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Souveraineté politique, franc Cfa, dette publique, Cei… Prof Pierre Kipré explique les enjeux

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Pierre Kipré, Historien, explique les enjeux de la souveraineté politique, économique../Ph DR

À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, la Commission épiscopale Justice, Paix et Environnement, avec le soutien de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, a organisé, jeudi 25 septembre 2025, au siège de la Conférence des évêques catholiques, sis à la Riviera Cocody-Abidjan, une série de conférences publiques. La 5è rencontre a été animée par le Prof Pierre Kipré. Celui-ci s’est penché sur le thème de la « souveraineté politique et monétaire, un enjeu majeur pour l’avenir du pays. »

« Le miracle ivoirien s’est transformé en mirage ivoirien », a lancé le Prof Pierre Kipré, devant un auditoire attentif. Entre vertige de l’endettement et déni de souveraineté, l’Historien a dressé un tableau sans complaisance de la situation politique et économique du pays.

Selon l’ex ministre de l’Education nationale, par ailleurs, ancien ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, il a posé le cadre de son intervention autour d’un constat sévère : la Côte d’Ivoire vit un véritable déni de souveraineté. Selon l’historien, le pays est plongé dans une situation de dépendance volontaire, orchestrée par des dirigeants incapables ou réticents à défendre pleinement les intérêts nationaux.

La dette publique, qui atteint des niveaux vertigineux, le système monétaire lié au franc CFA, le terrorisme, qu’il qualifie de phénomène religieux ainsi que la soumission à l’influence extérieure constituent autant de menaces pesant sur l’indépendance réelle du pays. Puis de préciser que le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en Côte d’Ivoire est réellement 25 000 FCFA, ce qui illustre les limites de la souveraineté sociale et économique nationale.

notamment en lien avec le franc CFA limite la marge de manœuvre de l’État et freinent le développement national

Argumentant les conséquences de ce déni de souveraineté, il a montré comment les choix économiques et monétaires imposés de l’extérieur, notamment en lien avec le franc CFA limite la marge de manœuvre de l’État et freinent le développement national. La dépendance extérieure et la persistance de pratiques politiques héritées du passé comme le culte des dirigeants intouchables contribuent à maintenir le pays dans un état de servitude volontaire, entravant la participation réelle des citoyens à la vie politique et économique.

Les fidèles catholiques et la société civile/Ph Credo

Face à ce constat, le conférencier a proposé plusieurs pistes et solutions pour restaurer la souveraineté nationale. Selon lui, il est impératif d’informer et de sensibiliser le peuple sur les enjeux auxquels il fait face. A l’en croire, rompre avec l’héritage d’un État centré sur les fils de Félix Houphouët-Boigny et les présidents intouchables.

Il a insisté sur le respect des lois, la Constitution, et de la reconnaissance de toutes les opinions. Pour l’Historien, il est nécessaire de permettre à chaque citoyen de s’identifier pleinement comme acteur de la vie nationale, notamment par le biais de la Commission électorale indépendante (Cei).

il a insisté sur la question du franc CFA, qu’il juge indispensable de traiter au-delà des réformes trompe l’œil

Sur le plan international, le Professeur Kipré a recommandé de réviser les relations avec l’extérieur non pas par sentiment mais dans l’intérêt du pays, aussi de dépasser le panafricanisme d’hier pour réaliser un panafricanisme économique et monétaire concret. Enfin, il a insisté sur la question du franc CFA, qu’il juge indispensable de traiter au-delà des réformes trompe l’œil, afin que la souveraineté de l’État ne demeure pas une simple coquille vide.

Cette conférence a permis de souligner la fragilité de la souveraineté ivoirienne sur les plans politique, économique et social, tout en proposant des solutions concrètes pour réaffirmer l’indépendance réelle du pays et restaurer le pouvoir du peuple dans ses choix. 

Plusieurs fidèles catholiques et société civile ont pris part à cette conférence publique. La dernière conférence publique se tiendra, le 8 octobre prochain, avec pour orateur Mgr Alexis Youlo Touabli, évêque du diocèse d’Agboville, « dans un contexte de fractures communautaires, comment rebâtir un pays de fraternité et d’espérance ».

 Andréa Agnimel (Stg)

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