La Radio nationale catholique (Rnc) en Côte d’Ivoire vit une situation gravissime, depuis le jeudi 4 juin 2020. La direction de cette radio avait pris la décision unilatérale de faire des ponctions de 30% sur des salaires déjà squelettiques d’une trentaine d’agents que compte ce média confessionnel. Alors que la plupart des travailleurs ont des salaires ou des primes oscillant entre 50 et 100 000 Fcfa par mois.
Cette situation a créé un mouvement de colère au sein de cette radio, et de plus a provoqué un courroux chez des milliers d’auditeurs (ces). Dans cette même semaine, le père Augustin Obrou, Secrétaire national exécutif des Moyens de communication sociale (Mcs), a rencontré les agents déboussolés et meurtris par la décision. En bon père de famille, il les a écoutés, avec les récriminations enfouies et doléances des uns et des autres ; et suspendu tout ce que la direction comptait faire, à savoir le licenciement, des promotions alors que l’entreprise rencontre des difficultés de trésorerie, des mises en chômage technique…Tous ces points essentiels ont trouvé une oreille attentive auprès des agents, qui sont repartis satisfaits, après avoir écouté, un prêtre mais surtout un père de famille, qui sait et connait les écueils qui minent aujourd’hui la corporation des médias : les salaires.
Quelques jours après cette rencontre, qui pour beaucoup augurait de meilleurs espoirs, avec le père Obrou, une autre réunion de « crise » est de nouveau convoquée, le 25 juin, à la surprise des agents, avec un autre père, André N’Kayo, président du Conseil d’administration de ladite radio. Celui-ci, après avoir écouté le père directeur de la radio, Emile Vangah, décide de mettre une grande partie des agents en chômage technique, c’est-à-dire 13 personnes pour deux mois. Sans contrepartie financière. Ce chômage technique sera donc reconduit après ces deux mois.
- (…) avec un autre père, André N’Kayo, président du Conseil d’administration de ladite radio. Celui-ci, après avoir écouté le père directeur de la radio, Emile Vangah, décide de mettre une grande partie des agents en chômage technique, c’est-à-dire 13 personnes pour deux mois. Sans contrepartie financière.
Des agents qui pensaient sortir de l’imbroglio caractérisé par un sentiment de mépris ou de règlement de compte. Il est évident que le ver dans le fruit est désormais très perceptible et incompréhensible à tout point de vue. Comment saisir et comprendre la pertinence d’un projet, qui n’est viable à cause des difficultés de trésorerie (selon la Direction), pendant que d’autres se la coulent douce, rient de la situation des autres parce que ponctionnés, des promotions avec complaisance effectuées, etc.
Le sauveur, le père de famille comme l’appellent les agents, l’abbé Obrou vient à la rescousse après des décisions « unilatérales » arrêtées entre la direction et le Pca. Puisque l’évêque en charge des Moyens de communication sociale, Mgr Raymond Ahoua, a mandaté père Obrou de parler en son nom. Autrement dit, l’Eglise catholique n’entend nullement mettre sur le carreau ses employés mais trouver absolument des solutions, qui conviennent à toutes les parties engagées.
Finalement, le père Obrou remet de l’ordre dans la maison vert bleu, qui connait un remue-ménage depuis presqu’un mois, avec des décisions prises à l’emporte pièces, par moments, et cela au détriment des conditions de vie de la trentaine d’agents, qui donne de leur temps, énergie et dévouement pour que la Voie de l’évangile soit portée aux extrémités du pays.
Au terme de ce dernier round avec l’envoyé de Mgr Ahoua, on l’espère bien, des agents remerciés sont rappelés pour reprendre le service de Dieu. Plus de chômage technique pour les 13 agents comme l’avait fait savoir la direction de la radio. Tout le monde doit travailler, sans relâche, mais avec le même engouement, même si les salaires sont toujours ponctionnés. Mais au moins, ils sont heureux et fiers de reprendre le service.
Et ce, grâce à la magnanimité, dextérité et à l’esprit managérial du père Augustin Obrou, qui n’est point à son premier cas de résolution et de règlements de ce type de situations dans l’Eglise catholique. Le sourire aux bouts des lèvres se fait savoir et rayonne comme un soleil au zenith sur les visages des agents. Tout cela est à mettre à l’actif de l’Eglise catholique. Personne n’est perdante, ni vainqueur.
Portée sur les fonts baptismaux, le 2 février 2001, la Rnc connait, certes, des difficultés financières. Avec l’avènement de la maladie à Coronavirus, les activités économiques ont pris du plomb dans l’aile. Difficile pour tous les secteurs stratégiques et économiques du pays d’en tenir ou du moins de faire face aux salaires mensuels. Cette radio catholique a toujours bénéficié de la subvention de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire.
Parce que cette dernière est consciente que pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de promotion de l’évangile et d’évangélisation, il faut lui octroyer de moyens conséquents. A ce niveau, la Conférence épiscopale n’a jamais failli à cette règle. De plus, cette radio écoutée, aujourd’hui, par des milliers de fidèles catholiques et personnes de bonne volonté reçoit des aides spontanées soit par des initiatives de la radio ou des chrétiens soucieux du bien-être de leur média.
- D’importants challenges s’imposent, aujourd’hui, à la radio nationale catholique. Quoi qu’on dise. La crise sanitaire du Covid-19 vient de nous (dé)montrer que des stratégies et évaluations manquent pour la prospective de la radio.
D’ailleurs, dans la grisaille des problèmes de trésorerie, elle a lancé des spots de demandes d’aides auprès des auditeurs (ces) pour soutenir la radio. Les fidèles catholiques et autres ont toujours su exprimer leur soutien et solidarité. Beaucoup ont réagi positivement aux sollicitations. D’importants challenges s’imposent, aujourd’hui, à la radio nationale catholique. Quoi qu’on dise. La crise sanitaire du Covid-19 vient de nous (dé)montrer que des stratégies et évaluations manquent pour la prospective de la radio. Alors qu’à côté de nous, d’autres médias confessionnels tiennent le coup et vivent sans moyens importants. Sans crier ou brandir le spectre du chômage technique ou en faisant des ponctions sur les salaires.
La Rnc, après 19 ans d’existence, doit pouvoir s’adapter pour faire face aux nouvelles contingences économiques. Comment ont-ils fait ? Quelles stratégies à longs termes doivent-ils mettre en place pour parer à cette situation sanitaire mondiale, dont on ne sait la fin ? Peut-être pour 2021, 2022 ? L’éternité ? Autant de défis que devront répondre avec énergie et efficacité la direction générale et le Conseil d’administration.
Magloire Madjessou