Alors qu’une grande partie de la population du continent attendait qu’ils prennent des mesures contre les régimes anticonstitutionnels, les chefs d’Etat ont plutôt parlé de terrorisme, à la grande déception des panafricanistes, ‘’anti-troisième mandat’’.
En vue d’amener les chefs d’Etats africains à prendre des mesures vigoureuses et faire obstacle aux tripatouillages des constitutions pour briguer un troisième mandat, des universitaires africains ainsi que la société civile et des représentants de l’UA se sont retrouvés, en mars 2022 à Accra, la capitale ghanéenne.
Au cours de cette rencontre, ceux-ci ont produit un texte baptisé la « déclaration d’Accra ». Cette déclaration qui a été remise aux chefs d’Etat et sur laquelle le sommet devait plancher a posé de manière claire le lien entre la mal gouvernance et les coups d’État.
Mais en lieu et place des questions relatives aux changements de gouvernement inconstitutionnels en Afrique, le sommet de Malabo n’a évoqué que la question du terrorisme sur le continent. Faisant fî des coups d’état, des 3è mandat, des régimes anti-constitutionnels au grand dam des auteurs de la « déclaration d’Accra » et de nombreux panafricanistes anti-3è mandat.
Parmi les personnes déçues de cette rencontre de Malabo qui n’a pas été sanctionnée par une déclaration, figure Pape Ibrahim Kane qui dirige le programme de plaidoyer pour l’Union africaine au bureau ouest-africain de l’ONG OSIWA.
Interrogé à la veille du sommet soit le 26 mai 2022 par RFI, l’homme n’a pas caché son espoir de voir la « déclaration d’Accra » être prise en compte par les présidents africains en vue de freiner le phénomène des ‘’3è mandat’’ provoquant des frustrations et des déstabilisations.
Mais à la fin de la rencontre, telle ne fut pas sa déception à telle enseigne qu’il s’est exprimé le 30 mai sur les antennes de Voa Afrique en ces termes, « pour nous (..), les présidents africains, pendant ces trois jours de réunions, n’ont pas pris les problèmes à bras le corps, ni essayer de trouver une solution. Et pourtant, il y avait un document de travail qui avait été élaboré par un certain nombre d’organisation qui s’étaient réunies à Accra en mars et qui avaient posé un nombre de questions comme la nécessaire révision de concept de changements anticonstitutionnels de gouvernements. Qu’est-ce que l’UA peut faire pour revoir sa copie à ce niveau ? C’étaient des propositions phares de cette réunion mais on ne la retrouve pas ici. Une autre proposition phare de cette réunion, concerne les 3è mandat. On (le sommet) a même tout fait pour éviter le concept de 3è mandat dans le document », a-t-il fait remarquer, avec amertume.
A travers ce sommet qui est incapable de prendre une décision pour mettre fin aux coups d’états ou aux régimes anticonstitutionnels, peut-on dire que c’est désormais la voie ouverte aux phénomènes des ‘’3è mandat’’ ?
Aka Ahoussi