Jouir d’une bonne performance sexuelle pour satisfaire sa/son partenaire et garantir la stabilité de son foyer est le souci inavoué de nombreux hommes. Ainsi, en cas de défaillance de l’appareil génital ou de stérilité, naturothérapeutes ou aphrodisiaques au coin de rues, sont privilégiés aux soins hospitaliers. Un business juteux pour les pratiquants de la médecine traditionnelle qui se frottent les mains. Reportage.
Difficile de sillonner les rues de Bonoua, sans être attiré par les étalages sur lesquels sont exposées de nombreuses bouteilles remplies de racines, d’écorces de bois. Le décor est quasiment le même de la gare à l’intérieur de la ville.
Jeudi 22 mai 2025. Près de la mairie de Bonoua, se trouve assise devant une table, où se trouve exposés des tas de manioc. A côté de ces produits alimentaires, se trouve un étalage où sont exposées des bouteilles de diverses formes contenant chacune des écorces d’arbres mêlées à des racines. ‘’Calô’’, ‘’Klekré’’, ‘’Siagueï’’, tels sont les noms de ces racines (en langue Abouré) mêlées aux écorces d’arbres indique Kakou Eugénie, responsable de cette activité commerciale.
Calô’’, ‘’Klekré’’, ‘’Siagueï’’, tels sont les noms de ces racines (en langue Abouré) mêlées aux écorces d’arbres
L’impuissance sexuelle, la stérilité soignée par les plantes
Ces racines ou écorces mises dans ces bouteilles sont des médicaments traitant plusieurs maux se rapportant à l’appareil génital de l’homme et de la femme. Hémorroïde, infertilité, frigidité, impuissance sexuelle, faiblesse sexuelle, éjaculation précoce, etc. Telles sont les pathologies traitées par ces mélanges de racines. Pour se traiter, le client déverse une quantité de ‘’koutoukou’’, alcool locale dans la bouteille et boit la solution obtenue afin d’atteindre la guérison.
Si dame Kakou Eugénie parle de traitement, il faut reconnaître que le contenu de ces bouteilles est aussi utilisé comme aphrodisiaque par une partie de la population (jeunes comme adultes) en quête de performances sexuelles. C’est ce qui explique la ruée des populations vers ces pharmacies naturelles qui pullulent aux abords des routes dans la ville de Bonoua et dans d’autres grandes villes du pays, font remarquer des jeunes de ladite ville.
Même si, d’une manière directe ou indirecte elle aide les hommes à relever le défi en matière de sexualité, il faut dire que Kakou Eugénie qui a hérité de cette médecine naturelle de son père, traite également la stérilité, les kystes et fibromes.
Le traitement de ces maladies nécessite d’autres plantes, indique-t-elle. Le traitement et le suivi des concernés n’est pas identique à ceux souffrant d’infections génitales. Des soins plus renforcés avec une décoction leur sont réservés, ajoute Kakou Eugénie qui exerce cette activité depuis deux décennies.
La naturothérapeute témoigne avoir donné du sourire à de nombreuses patientes souffrant de maladies génitales comme à des femmes stériles. La clientèle n’est pas constituée seulement des populations de Bonoua et ses alentours. « Mes clients viennent d’un peu partout. Ils viennent souvent sur recommandation. Quand je soigne quelqu’un qu’il est satisfait, il en parle autour de lui et les gens viennent eux aussi pour payer le médicament pour aller essayer », a affirmé Kakou Eugénie.
Qui a révélé que sa dernière cliente qu’elle a traitée en matière de stérilité est venue de Bouaké. « C’est une femme musulmane, mais elle a accepté de se soumettre à mes conditions », a-t-elle indiqué. Kakou Eugénie qui est chrétienne catholique, avant de traiter ses patients prie avec eux.

Et lorsque les ex-femmes stériles obtiennent satisfaction, en compagnie de Kakou Eugénie, elles doivent se rendre en église pour présenter l’enfant au Seigneur Jésus-Christ. Ses clientes, quelques soit leur religion se soumettent généralement aux principes de leur ‘’bienfaitrice’’.
