Les Eléphants de Côte d’Ivoire affrontent l’Argentine et les Pays Bas, la Serbie et Monténégro, 21 juin 2026. Comment nos joueurs ont vécu ces différents matchs en Allemagne ?
C’est toujours avec la confiance qu’ils se sont retrouvés sur le terrain de football. (Rire) Mais c’est Dieu qui décide. Ils ont manqué quelque chose, mais c’est Dieu qui décide. Nous avons perdu contre l’Argentine 2-1. Nous avons manqué de chances. C’est tout. Parce que je n’étais plus ministre des sports.
Vous n’étiez plus ministre des Sports…
Non, je suis parti du gouvernement, le 28 décembre 2005. Nous étions à Man, on avait invité les athlètes et tout le monde. La ville de Man était devenue la capitale du football de la Côte d’Ivoire. Depuis la ville de Logualé, tous nos parents étaient dans les habits d’apparat, tous les villages jusqu’à Zélé, grand carrefour pour aller Man.
C’est quelques heures avant la fête que le président Gbagbo, à qui j’adresse encore tous mes remerciements, a mis un avion à la disposition des athlètes jusqu’à Daloa. De cette ville, nous avions une quinzaine voire vingtaine de 4X4 tout neufs qui transportaient les joueurs jusqu’à Man. Je lui en suis très reconnaissant.
A quelques heures de la fête, dans la salle, lorsque nous avions appris que je suis parti du gouvernement-président Jacques Anoma avait les difficultés que monsieur Michel Gueu n’est plus ministre des Sports. Donc je lui ai dit de ne pas s’en faire. Il faut y aller. Dans mon discours, j’ai dit merci à nos parents qui se sont mobilisés.
Tous ceux qui avaient peur sont allés en boîte de nuit, faire des visites touristiques comme à la cascade de Man. Ils ont constaté qu’ils étaient chez eux, pas en territoire ennemi. Voilà comment j’ai appris que je sortais du gouvernement. Cela ne m’a pas du tout affecté.
Votre sortie du gouvernement, on ne vous l’a pas annoncé à Abidjan, mais vous appreniez cette nouvelle depuis Man…
Monsieur Guillaume Soro m’a appelé pour m’informer que le Premier ministre Charles Konan Banny ne voulait pas de militaires dans son gouvernement
Monsieur Guillaume Soro m’a appelé pour m’informer que le Premier ministre Charles Konan Banny ne voulait pas de militaires dans son gouvernement. J’ai dit : OK. Pour moi, c’était un accident de parcours. Curieusement, je me retrouve devant le président Blaise Compaoré du Burkina Faso pour qu’il me dise que le Premier ministre Banny ne veut pas de militaires dans son gouvernement. Nous étions quatre militaires dans le gouvernement, à cette époque.
Pourquoi, c’est moi seul qu’on prend pour m’emmener devant le président Compaoré ? Gbagbo et Banny sont en Côte d’Ivoire. Les deux, à ce que je sache, n’ont pas peur de moi pour ne pas me donner cette nouvelle. Aucun des deux n’a eu le courage de me dire : vous n’êtes plus dans le gouvernement.
C’est le président Compaoré qui me reçoit au Palais présidentiel de Ouaga. J’ai dit au président Compaoré : Excellence, vous êtes un militaire. On vous dérange pour que vous me receviez ici à Ouaga pour mon renvoi du gouvernement. Je ne comprends pas. Nous avons fini par rigoler entre officiers. J’ai pris congé de lui. Avant ma sortie du gouvernement, il y avait des rumeurs à Abidjan me concernant.
Finalement, c’est de cette manière vous avez appris votre sortie du gouvernement
Le 28 décembre 2005, j’ai encore cette date. Cela ne m’a pas du tout affecté comme je l’ai dit. J’ai dit au président de la Fif d’oublier cela, que nous sommes à la fête du football. On sort d’ici, envahissez la ville et la région du Tonkpi.
