Mardi 18 juin 2019, réunit en Assemblée plénière dans le diocèse d’Agboville (sud) de la Côte d’Ivoire, les Archevêques et Evêques ont réfléchi durant six jours sur divers sujets, notamment la situation socio politique. Au terme de la 113è assemblée, ils ont évoqué encore leurs profondes inquiétudes face aux tensions politiques des élections présidentielles d’octobre 2020.
La situation socio-politique polarise les esprits des Ivoiriens, avec en première ligne la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cec-Ci). Pour la 133è Assemblée plénière des évêques réunit dans le diocèse d’Agboville, ils ont épluché plusieurs sujets d’importance dont les élections présidentielles en 2020. Celles-ci font craindre un spectre d’une nouvelle crise en Côte d’Ivoire comme en 2010, où le Rdr et le Fpi revendiquaient chacun la victoire de la présidentielle.
« Il s’agit de vider ces contentieux qui minent depuis de nombreuses années la vie sociale et politique de notre pays et qui n’épargnent aucune région. En effet, force est de reconnaître qu’à l’approche des échéances électorales de 2020, il règne un climat de peur généralisée au sein de la population », ont justifié les évêques, dans leur message, fait ce dimanche 23 juin, à Agboville.
Les affrontements intercommunautaires à Béoumi (centre), le 15 mai, entre Malinké et Baoulé suite à une altercation a enregistré 16 morts, plus d’une centaine de blessés et 310 déplacés. Quelques semaines après, le président Henri Konan Bedié du Pdci-Rda, lors d’une audience accordée à une délégation de militants de Koumassi de son parti, à Daoukro, avait dénoncé des faits troublants et récurrents vécus par les populations ivoiriennes concernant l’orpaillage clandestin aux mains des étrangers, l’insécurité, les crises communautaires et la fraude sur la nationalité. Dans la même foulée, le gouvernement produit un communiqué le 8 juin jugeant les propos de l’ex-président d’extrême gravité.
La peur généralisée, expliquent les évêques, est perçue par la recrudescence des conflits communautaires, les questions d’insécurité, du foncier, de l’occupation illicite des forêts classées, de l’orpaillage clandestin et la nationalité ivoirienne.
«Nous souhaitons que ces débats, qui ont cours actuellement dans un environnement de crise sociale sur fond politique, se poursuivent dans un climat de sérénité et dans un souci de recherche authentique de la paix », préconisent-ils. « Nous voulons, en écrivant ce message, éviter à notre pays, une autre crise », avertit l’épiscopat ivoirien.
Travailler à la réconciliation
« Après plus de deux décennies de graves crises qui ont tristement marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire et à quelques mois des échéances électorales de 2020, la responsabilité de tous ceux qui détiennent l’autorité – à quelque niveau que ce soit- leur impose de tout mettre en œuvre pour travailler à la réconciliation et à la cohésion sociale, pour prévenir les crises et consolider la paix », ont-ils rappelé.
Les guides religieux mus par le désir de voir une Côte d’Ivoire rassemblée et unie, et qui amorce son développement prodigieux, demandent au gouvernement, dans un autre cri de cœur, de poursuivre et d’achever le processus de désarmement. Car, pour eux, « les armes circulent encore dans notre pays et ce n’est un secret pour personne. En effet, comment comprendre qu’à chaque conflit intercommunautaire, des armes blanches et des armes de guerre soient régulièrement et professionnellement utilisées.»
Au nom de la paix, denrée précieuse qu’a connue le pays pendant des décennies sur le continent, jusqu’en septembre 2002, les évêques exhortent les Ivoiriens à désarmer leurs cœurs, leurs bouches et bras. Enfin, ils appellent vivement tous les acteurs politiques, jeunes, hommes et femmes de médias, guides religieux à s’approprier cet appel pressant« évitons-nous une autre guerre ! »
Magloire Madjessou