À 118 ans, la doyenne de l’humanité est morte dans son Ehpad à Toulon (Var). « Une libération » pour elle, selon le responsable de la maison de retraite.
La Française soeur André, née Lucile Randon le 11 février 1904 à Alès (Gard), est morte ce mardi « à deux heures du matin » à Toulon, selon le responsable de la communication de l’Ehpad Sainte-Catherine-Labouré, en périphérie de Toulon (Var), où elle était hébergée. À l’âge de 118 ans, elle était la doyenne de l’humanité. Cette dernière a connu deux guerres mondiales et 18 présidents.
« Trés fatiguée » par « les plusieurs Covid contractés »
Selon le Guinness World Records, elle était « la troisième personne française la plus âgée et la troisième personne européenne la plus âgée jamais enregistrée ». Clouée sur un fauteuil roulant, aveugle, soeur André regrettait d’être moins mobile et d’avoir perdu en partie ses capacités.
En 2021, elle avait traversé le Covid sans aucune difficulté, devenant un symbole d’espoir qui avait suscité un flot de lettres du monde entier. Elle répondait à presque toutes les sollicitations, sauf les demandes de mèches de cheveux ou de recherches ADN !
Depuis plusieurs années, elle ne cachait pas une certaine lassitude: elle souhaitait « se retirer de cette affaire ». Mais « le bon Dieu ne m’entend(ait) pas », avait-elle confié à l’AFP en janvier 2022, lors d’une longue rencontre.
Hubert Falco, maire de Toulon, a fait part de son « immense tristesse » et de son « émotion », sur Twitter. « Elle était arrivée en 2009 à l’Ehpad Sainte-Catherine Labouré. Elle avait découvert notre ville avec intérêt et passion et s’y était profondément attachée. Pour ma part, je perds une femme que j’estimais profondément (…) Très fatiguée par les différents Covid qu’elle a contracté ses dernières années, elle a fini par rejoindre le Ciel qui a guidé ses pas toute sa vie ».
Une mémoire intacte jusqu’au bout
Issue d’une famille protestante non pratiquante, soeur André, écrit au masculin en hommage à l’un de ses trois frères qu’elle adorait, a été gouvernante à Paris avant de rentrer tardivement dans les ordres, au sein de la compagnie des Filles de la Charité.
Elle portait en elle « sa mission de servitrice des autres », expliquait en avril soeur Thérèse, une autre pensionnaire, certaine que « sa foi profonde » la faisait tenir. La porte de sa modeste chambre restait toujours ouverte au cas où quelqu’un aimerait passer une tête car « toute la journée seule avec sa douleur, c’est pas drôle ».
« On dit que le travail tue, moi c’est le travail qui m’a fait vivre, j’ai travaillé jusqu’à 108 ans », racontait-elle.
Dans sa maison de retraite de Toulon, elle aimait toujours goûter un chocolat et boire un verre de porto. Sa vie était ponctuée par une messe chaque matin. Elle se présentait toujours dans ses habits de religieuse, un fichu bleu sur les cheveux.
Elle blaguait régulièrement sur le record à battre, celui de Jeanne Calment, morte à 122 ans à Arles en 1997, dans ce sud de la France qu’elles ont partagé. Mais Jeanne Calment reste donc la personne ayant vécu le plus longtemps dans l’histoire de l’humanité et dont l’état civil a été vérifié.
Sa mémoire intacte jusqu’au bout, elle partageait beaucoup de souvenirs, la dramatique perte de sa jumelle Lydie à 18 mois ou son arrivée à Paris. « Je n’avais vécu que dans le Gard, dans une petite ville, moche, j’arrivais dans une ville radieuse. Je m’occupais de deux enfants ».
Source: Afp