Une activité rentable
La naturothérapeute vend ses produits parfois en gros à des personnes qui viennent en prendre en grande quantité pour aller revendre ailleurs. Sa recette hebdomadaire excède 100 000 FCfa.
A quelques encablures de la mairie, c’est-à-dire à la gare routière de Bonoua, c’est une panoplie de bouteilles remplies de racines et d’écorces qui est proposée aux passagers et aux passants par diverses vendeuses.
Parmi elles, figure Niamké Adé Grâce qui a baptisé ses différentes bouteilles remplies d’écorces ou de racines, de ‘’ déchirer caleçon’’, ‘’ Sans caresse’’, ‘’ Pourquoi si tôt’’, etc. En le faisant, la jeune fille signifie clairement à ses clients le rôle que devra jouer cette solution dans leur appétit sexuel. A l’instar de nombreuses vendeuses, c’est un véritable cocktail d’aphrodisiaque que Niamké Grâce met à la disposition de ses clients ou clientes à cette gare routière.
Outre l’impuissance sexuelle ou les autres infections liées à l’appareil génital, Niamké Adé Grâce qui travaille en relation avec sa mère, une tradi-praticienne, traite également les kystes, les fibromes, la stérilité. Le diabète, l’hypertension font partie des maladies dont la jeune fille témoigne sous le regard avisé de sa mère. « Lorsque que je reçois une malade souffrant de fièvre jaune ou d’une maladie que je ne maîtrise pas bien. Je fais appelle à ma mère pour m’aider à lui procurer le remède approprié ».
50 et 100 000 FCfa
A l’instar de dame Kakou Eugénie, la clientèle de Niamké Adé Grâce s’étend au-delà des frontières de Bonoua, sa ville natale. Chaque semaine, la recette de la jeune fille qui est heureuse de rendre service à la jeunesse et à de nombreuses personnes varie entre 50 et 100 000 FCfa.
Un service diversement apprécié
Si Kouao Vangah, un habitant de Yaou, (ville située à 5 km de Bonoua) qui souffrait de faiblesse sexuelle vante les qualités de ces aphrodisiaques naturels, tel ne semble pas être le cas pour Tia Eric rencontré dans la même ville. Ce dernier qui souffre d’éjaculation précoce explique qu’à plusieurs reprises, il a bu les solutions provenant des racines et écorces mises dans les bouteilles vendues en bordure des rues sans obtenir satisfaction.
Ripostant à ces propos, Edoukou Cathérine rencontrée à la gare de Bonoua a indiqué qu’il ne s’agit de boire juste une seule fois la solution obtenue par le mélange des racines et des écorces enfouies dans les bouteilles pour obtenir satisfaction. « Une fois que la boisson alcoolisée (le koutoukou) que vous avez mis dans la bouteille est finie, il faut la renouveler et continuer le traitement. C’est ainsi que l’on peut obtenir satisfaction », souligne la jeune dame.
« moi, avant de me diriger vers ces vendeuses de médicaments ou d’aphrodisiaques….
Qui a aussi conseillé aux patients avant l’usage de ces médicaments ou aphrodisiaque de faire d’abord des examens médicaux pour être situé sur les maux qui les rongent avant de prétendre de l’automédication.

Elle affirme, « moi, avant de me diriger vers ces vendeuses de médicaments ou d’aphrodisiaques, j’ai fait des examens médicaux. C’est lorsque j’ai su que le souffrais de fibrome que je me suis attaché les services d’une femme expérimentée dans le domaine pour me traiter ».
Donc pour elle, même si la population veut se soigner à base de ces racines et en guérir, il est bon de faire des examens médicaux pour savoir exactement de quoi l’on souffre avant d’envisager cette médecine naturelle au risque d’aggraver leur situation par ignorance.
Même si l’on ne dispose pas de statistiques pour connaître le taux d’hommes fréquentant un urologue, au vue de l’affluence masculine envers la médecine traditionnelle ou les aphrodisiaques faits à base de plantes, l’on peut affirmer sans se tromper que cette pratique est plus sollicitée par les hommes pour soulager leur défaillance sexuelle.
Aka Ahoussi