Un séminaire commémoratif du 10e anniversaire du deuxième Synode africain sur le thème : « Bilan et perspectives du 2e Synode africain » s’est ouvert, samedi 22 février 2020, au Cerap d’Abidjan-Cocody.
« L’Eglise en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ». Tel est le thème du deuxième synode africain, qui s’est tenu, en octobre 2009, à Rome. 57 propositions extraites de ce thème abordent les problématiques socio politiques en Afrique. 10 ans après ce Synode africain, et voyant les présidentielles qui cristallisent tant les passions, les Eglises particulières d’Afrique ont-elles mise en exécution ces propositions pour éviter d’autres crises ou tensions, en 2020, sur le continent noir ?
L’Eglise catholique s’est appropriée, a démontré père Paul Zikpi, professeur de Théologie morale, les recommandations en faveur de la paix et de la réconciliation en Afrique. Il a indiqué d’emblée que l’engagement de l’Eglise pour la réduction des sources de conflits en Afrique contemporaine se situe à deux niveaux.
- Les prises de paroles pour la dénonciation de l’injustice ou la proclamation du droit de la vérité. Les pasteurs ont eu le courage de parler à temps et à contretemps.
« Les prises de paroles pour la dénonciation de l’injustice ou la proclamation du droit de la vérité. Les pasteurs ont eu le courage de parler à temps et à contretemps. Il y a eu aussi des actes concrets de participation de rétablissement de la justice pour tous », a affirmé père Zikpi. Toutefois, il a rappelé que les déclarations publiques de l’Eglise catholique sur la situation politique se faisaient rares, avant 1990. Subitement elles deviennent régulières. Pour lui, l’Eglise a servi de pont entre les parties en conflit et défendue les causes les plus vulnérables de la société.
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« Pour ces conflits, l’Eglise était, souvent, là, en sourdine, pour colmater les choses. Les paroisses deviennent des lieux de refuges, la Caritas pour aider les démunis de la société », assure-t-il. Remontant dans l’histoire, le Théologien a expliqué que les guerres en Afrique sont l’expression de dénonciation de l’injustice sociale criarde auxquelles sont confrontés les peuples. D’ailleurs, selon le conférencier, il y a une typologie de conflits de libération ou dénonciation, à savoir conflit de frontière, d’identité, de sécession, de pouvoir, de libération nationale ou d’indépendance.
Création d’Observatoire catholique des élections
L’Assemblée des pères synodaux a essayé de rendre dynamique l’Eglise en Afrique à travers des stratégies efficaces, afin d’être un instrument au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. « L’Eglise en Afrique demande d’être présente dans les institutions nationales, régionales et continentales d’Afrique, en vue de contribuer à l’élaboration de lois justes et de politiques favorables au bien des populations », a expliqué frère dominicain, Paul Dago.
Le rôle de l’Eglise dans l’espace politique, insiste-t-il, s’articule autour des mots : annoncer, éduquer et dénoncer. « A travers ce rôle, l’Eglise peut résoudre la situation d’instabilité que connait certains pays africains en y instaurant la paix », a-t-il estimé. Les résultats des élections en Afrique qui sont bien souvent contestés par des candidats malgré une structure d’organisation d’élections mise en place par les parties. Pour ce faire, Frère Dago propose que la Conférence épiscopale crée un Observatoire catholique des élections en Côte d’Ivoire.
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Ce 2e séminaire a été ouvert en présence du Nonce apostolique en Côte d’Ivoire, Mgrs Paolo Borgia et Ignace Bessi Dogbo, président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire. Celui-ci a été organisé conjointement par la Commission justice et paix du Couvent Saint Dominique, l’Institut saint Thomas d’Aquin de Yamoussoukro et le Centre de recherche et d’action pour la paix (Cerap), dont la messe est prévue, ce dimanche, au Couvent saint Dominique d’Abidjan.
Céline Djidjé