La rencontre historique qui a eu lieu le 27 juillet dernier entre l’actuel président Alassane Ouattara et l’ex président Laurent Gbagbo continue de faire couler beaucoup d’encre. Cet acte fort est salué par plusieurs ivoiriens donc le Dr Oussou K. Rémi, enseignant en sociologie à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké. C’était samedi 31 juillet 2021 au cours d’une rencontre.
« Cette rencontre que l’on qualifie de rencontre de décrispation est un signe fort pour le processus de réconciliation. On ne saura jamais exactement ce qu’ils se sont dit, mais la simple rencontre et les déclarations subséquentes démontrent qu’il y a de la bonne volonté de part et d’autre. Également la libération des prisonniers du camp des vaincus peut largement contribuer à apaiser les cœurs ; je dirais même que c’est une des conditions sine qua non pour une véritable réconciliation », a expliqué Dr Oussou, socio-anthropologue.
Dans ce même élan, pour lui, l’atmosphère politique reste crispée. « L’atmosphère politique est effectivement crispée. D’abord, avec les dernières élections générales, on a frôlé le pire avec les manifestations violentes qui ont éclaté dans tout le pays. Certes, les deux icônes de la politique : Bédié et Ouattara, se sont rencontrées, mais cela n’a pas fondamentalement fait avancer les choses. Ensuite, on se rappelle encore les affrontements entre forces de l’ordre et supporters de Gbagbo venus l’accueillir le 18 juin autour de l’aéroport », s’est souvenu le sociologue, avant de faire des propositions pour la réconciliation et le développement de la Côte d’Ivoire.
Concernant les propositions, il a exprimé que chacun fasse et joue franc jeu pour cette réconciliation.
« En termes de propositions, il faut que chacun joue franc jeu et lâche du lest en faisant des concessions. Cette rencontre a un goût de déjà-vu. En 1996, il y a eu alliance entre le Rdr et le Fpi pour le boycott actif contre le Pdci. En 2010, ces deux leaders sont des frères ennemis. Il faut douter des alliances qui se nouent au gré des intérêts de clocher. Je ne pense pas que parler de retraite pour trois leaders est à l’ordre du jour, car leur ombre continue de planner sur la scène politique d’autant que la relève n’a pas encore été préparée ».
Eliezer Kokrenou, Correspondant régional