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15 ans après la disparition de Kieffer, Rsf interpellent à nouveau les autorités ivoiriennes

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Laurent Okoué (Unjci) à droite et Baudelaire Mieu (Rsf) on coanimé une conférence de presse/Ph Credochristi

Il y a 15 ans que le journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer, disparaissait dans des conditions troubles devant un supermarché d’Abidjan. Le 16 avril 2004. Reporters sans frontières (Rsf) a animé une conférence de presse, vendredi 12 avril, à la Maison de la presse d’Abidjan (Mpa)‒à quelques jours de la date de son enlèvement−pour réactiver l’enquête et amener les autorités ivoiriennes et française à faire la lumière sur cette affaire Kieffer.

Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien, a été enlevé puis tué dans des conditions troubles et non encore élucidées par la justice ivoirienne. Cela fait 15 ans que le mystère reste entier sur cette disparition du journaliste, qui enquêtait sur les malversations financières de la filière cacao, en 2004. Reporters sans frontières (Rsf) et l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci) ont co-animé une conférence de presse sur cette affaire d’impunité qui dure depuis 15 ans.

Baudelaire Mieu, journaliste et correspondant de Reporters sans frontières en Côte d’Ivoire, citant le ministre Sidi Touré, a souligné que celui-ci a reconnu une lenteur dans le dossier Kieffer. « A son sens, les procédures sont en cours et très lentes mais que le gouvernement fera un jour le point de cette affaire ».

Pour le représentant de cette organisation, il dit faire confiance à l’Etat de Côte d’Ivoire et les enquêteurs pour leur impartialité à traiter avec célérité l’affaire Guy André Kieffer. Toutefois, il regrette « l’enthousiasme peu certain qu’ils ont à régler cette affaire contrairement aux autres affaires. C’est pourquoi notre inquiétude est tout simple. Est-ce parce que le gouvernement a mis en avant le processus de réconciliation qu’il ne veut pas réveiller encore les vieux démons ou n’affiche pas sa volonté dans cette affaire ? »

Gouvernement Ouattara ?

Les autorités d’alors avaient essayé de faire croire à l’opinion nationale et internationale que le journaliste était un espion. Pour Mieu, ce journaliste, est bel bien dans les fichiers des journalistes français, enquêtait sur les malversations financières de la filière cacao.  Estimant de fait que toute est une question de volonté politique. « Pour Reporters sans frontières, cette affaire ne doit pas être sacrifiée sur l’autel du réchauffement des relations franco-ivoiriennes », a-t-il affirmé. C’est pourquoi, au cours de cette conférence, il a invité la Côte d’Ivoire et la France de réactiver une enquête rogatoire pour que la vérité soit connue sur la disparition du confrère.

Laurent Okoué, vice-président de l’Unjci, a affirmé que sous le pouvoir Gbagbo, des enquêtes et actions ont été menées et publiées même, si on les accusait à tort ou à raison de la disparition du journaliste. « 8 ans après, l’actuel gouvernement ne peut pas se prononcer de façon concrète et précise. Encore moins que le procureur de la République fasse une conférence de presse pour situer la communauté nationale et internationale sur l’affaire Kieffer », déplore-t-il. En définitive, il a invité les journalistes ivoiriens à mettre la pression afin que la vérité éclate sur cette affaire, qui du reste demeure impunie.

Rsf, pour que l’affaire Kieffer ne reste cette année impunie, a décidé d’afficher son poster de journaliste d’investigation devant la Mpa, en interpellant également les institutions de la République, la Primature et la Présidence.

La disparition suspecte de Kieffer, en avril 2004, avait permis d’épingler Michel Legré, le Colonel Oulaï, Seka Seka, ancien chef de sécurité de Simone Gbagbo, et même le ministre Paul Antoine Bohoun Bouabré dont le nom a été cité, sous le pouvoir Gbagbo.

Magloire Madjessou

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