Grace Kpohazoundé, Conseillère Paix et Développement du Système des Nations unies du Bureau du Coordonnateur résident en Côte d’Ivoire, a exhorté les femmes leaders communautaires à s’impliquer et à faire entendre leurs voix, au cours de la session de quatre jours (20 au 23 janvier 2020) sur la prévention des conflits, à Yamoussoukro,
Pourquoi un atelier de médiation, de négociation et de prévention des conflits avec les femmes leaders communautaires à Yamoussoukro ?
Nous organisons cet atelier de gestion des conflits pour les femmes leaders rurales en Côte d’Ivoire, aujourd’hui, à la suite d’une longue collaboration entre le Système des Nations unies et le gouvernement ivoirien, mais particulièrement à travers la Conseillère spéciale du président de la République en charge du Genre, la ministre Euphrasie Yao Kouassi. En juillet dernier, la ministre a introduit un nouvel outil dans sa gamme appelée Communauté régionale pour l’autonomisation et la paix (Créa-paix).
Elle est déjà engagée dans plusieurs activités d’autonomisation de la femme, et Créa paix pour elle, c’est un outil qui allait mettre en combinaison le tandem paix et développement. Paix et développement rentre dans le cadre de mes fonctions.
Pour nous, c’est une opportunité de collaborer avec la Conseillère en Genre, et à la suite de cela, nous avons essayé de voir le meilleur moyen pour mettre en œuvre cette collaboration. Comme elle l’a dit, l’autonomisation des femmes est une bonne chose, mais leur donner des outils pour qu’elles puissent s’engager dans les actions de paix, ce serait encore une valeur ajoutée.
Donc il a été facile de faire le lien entre la ministre, moi-même et Clingendaed pour essayer de concevoir une activité autour des femmes leaders en milieu rural, autour du thème de la paix et avec l’idée de gestion des conflits.
L’une des façons de faire cela, est de les former. Clingendaed est un institut britanique de renommée internationale, et travaille avec les Nations unies depuis bien longtemps. Donc il a été facile de faire le lien entre la ministre, moi-même et Clingendaed pour essayer de concevoir une activité autour des femmes leaders en milieu rural, autour du thème de la paix et avec l’idée de la gestion des conflits. Nous sommes dans une année électorale, le contexte s’y prête, et les femmes aussi ont envie de s’engager davantage.
Nous sommes, certes, dans la période préélectorale. Est-ce que vous disposez des outils adéquats à mettre à la disposition des femmes leaders en milieu rural ?
La formation est déjà un des outils que nous mettons à leur disposition. Au-delà des femmes, il y a d’autres secteurs, leviers que le Système des Nations unies utilise aussi dans ce contexte, particulièrement en Côte d’Ivoire. Il y aussi le Secrétariat basé à New York, qui est en contact avec des personnalités, etc. Nous avons plusieurs domaines sur lesquels on interagir.
Au niveau local, par exemple avec les femmes avec qui nous travaillons et au niveau national, avec les partenaires du gouvernement. Nous avons un Représentant qui est basé à Dakar (Sénégal), qui vient souvent en Côte d’Ivoire pour échanger avec les autorités et partis politiques. C’est un ensemble d’activités sur lesquelles les Nations unies interviennent pour essayer véritablement de faire tout ce qui est possible pour aboutir à cette paix.
Vous qui êtes Conseillère paix et développement, selon vous qu’est-ce que ces femmes leaders peuvent-elles apporter véritablement dans les conflits dans le monde, et particulièrement en Côte d’Ivoire ?
Je pense qu’il faut qu’elles s’engagent plus de façon visible. Je sais aussi qu’elles sont déjà engagées ; les femmes font beaucoup de choses mais de façons très discrètes. Culturellement et traditionnellement, les femmes n’ont pas été habituées à s’afficher au-devant de la scène. Mais à des moments critiques, comme cela, où effectivement on observe que l’implication de chacune est vraiment cruciale.
- Culturellement et traditionnellement, les femmes n’ont pas été habituées à s’afficher au-devant de la scène.
Je pense qu’il faut que ces femmes s’impliquent davantage, de façon visible et qu’elles fassent entendre leurs voix. Le Gouverneur du district autonome de Yamoussoukro, Augustin Thiam, disait qu’en situation de crise, elles payent le plus lourd tribut, et en général, elles souffrent en silence. Il faudrait qu’elles puissent parler haut et fort de ce qu’elles ne veulent pas pour leur pays, pour leurs maris et fils.
Y a-t-il d’autres thématiques prévues, en plus de celles organisées durant ces quatre jours ?
Avant celui-là, il y a des agences spécialisées qui s’investissement aussi pour les femmes. Mais il y a d’autres activités de cohésion sociale qui sont menées avec des organisations de la société civile, de groupements de jeunes et des femmes à Abidjan qu’à l’intérieur du pays que ce soit à Man, Bondoukou, Korhogo etc.
Entretien réalisé par Magloire Madjessou