Vincent N’Guessan, promoteur de la Nuit des artistes Abbey et Krobou à Paris, veut promouvoir cette culture ivoirienne à Paris, France. Le mois prochain, en juillet 2024, les cultures Abbey et Krobou viendront faire valoir leurs talents dans l’Hexagone.
Vous êtes l’initiateur de la Nuit des artistes Abbey et Krobou, à Paris le 20 juillet prochain. D’où vous est venue l’idée ?
L’idée m’est venue à Paris, où j’ai assisté à la prestation en concert des communautés Gouro, Bhété, Dioula, Agni… qui sont allés vendre leurs cultures.
J’ai constaté que les Ivoiriens, Africains, et mêmes les Européens ont beaucoup apprécié cette initiative. Alors, je me suis dit pourquoi ne pas en faire autant pour exporter la musique Abbey et Krobou de notre région au-delà des frontières.
C’est ainsi que j’ai écrit le projet pour le soumettre aux autorités locales. En l’occurrence, le ministre Dimba N’Gou Pierre, président du Conseil régional de l’Agnéby-Tiassa et le maire d’Agboville, N’Cho Acho Albert, qui ont, eux, aussi apprécié l’initiative. C’est donc à partir de là que j’ai décidé de promouvoir les artistes locaux en France.
À travers ce projet, qu’est-ce que vous voulez montrez précisément à la face du monde ?
À travers cette nuit des artistes Abbey et Krobou à Paris, nous voulons montrer à la face du monde que la culture et la musique Abbey et Krobou ont une valeur et existent. Je sais que nos artistes locaux ont du talent à revendre.
Et en allant hors du pays, ils vont se frotter à d’autres musiciens de la France et aux studios de là-bas… Ils vont alors se rendre compte qu’en dehors des studios salons qu’ils ont, ici, il y a d’autres manières de chanter ou de prester. C’est l’objectif recherché en organisant cette nuit à Paris.
Je sais que nos artistes locaux ont du talent à revendre
La musique Abbey et Krobou, je ne cesserai de le dire, a de la valeur. Hier, c’étaient les Ékissi Pierre, Aspro Bernard, Assa Léonard qui ont fait danser les rythmes Akpôgbo et N’dolé qui tendent à disparaître. Et la jeune génération est venue pour mettre les pendules à l’heure. C’est pour cela qu’il est impératif de les accompagner pour la pérennité de la culture et la musique Abbey et Krobou.
Pour le faire, il faut mettre les moyens techniques, financiers, logistiques, pour un bon accompagnement. À la longue, on envisage créer un musée pour pouvoir conserver notre culture.
Pour réussir la construction du musée, nous comptons faire appel aux autorités, au ministère de la Culture et aux bonnes volontés. Et je crois en la ‘Nuit des artistes Abbey et Krobou à Paris’, je suis confiant que cela sera une réussite totale.
Comment ont été choisis les artistes qui vont prester à ce premier concert ?
Ceux qui ont été choisis l’ont été selon leurs compétences. Vous savez, les artistes sont semblables aux footballeurs. On ne prend que les meilleurs du moment.
On a aussi tenu compte des critères émanant du bureau ivoirien des droits d’auteurs (BURIDA) qui disqualifient de facto certains artistes locaux qui n’ont que des singles en lieu d’album exigé par la faîtière des artistes.
Est-ce que c’est pour la valeur de la culture Abbey et Krobou ou pour la valeur des artistes que vous organisez cette nuit-là à Paris ?
Il faut dire que je crois aux deux valeurs. D’abord je crois en la culture et en la musique Abbey et Krobou mais aussi aux talents des artistes.
D’abord, je crois en la culture et en la musique Abbey et Krobou mais aussi aux talents des artistes
Je m’en suis toujours convaincu. Dans les grandes métropoles comme Abidjan, les Ivoiriens à l’étranger, une fois en vacances, prennent d’assaut le maquis ‘Agnéby-Tiassa’ qui fait la promotion des artistes Abbey et Krobou.
Pour cet amour pour la musique de notre terroir, après Paris, le samedi 20 juillet prochain, nous allons organiser un concert à la salle de 2500 places du palais de la culture de Treichville vers la fin de l’année. Car, au-delà des infrastructures, la musique est aussi une source de richesse ; richesse culturelle, intellectuelle et morale etc.
Face au phénomène de fuite qui est récurrent dans le milieu sportif où les athlètes disparaissent une fois en France. Quelles précautions avez-vous pris pour parer à cette éventualité ?
Oui, j’en suis bien conscient du phénomène. Pour cela, j’ai longuement parlé avec eux. Je leur ai fait savoir que s’il y a un seul qui pense à cela aura tord parce qu’il aura sonné lui-même la fin de sa carrière.
Au contraire, cette nuit est le début d’une carrière prometteuse. Cette nuit vient booster leurs carrières musicales. Et je ne crois pas qu’ils veuillent mettre fin précocement et volontairement à leurs propres carrières.
Quel appel lancez-vous à l’endroit de vos frères ici, en Côte d’Ivoire qui veulent se rendre à Paris ainsi qu’à ceux qui vivent dans l’hexagone ?
Je voudrais dire à la diaspora Abbey et Krobou mais aussi la diaspora Attié que cet événement est le leur. On peut tout faire à Abidjan mais si la salle est vide le jour du concert, l’événement aura échoué.
Je voudrais donc m’adresser aux présidents Akéssé, président des ressortissants Abbey et Krobou et N’djadjo, président d’Agnéby-Solidarité en France qu’ils sont mis en mission pour la réussite de ce concert.
Je voudrais aussi que les chefs des différentes communautés issues de chaque village qui vivent en France s’impliquent personnellement pour mobiliser afin que tout le monde converge à la salle Noisy-le-Sec, ce 20 juillet prochain à partir de 19 h.
C’est une importante cérémonie qui verra les participations du ministre Dimba N’Gou Pierre
C’est une importante cérémonie qui verra les participations du ministre Dimba N’gou Pierre, par ailleurs président du conseil régional de l’Agnéby-Tiassa, patron de ladite cérémonie et de N’cho Acho Albert, maire d’Agboville et parrain et toutes leurs délégations qui les accompagneront.
Que la mobilisation soit totale au niveau de Paris, de la Belgique, de l’Italie, de l’Allemagne, des villes de la France comme Lille, Bordeaux, Marseille, Lyon etc.
Au niveau de la Côte d’Ivoire, je voudrais dire à mes frères et sœurs cadres, fils et filles, que cette cérémonie est la leur. C’est pour tout le monde. On a besoin de toutes les têtes pensantes, de finances, de matériels et de leurs appuis pour que la cérémonie se déroule dans de meilleures conditions.
Interview réalisée par Stéphane N’Gnira