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Reconstitution du couvert forestier : Tout savoir sur le centre de semences forestières d’Adzopé

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Couvert forestier d'Adzopé en Côte d'Ivoire/Ph Credo

Né à la suite d’un projet de gestion et conservation des semences forestières,  le centre de semences forestières de la Sodefor sis à Adzopé joue un rôle indéniable dans la reconstitution du couvert forestier national, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique. Reportage.

Jeudi 28 août 2025. Il est 15 h 15 mn. Notre équipe de reportage foule le sol d’Adzopé. Embarqués à bord d’un taxi communal, direction le centre de semences forestières de la Société de développement des forêts de Côte d’Ivoire (Sodefor) sis dans la même commune.

C’est une cour entourée d’une grande clôture où cohabite la direction régionale des Eaux et Forêts et le centre de semences forestière qui nous accueille.

A l’entrée, se trouvent les bâtiments de la direction régionale des Eaux et Forêts, puis à quelques mètres plus loin, les services de la Sodefor. Plus loin à l’arrière des bâtiments, de grands arbres procurent l’air frais au visiteur pour lui souhaiter la bienvenue. Les gazons dans la cour, producteurs de l’oxygène, n’en font pas moins.

Assurer la production des plantes à partir des graines    

Ayant pris place sur des chaises disposées sous un préau, nous sommes rejoints par le lieutenant Diarra Fousséni, responsable de ce centre de semences forestières de la Sodefor, qui  réserve un accueil chaleureux.

Les semences forestières /Ph Credo

Lors des échanges, avant de nous faire l’historique de son institution, il a tenu à nous signifier qu’à notre arrivée, nous n’avons vu personne en train de traiter des semences forestières, dans la cour,  parce que ce n’est pas la période de mobilisation. « La grande période de mobilisation de ces semences part d’octobre à mars », a-t-il dit d’emblée.

Revenant sur la création de ce centre, Lt Diarra Fousséni a indiqué qu’il existe depuis une dizaine d’années.  « Il a vu le jour à la suite de la mise en place d’un projet de gestion et conservation des semences forestières financé par l’Organisation International des Bois Tropicaux. (…)

Exécuté en 2009-2013, ce projet a permis la mise en place des infrastructures de base indispensable dans la mise en place de toutes activités de gestion des semences forestières. Comme les gisements forestiers (parcelles, semences forestières, vergers à graines, semences naturelles), ainsi que les infrastructures comme les magasins et les chambres froides qui ont été construites ».

assurer la conservation et la diffusion de ces semences forestières que ce soit au niveau des services internes et comme externes de la Sodefor. Participer à la production des plants à partir des graines 

Au terme du projet, explique Lt Diarra Fousséni, « tous les acquis ont été recensés pour mettre en place ledit centre autour des années 2014-2015. L’objectif est de pérenniser tous les acquis et toutes les activités conduits par le projet ; assurer la conservation et la diffusion de ces semences forestières que ce soit au niveau des services internes et comme externes de la Sodefor. Participer à la production des plants à partir des graines », fait également partie de la feuille de route de ce centre de semence.  

 La mobilisation de la semence

Elle débute par la mobilisation des graines à partir des gisements semenciers, c’est-à-dire à partir des forêts classées parsemées à travers tout le territoire national. Les graines des différentes essences d’arbres (Teck, Gmelina, Akpi, Carou, Makoré, Acajou) sont ramassées au sol par les groupements de femmes organisés par le projet ou récoltées dans les vergers à graines.

Cette  étape est conduite par une équipe du centre de semences forestières aidée par une main-d’œuvre ouvrière recrutée sur place. Ensuite, les graines cueillies ou ramassées sont débarrassées de déchets solides de grandes tailles que sont les morceaux de bois, les feuilles, etc. Puis, acheminées sur Adzopé pour subir un autre traitement.

Une fois au centre de semence forestière, les graines vont être minutieusement traitées à nouveau par une équipe de femmes pour extraire les débris végétaux restants. Après cette étape, les graines, au fur et à mesure sont mis au séchage. Puis, mises en échantillonnage pour être conduite au laboratoire. Dans cette chambre fermée, l’échantillonnage constitué généralement d’un lot de 100 grains, va subir d’abord l’étape de ‘’la table de tri’’.

Cet appareil a pour but d’extraire tous les déchets même minimes contenus dans l’échantillonnage. Ensuite, l’échantillonnage est introduit dans le four qui a pour but de réduire la teneur d’eau. Pour une meilleure conservation, les graines doivent aussi avoir un taux d’humidité relativement bas. Ce résultat est atteint grâce à l’action des appareils techniques permettant de déterminer et de réduire le taux d’humidité.

