Annoncée après la tenue de la 114e Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cec-Ci), en janvier 2020, la Lettre pastorale sur la réconciliation, la justice et la paix a été finalement présentée à la presse, ce mardi 21 juillet 2020, au siège de la Conférence épiscopale, sise à Cocody Riviera.
« Ce qui nous est advenu depuis plus de deux décennies, et particulièrement depuis 2010 n’est-il pas la conséquence de nos intérêts égoïstes et idéologiques, notre refus du bien commun, du dialogue et de la tolérance ? Dans la situation qui est la nôtre, l’écoute attentive et humble de la Parole de Dieu, son juste discernement, sa mise en pratique, dans le respect de l’homme, de sa vie, de sa différence et de sa dignité, ne nous auraient-ils pas évité un tel drame familial, communautaire et national ? », s’est interrogé père Emmanuel Wohi Nin, Secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, au cours de la conférence de presse. Où il a présenté la Lettre pastorale de la Conférence épiscopale sur la réconciliation, la justice et la paix.
Promotion de la fraternité universelle
Cette lettre pastorale intitulée « L’Eglise en Côte d’Ivoire au service de la réconciliation, de la justice et de la paix » qui parait à l’approche de la présidentielle d’octobre 2020, dans 3 mois, vient réaffirmer la volonté de la Conférence épiscopale de promouvoir la fraternité universelle et le développement intégral de l’homme à la lumière de l’Evangile.
- Notre pays traverse depuis quelques décennies une période particulièrement instable au plan politique…
Cette élection présidentielle de 2020 présenterait presque les mêmes caractéristiques de crise postélectorale en 2010. « Notre pays traverse depuis quelques décennies une période particulièrement instable au plan politique, dont les répercussions mettent à mal la fraternité et la paix, laissant du coup bon nombre de nos concitoyens brisés au bord du chemin », écrivent-ils dans cette lettre pastorale, à la page 5.
Les évêques catholiques depuis 2019 et cette année 2020 multiplient messages et appels à l’endroit des acteurs politiques ivoiriens à la réconciliation et à la paix. Le 23 juin 2019, déjà marqué par un contexte politique tendu à propos de la présidentielle, l’épiscopat avait interpellé les hommes politiques à éviter une autre crise à la Côte d’Ivoire.
« Devenons des pro-réconciliations » et « évitons-nous une autre guerre », avait interpellé les évêques. Le 19 juin 2020, la Conférence avait donné un message lors de la 114e assemblée plénière tenue à Korhogo. Elle avait demandé à la classe politique à préparer minutieusement les consultations électorales. La condition première de ces élections, selon la Conférence épiscopale, doit être la réconciliation.
Ce qui fonde sa différence : la lettre
Cette lettre pastorale de 79 pages est subdivisée en trois grandes parties. La première partie du document évoque une église appelée à vivre la communion. La deuxième partie, quant à elle, traite d’une église communion au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. A propos de la dernière partie du livret, elle parle de l’engagement de tous pour une construction d’une société de paix.
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« Seule une authentique réconciliation accomplie dans la vérité et la justice apportera une paix durable à la société ivoirienne. C’est donc à tous les fils et filles de la Côte d’Ivoire, les évêques, les prêtres et tous les consacrés y compris les évêques ivoiriens lancent un appel en vue de la construction et la consolidation de la paix », a estimé père Wohi Nin.
- Seule une authentique réconciliation accomplie dans la vérité et la justice apportera une paix durable à la société ivoirienne.
Cette lettre pastorale, à la différence des autres parues, ne met pas l’accent ou n’interpelle pas spécifiquement les groupes politiques, leaders de jeunesse, guides religieux, médias etc comme par le passé. Au dire du père conférencier, « c’est une véritable école, une formation pour tous.» En définitive, elle invite tous à la foi, à la conscience collective, le rôle des responsables etc.
Sur l’actualité politique du moment parlant d’un 3e mandat du président Alassane Ouattara, le Secrétaire général de la Conférence épiscopale a souligné ne pas être la personne la mieux indiquée pour répondre à cette question. « Je préfère ne pas y répondre. Je vous invite, avec moi, à observer et à faire confiance aussi au président de la République, qui ne se présenterait pas », a-t-il mentionné.
Magloire Madjessou