans leurs tiroirs. Je profite de cette occasion pour interpeller mes confrères pour que nous puissions jouer notre partition.

Votre paroisse compte certains cadres du pays dont des directeurs d’administration, responsables de partis politiques, militants, etc. Comment comptez-vous les amener véritablement à s’inscrire dans ce processus de réconciliation et de paix ?

Je leur dis que nous sommes dans une paroisse appelée Sainte Famille. Nous avons notre slogan : «  sainte famille, joie de vivre ». Comment faire pour que la la joie de vivre s’installe dans nos foyers. Alors nous avons des communautés nouvelles et des Ceb, où je les interpelle. Nous avons eu une grande messe qui a rassemblé toutes les Communautés ecclésiales de bases (Ceb), où on leur dit comment vivre et se soutenir mutuellement. Les femmes, elles sont encore plus nombreuses.

Il y a une association que j’ai mise sur pied depuis plus vingtaine d’années, l’Association des femmes de l’Eglise catholique (Afec), avec le vicaire Sylvain, qui joue un rôle formidable. Je suis intervenu pour leur dire que vous êtes des épouses, des mères et dont vos enfants sont des responsables politiques : maire, député cadre politique etc. Il faut que vous leur parliez  et conseillez. Les jeunes et enfants, je suis intervenu sur la nécessité d’aller à la paix et nous avons fini par la danse.

Donc vous n’avez pas rencontré les acteurs politiques qui font la messe sur votre paroisse ?

Nous ne l’avons pas fait. Je me dis comme ceux-ci sont la plupart dans les Ceb, je n’ai pas ciblé directement mais je crois qu’on pourra le faire.

Ouattara, Bedié et Gbagbo tous sont des leaders politiques qui souhaitent pour certains briguer la magistrature suprême du pays. Si vous avez un message a adressé à chacun, ce serait lequel ?

Ce serait exactement le même message que j’ai adressé aux habitants de notre pays, la Côte d’Ivoire.  Je suis, aujourd’hui, président de la République, ancien président, est-ce que j’ai été président pour mon pays, la Côte d’Ivoire ou président pour mon parti politique, mon groupe ethnique, ma région ? À cette question, chaque président doit se la poser. Qu’est-ce que je vais faire en tant qu’ancien président et quelle contribution apportée pour que ce pays vive aussi mieux dans la paix, la cohésion, l’unité.

A l’endroit de la nouvelle génération…

Je leur dirai simplement. Qu’est-ce qui vous fait courir ? Vous courez pour vous remplir le ventre, les poches ou vous courez pour que l’Ivoirien puisse manger à sa faim, se soigner. L’Ivoirien peut rentrer dans ses droits les plus fondamentaux et il a aussi ses devoirs. Moi, qui court vers le fauteuil présidentiel, qu’est-ce que je vais apporter à mon peuple.

  • Je leur dirai simplement, qu’est-ce qui vous faire courir ? Vous courez pour vous remplir le ventre, les poches ou vous courez pour que l’Ivoirien puisse manger à sa faim, se soigner.

Le peuple c’est les enfants, les jeunes, les adultes, les ménagères. Est-ce que le panier de la ménagère va se remplir, est ce que les Ivoiriens, les habitants malades peuvent-ils se soigner ? Est-ce que l’enfant ivoirien peut aller à l’école, est-ce qu’avec son diplôme pourrait-il travailler ? Je souhaiterais que tous ceux qui veulent être présidents donnent un programme de société et qu’on cesse de s’insulter. Ainsi, librement, les gens choisiront.

Dans 10, 20 voire 30 ans, comment voyez-vous la Côte d’Ivoire ?

Dix ans se préparent aujourd’hui. Si, aujourd’hui, nos chers responsables politiques se disent que dans 10 ans que va devenir mon pays, un pays de chaos, réduit en cendres ? Alors, ils feront en sorte que la guerre s’installe dans ce pays. Je ne vois plus l’avenir, ce serai donc un pays de guerre, de destruction. Mais si chacun, le futur candidat se dit dans dix ans, mon pays va émerger pour participer au grand défilé des grandes nations développées, ça se passe dès aujourd’hui. Je prends l’exemple dans cette Afrique, le Rwanda.

Ce pays était sous l’eau mais aujourd’hui, le Rwanda, est au-dessus du lot et on est fier d’être Rwandais. Je suis parti à Kigali. J’ai posé cette question dans la rue : Es-tu Hutu ou Tutsi ? Ils m’ont répondu : « Ici, il n’y a pas de Hutu ni de Tutsi. Ici, il y a des Rwandais. Et, j’ai applaudi. Que les Ivoiriens puissent vous comprendre et vous imitez ».

Le président Paul Kagamé est train de développer son pays. Dans 10 ans, le Rwanda sera à la hauteur des grandes nations. La Côte d’Ivoire peut également devenir une grande nation, car nous avons des intellectuels compétents, un sous-sol riche et que la répartition des richesses se fasse dans l’équité. La Côte d’Ivoire dans 10 ans sera aussi au niveau des grandes nations.

Avez-vous foi au retour définitif et durable de la paix ?

Moi, j’y crois. La paix pour qu’elle soit durable, il faudrait que chaque ivoirien se dise je veux être artisan de paix là, où je suis.

Interview réalisée par Magloire Madjessou

ENCADRE

Abekan et l’Afrique !

Des pays africains, pour la plupart préparent leurs élections présidentielles en 2020. Ces élections dans chaque pays  soulèvent d’incroyables débats, passions et dont la Loi fondamentale pourrait faire l’objet de modifications. Ce qui n’est pas loin de créer le chaos, la guerre dans ces pays qui préparent l’alternance politique et démocratique.

Si père Norbert-Eric Abekan le fait avec son bâton de pèlerin en Côte d’Ivoire, à travers ses homélies, enseignements, déclarations etc, il est  très soucieux également de la paix, de la justice, de la fraternité, de la tolérance et de l’unité en Afrique.

En Afrique du sud, une barbarie d’une rare violence contre les expatriés, le 1er septembre 2019, a choqué le monde entier. Face à cette violence contre le non-respect des minorités, père Abekan, défenseur des opprimés, des sans-abris, des pauvres a dénoncé cette violence inqualifiable d’un autre âge, et appelé au respect des droits des étrangers, en demandant aux responsables politiques de les garantir et protéger.

La marche pacifique réprimée des prêtres congolais, en 2018 contre un troisième mandat du Président Désiré Kabila. Là encore, le vicaire épiscopal du diocèse d’Abidjan, a adressé une lettre pour apporter son soutien indéfectible à ses confrères violentés et emprisonnés.

Le combat inlassable contre l’injustice, la corruption du père Norbert Eric Abekan dépasse les frontières ivoiriennes. Incontestablement. Pour lui, l’Afrique ne peut aller mieux si tous acceptent que la paix passe par chacun et la guerre derrière nous.

Cet apôtre de la paix, de la justice, de la réconciliation se bat jusqu’à sa dernière goutte de sang pour que les pays africains ne vivent plus de « troisième guerre mondiale par morceaux »,  c’est-à-dire la montée de la haine et la violence, en s’appropriant les mots du Saint Père, François.

 M. MADJESSOU

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