Il s’agit de la vérification du pouvoir germinatif des lots de graines

Après le laboratoire, l’on arrive à une étape très importante dans le processus de mobilisation de la semence. Il s’agit de la vérification du pouvoir germinatif des lots de graines. Les grains selon leurs espèces, sont plantés et arrosés sur une petite surface conçue à cet effet pour le test.

Au bout de quelques semaines, les lots présentant un taux de germination relativement bon (taux de germination compris entre 40 et 95 % selon les essences) sont conservés dans une chambre froide afin de satisfaire la demande interne ou externe. Aussi, d’autres lots de grains sont utilisés pour une production directe de plants.

Objectif : Lutter contre les changements climatiques

En plus de mobiliser la semence, Lt Diarra Fousseni et ses collaborateurs, dans la cour de la Sodefor, expérimentent le jardinage de plusieurs espèces végétales. Même si la production des plants ne fait pas partie de ses tâches régaliennes. Ce jeune cadre de la Sodefor, amoureux de la nature, aime s’adonner à cette activité en vue de participer un tant soit peu, à la forte demande dont sa structure fait face en matière de semence forestière.

Des jeunes dames font le ramassage de semences/Ph Credo

Ainsi, dans la cour de la Sodefor à Adzopé, l’on peut apercevoir au sol ou dans les sachets noirs des pépinières de plants de teck, de gmelina, d’ébène, de bété, de boborou (kplé), de fraké, d’acajou, etc. entretenus par les techniciens sous l’œil vigilant du premier responsable de ces lieux.

Parmi ces plants produits, le bété, l’acajou, le teck, l’ého (Akpi), etc. sont des essences à croissance lentes

Parmi ces plants produits, le bété, l’acajou, le teck, l’ého (Akpi), etc. sont des essences à croissance lentes. Les plants produits de ces espèces végétales passent huit (8) mois en pépinière avant d’être plantés, explique le responsable dudit centre.  Par contre, d’autres essences comme le Gmelina connaissent une croissance rapide.

A la suite de la mobilisation des semences, les lots de grains obtenus et conservés dans les chambres froides sont mis à la disposition de services de la Sodefor et de la clientèle externe composés généralement des chocolatiers, les élus locaux, des agro-forestiers. Les clients externes qui désirent acheter des plants produits par la Sodefor, « doivent passer leur commande trois mois avant », précise Blay  , rencontré le 9 septembre à la directeur de la Sodefor à Abidjan.

Les élus locaux utilisent généralement ces plants produits dans le but d’organiser des campagnes de reboisement dans leurs communes, ou sous-préfectures. Tandis que les agro-forestiers s‘adonnent à la création des plantations agro-forestières, « car c’est rentable », fait remarquer Lt Diarra Fousseni.

Le teck et toutes les essences locales sont les plus prisées par ces agro-forestiers. Qui participent ainsi à la reconstitution du verger forestier et de la biodiversité. Avec leurs grandes tailles, ces arbres qui ont une grande capacité de séquestration du carbone, contribuent ainsi efficacement à la lutte contre le changement climatique en Côte d’Ivoire.

Les services internes de la Sodefor utilisent aussi ces plants produits pour les programmes de reboisement initiés par ladite structure sur l’ensemble du territoire national. « Ce sont cent (100) espèces forestières qui constituent les essences qui sont les plus utilisés dans les programmes de la Sodefor », précise Lt Diarra Fousseni.

et dans des pays de la sous-région 

Outre la Côte d’Ivoire, les lots de grains des différentes essences forestières produites par la Sodefor sont commercialisés également au Ghana, au Libéria et en Sierra-Léone. Ces pays n’ayant pas un centre de production des plants végétaux forestiers viennent s’en procurer en Côte d’Ivoire dans le but de renouveler leur couvert forestier et participer ainsi à la lutte contre le changement climatique.

Ahoussi Aka

Encadré 1

Dans la sous-région ouest-africaine, le Burkina-Faso possède aussi un centre de semences forestières datant de plus de quarante ans. Ce centre est riche en des plants propices aux zones sahéliennes, donc, inappropriés aux pays situés sur les côtes du littoral. C’est la raison pour laquelle ce pays ne peut pas commercialiser ces plants produits au Ghana, ni au Liberia et autres.

A. Ahoussi

Encadré 2

Ce sont 300 000 plants que le centre de semences forestières produit par an. Parmi ces plants, certaines espèces servent d’ornements. Elles sont appelées ‘’ espèces d’ornements’’. Ce sont les espèces à fruits comestibles dont petit cola, akpi, boborou (kplé), le néré, le karité. Le polyalthia, l’hibiscus, le jasmin, etc. font également partie de ces espèces.

AA

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