Ils sont très nombreux, ces jeunes ivoiriens et africains, qui chaque jour, ont cette folle envie de partir pour l’Europe ou l’Eldorado à la recherche du bien-être. Pourtant, tant de souffrances, de vicissitudes et de morts les attendent sur ce chemin… Un poème dans lequel père Norbert-Eric Abekan décrit leur souffrance et interpelle les Etats africains.
PENSEUR OU PENSIF ?
Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
Tel un gros oiseau des mers
Vole, monte, descends et plane sur l’océan de la vie
Qui s’écoule !
Oui, mon âme,
Voile noir d’amertume
Reviens sans cesse vers
Des images nocturnes :
Des jeunes gens
Et des jeunes filles
Sur les routes de l’exil
Leur frêle peau grillée
Au soleil ardent du désert
Leur frêle vie brisée
Par les dents de la mer
Oui, mon esprit amer
Imbibé de vin des vertiges
Va et vient, tel un bateau ivre
Sur l’océan de la vie
Qui passe.
Et je pense et repense.
Dois-je continuer, assis, sous l’arbre à palabres à me dire
Comment on va faire ?
En regardant toujours
Des enfants mourir de faim
Près des poubelles
De nourritures jetées ?
Nous sommes à l’heure des déchets
A l’heure du » jetable »
Et des pères et mères de familles meurent, épuisés
Le ventre creux tout près des puits de pétrole
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Poète !
Dis-moi avec tes mots magiques
Qui combattent les maux
Le savoir faire
Pour sortir de l’enfer.
Et si l’on créait des conditions de vie plus heureuse et plus humaine ?
Et si l’on abattait plutôt
Des murs de méfiance
Pour bâtir
Des ponts de confiance ?
Des jeunes continueraient-ils ?
À marcher sur des chemins mortifères d’un certain Eldorado?
Poète !
Chante-moi la chanson
Qui remet debout
Et j’irai jusqu’au bout
Malgré les vents contraires
Avec de vaillants volontaires
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Oui Poète !
Rechante-moi la chanson
Qui remet debout
Car je ne sais vraiment pas
Pourquoi mon esprit amer
Sur la mer de la vie
A le vague à l’âme…