La peine de mort a été requise contre les bandits de grands chemins en RDC. Une mesure gouvernementale saluée par certains et contestée par des organisations des droits de l’homme.
Le phénomène de banditisme dans les villes urbaines de la RDC, notamment la capitale Kinshasa ont pris des proportions inquiétantes depuis quelques années.
De jour comme de nuit, des jeunes organisés en groupes de criminels en gangs urbains, appelés ‘’kuluna’’ ne cessent de semer la terreur au sein des populations à travers des actes de violences, de meurtres, des agressions et des vols à main armée.
Ces Kulunas ont succédé aux Pombas, ancienne appellation des délinquants qui, depuis le milieu des années 2000 à Kinshasa, volent, rackettent et blessent avec facilité. Ils coupent de préférence les bras de leurs victimes au moyen des machettes dont ils sont armés, ou sinon les tuent face à une résistance.
Face à cette situation, le gouvernement congolais a décidé d’intensifier la répression, en ciblant de manière systématique les membres de ces groupes. L’opération « Zéro Kuluna – Ndobo », lancée récemment, a permis l’arrestation de nombreux suspects, qui ont ensuite été jugés dans le cadre de procès expéditifs.
Le ministre de la Justice qui a animé une conférence de presse le 6 janvier 2025 à Kinshasa a indiqué que, depuis décembre 2024, pas moins de 11 procès avaient eu lieu, menant à la condamnation à mort de plusieurs dizaines de jeunes.
102 kulunas exécutés
Dans un communiqué transmis le 5 janvier à la presse, le ministre de la justice congolaise a annoncé qu’il a été procédé à l’exécution de 102 hommes au cours de la dernière semaine et 70 autres sont sur le point de subir le même sort.
l’exécution de 102 hommes au cours de la dernière semaine et 70 autres sont sur le point de subir le même sort
Il a précisé que ces hommes, âgés de 18 à 35 ans, étaient des voleurs à main armée et des «bandits urbains», connus localement sous le nom de Kulunas, et qu’ils ont été exécutés à la prison d’Angenga, dans le nord-ouest du Congo. Quarante-cinq (45) d’entre eux ont été tués à la fin décembre et les cinquante-sept 57 autres ont été exécutés au cours des dernières 48 heures.
Un vol de soixante (70) autres personnes en provenance de Kinshasa est arrivé à Angenga, mais le gouvernement n’a fait aucun commentaire sur le statut de ces prisonniers. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, qui supervise les exécutions, a déclaré dimanche 5 janvier 2025 que «le troisième lot sera exécuté et les deux premiers ont déjà subi la mesure d’exécution».
Approbation et contestation de cette mesure
Si la peine de mort a été saluée par une grande partie de la population, des organisations nationales et internationales, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme la contestent, car craignant les risques d’abus et de violation des droits de l’homme. Ceux-ci ne considèrent pas que la peine de mort soit la meilleure sanction pour éradiquer les violences dans le pays.
D’ailleurs ces défenseurs du droit humanitaire, mettent en garde contre la possibilité d’exécutions extrajudiciaires et ont appelé au strict respect des procédures judiciaires et des garanties fondamentales. Ils craignent également que des pressions politiques conduisent à des condamnations injustes et à des exécutions arbitraires.
La peine capitale est un sujet à controverse en RDC un pays qui est en train de naître peu à peu du poil de la bête après une longue crise militaire.
Si l’existence de ces groupes de jeunes délinquants est une conséquence de la guerre qui a frappé le pays, la résolution de ce problème doit prendre en compte la lutte contre la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale, qui sont souvent des facteurs contribuant à la criminalité, estiment les organisations de défense des droits de l’homme.
Aka Ahoussi
Source : lactualité.com