Jacob Nyamien : « Nous avons un financement pour les réfugiés Burkinabè basés au nord de la Côte d‘Ivoire »

Jacob Nyamien, Directeur-pays de Catholic relief services (Crs) Côte d’Ivoire, parle des enjeux de cette collaboration entre sa structure et la Caritas Côte d’Ivoire. Toutefois, il n’a pas manqué de révéler pour l’heure, la priorité de Crs pour ce pays.

Présentez-nous le Catholic relief services (Crs) ?

Le Catholic relief services (Crs) a été en 1943 par les évêques catholiques des Etats-Unis. C’est l’agence humanitaire internationale officielle de la Communauté catholique des Etats-Unis. Elle travaille dans plus de 117 pays à travers le monde, dont 11 pays en Afrique de l’Ouest parmi lesquels figure la Côte d’Ivoire. Le Crs c’est plus de 122 millions de bénéficiaires, dont 58 millions en Afrique de l’Ouest. C’est près de 8 000 employés déployés à travers le monde. Ses financements proviennent du gouvernement américain, du fonds mondial, des fondations, des catholiques américains et les personnes de bonne volonté.

Bien avant que le Crs s’installe Côte d’Ivoire, cette structure caritative américaine apportait son assistance à la Caritas nationale. Dites-nous comment se faisait cette collaboration ?

La Caritas Côte d’Ivoire est l’organisation sœur de Crs. Donc depuis bien longtemps, il y avait cette collaboration qui était d’abord gérée avec le bureau régional de l’Afrique de l’ouest de Crs. Par la suite, en 2015, cette collaboration a transité par le Ghana pour l’appui à la réalisation des activités.

Ensuite, pour des problèmes linguistiques, le Ghana étant un pays anglophone, pour faciliter la fluidité de la communication et des actions, nos frères du Crs Burkina-Faso avaient pris la relève. Mais en 2017, les évêques ivoiriens à travers la Conférence épiscopale ont souhaité que Crs puisse ouvrir un bureau à Abidjan, afin de mieux accompagner Caritas Côte d’Ivoire.

Cette sollicitation a été acceptée par Crs au niveau de son Conseil d’administration et officiellement, depuis octobre 2022. Le Crs a une installation officielle en Côte d’Ivoire pour apporter son appui à la Caritas Côte d’Ivoire. Car, le partenariat et le renforcement des capacités sont au cœur de notre approche. Crs met particulièrement l’accent sur l’accompagnement des institutions locales dans la réalisation de leur volonté de servir de catalyseur de changements efficaces, dynamiques et durables pour les populations et les communautés qu’elles servent.

le partenariat et le renforcement des capacités sont au cœur de notre approche

L’appui en Côte d’Ivoire consistera à travailler, à renforcer Caritas, c’est-à-dire travailler à la structuration, au développement de Caritas, pour qu’elle soit une structure modèle de référence qui joue pleinement un rôle de leader en Côte d’Ivoire dans le domaine de l’humanitaire et du développement.

C’est aussi un appui pour améliorer la qualité de mise en œuvre des projets et programmes, c’est-à-dire la bonne exécution des projets dans des domaines prioritaires pour Caritas Côte d’Ivoire. C’est aider Caritas aussi à une autonomie financière, les aidant à mobiliser plus de ressources, à amplifier la voix de la Caritas à travers des actions efficaces de plaidoyer.

Crs pourra étendre cette action à d’autres organisations locales en Côte d‘Ivoire, en les aidant, en les accompagnant et en renforçant leurs capacités. Donc, l’un mis dans l’autre, on peut dire que l’installation de Crs en Côte d’Ivoire va renforcer le leadership des organisations locales. Caritas sera la porte d’entrée.

A ce propos, quels sont les secteurs où vous allez appuyer la Caritas ?

Il y a des domaines d’interventions classiques validées par Crs. Il y a urgence sur les questions humanitaires, l’agriculture, la santé, tout ce qui attrait aux changements climatiques, l’employabilité, l’automatisation des jeunes, etc. Progressivement, ces domaines programmatiques de Crs vont être transférés selon les besoins à Caritas, pour qu’elle puisse les mettre en œuvre qualitativement.

Nous allons commencer aussi par l’autonomisation de jeunes, particulièrement des jeunes filles et des femmes, à travers un financement pour la structuration des groupes d’épargne, de crédit dans le nord et le centre du pays.

Il y a un lien étroit entre les domaines d’intervention de Caritas et le Crs. Il s’agira pour nous de les consolider, favoriser la synergie et surtout renforcer la qualité de sa mise en œuvre. Mais nous commençons déjà avec l’urgence. Nous avons un financement que nous allons donner à Caritas pour soutenir les réfugiés burkinabés au nord de la Côte d‘Ivoire. Nous allons commencer aussi par l’autonomisation de jeunes particulièrement des jeunes filles et des femmes, à travers un financement pour la structuration des groupes d’épargne, de crédit dans le nord et le centre du pays.

Que pensez-vous de l’initiative de la ministre de la Solidarité et de la lutte contre la Pauvreté de vouloir signer un partenariat avec vos deux structures caritatives, en vue d’apporter ensemble des solutions aux préoccupations des populations démunies ?

La sollicitation de madame la ministre de créer un cadre de collaboration à travers un mémorandum d’accord avec nos deux structures, Caritas et Crs, ne fait que renforcer nos attentes parce que nos interventions doivent concourir au plan national le développement de la Côte d’Ivoire, et aux secteurs prioritaires. Donc, la meilleure manière de pouvoir être aligné à ce plan national de développement, c’est de travailler avec des ministères de tutelle et des ministères qui garantissent notre cadre institutionnel.

Le ministère de la Solidarité et de la lutte contre la Pauvreté est un ministère clé dans le cadre du travail que nous allons mener. Donc c’est déjà une bonne approche et ce sera un bon partenariat parce qu’au-delà du partenariat que Crs fait avec les structures religieuses, il y a cette possibilité d’élargir les partenariats avec d’autres structures qui ne sont pas des structures religieuses.

Donc nous pensons que ce sera une bonne opportunité pour que nous travaillions en synergie, pour que nous travaillions à répondre aux besoins réels exprimés par le gouvernement ivoirien, en termes de lutte contre la pauvreté, des questions liées à l’humanité, de consolidation de la solidarité et surtout pour la consolidation de la paix et la cohésion sociale. Nous allons travailler à ce que ce partenariat soit effectif et bénéfique aux populations ivoiriennes.

Dans vos actions, figure la stratégie 2030. Expliquez-nous cette vison ?              

Le programme vision 2030 est une vision sur 10 ans. Quand on parle de stratégie, c’est ce qu’on compte faire pour augmenter l’impact et l’influence dans un monde en constant changement. La vision 2030 s’articule autour de cinq points. Le premier objectif, c’est que chaque être humain vive dans une société juste et transparente. Le deuxième objectif, il faut que chaque être humain subsiste et se reconstruise après une catastrophe, d’où la résilience. Le troisième objectif, faire en sorte que chaque être humain dispose de moyens de subsistance digne, durable et de terres cultivables.

Quand on parle de stratégies, c’est ce qu’on compte faire pour augmenter l’impact…

Le quatrième objectif, que chaque enfant puisse atteindre son plein potentiel, jouissant d’une bonne santé et en grandissant dans une famille heureuse. Le cinquième objectif, c’est la question de l’employabilité des jeunes. Créer des cadres, favoriser l’autonomisation des jeunes. Voici les cinq objectifs qui sous-tendent cette vision que Crs compte pouvoir développer.

Avez-vous foi que cette vison va changer l’ordre des choses ? 

C’est normal que cette vision va changer l’ordre des choses parce qu’elle est sous-tendue par un principe. Nous accordons la préférence aux pauvres, donnons la priorité aux plus vulnérables et aux plus marginalisés.

Nos principes-directeurs portent sur la sacralité et la dignité de la personne humaine, les droits et responsabilités, la nature sociale et l’humanité, le bien commun, la subsidiarité, la solidarité, l’option pour les pauvres et l’intendance. Nous travaillons chaque jour pour être un partenaire fiable, charitable et sûr. Et nos engagements à obtenir des résultats ne sont jamais pris de façon isolée.

C’est pourquoi, notre stratégie 2030 se résume en un concept ‘’ entre leurs mains’’. Donc, nous pensons que si nous travaillons à renforcer le leadership, à emmener les organisations à plus de responsabilités, à plus d’équité, d’égalité du travail, à plus de transferts de compétence de qualité, à plus de recherche de la qualité dans les interventions, nous pourrons vraiment atteindre ces objectifs que nous recherchons. Nous avons foi parce que 75 ans de travail, c‘est 75 ans d’expériences vécues qui vont participer à accroître et améliorer ce que nous recherchons auprès de ces organisations pour nous permettre d’atteindre ces objectifs.              

Réalisée par Aka Ahoussi