Les joueurs Ivoiriens étaient allés à Man dans quel but
C’est moi qui les ai invités pour fêter la qualification à la Coupe du monde en Allemagne en 2006. Avant moi, c’était les échecs. Nous sommes qualifiés pour la Coupe du monde. Ils ont fait 48 heures à Man. Le président Gbagbo a affrété un avion présidentiel pour Daloa et Man. Je les ai reçus en tant que leur ministre de tutelle.
Cette coupe du monde qui a opposé Côte d’Ivoire Vs Argentine. Souvenez-vous du score du match ?
L’Argentine avait marqué 2-1.
Parlez-nous un peu de l’élimination des Eléphants à cette Coupe du monde ?
Parce que lorsqu’on parle d’Argentine, du Brésil, et même Croatie, ce sont de grandes équipes du football
Comme je n’étais plus ministre des Sports, j’ai suivi le match comme vous peut-être. Alors, je pense que nos joueurs ont manqué de confiance en eux, à un moment donné. Parce que lorsqu’on parle d’Argentine, du Brésil, et même Croatie, ce sont de grandes équipes du football. Ils ont dû avoir peut-être un complexe, ils ont baissé les bras. Sinon, on pouvait faire match nul avec l’Argentine.
En janvier 2024, la Côte d’Ivoire organise la 34è édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2023). En tant qu’ancien ministre des Sports, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je suis un patriote, un Ivoirien et j’aime mon pays. Je souhaite vivement que tout se déroule comme on le souhaite, que la Côte d’Ivoire se donne une très bonne image, mieux qu’elle remporte cette coupe. Même ceux qui n’aiment pas le sport, c’est sûr qu’ils seront heureux.
Le scandale de la pelouse d’Ebimpé, dont la marée haute a occasionné l’arrêt du match (Côte d’Ivoire vs Mali) au point, où il y a eu le limogeage du DG de l’Office national des sports, Mariam Koné Yoda.
Comme je l’ai dit, quand il y avait des travaux à effectuer, je me rendais sur les lieux. Je disais à mes secrétaires que s’il y a un document urgent à signer, rendez-vous à tel endroit. Je le signe parfois alors qu’elles sont debout. Je me dis que, dans un parapheur, il peut se trouver un petit document dont dépend la vie de quelqu’un. Qu’est-ce qui s’est passé pour que les uns et les autres (avec image à l’appui) parlent de surfacturations, etc.
Si vous constatez que les travaux ne sont pas bons, il faut interpeller la personne. On s’assoit et ça se règle, pas besoin de mettre 3 milliards de FCFA dans une pelouse. Je pense que les sanctions ont commencé à tomber. En dehors d’elle (Yoda Ndlr), certains n’ont pas fait leur travail. Oui, ce n’est pas pour me glorifier, mais demandez à ceux qui ont travaillé avec moi : j’étais partout.
Pensez-vous que la Côte d’Ivoire peut remporter cette CAN 2023, avec les problèmes, pour l’instant, qui minent le sport ?
Moi, je pense qu’à part le Stade Alassane Ouattara d’Ebimpé, si le match ne peut se jouer là-bas, on peut aller ailleurs. Stade Félix Houphouët Boigny, Stade Laurent Pokou, pour ne citer que ceux-là : il n’y a pas eu de problèmes particuliers. Si on écarte Ebimpé, on prend le stade avec le nom de l’ancien président de la République et je pense que la Can peut avoir lieu. Il s’agit de régler les problèmes de personnes et il faut reprendre la pelouse d’Ebimpé. C’est-à-dire le stade Ebimpé sera disponible pour recevoir les athlètes.
Pensez-vous que la Côte d’Ivoire peut gagner encore cette Coupe des nations en 2024, comme elle l’avait remportée en 2015 ?
Les Éléphants ont des chances de remporter cette CAN. Il suffit qu’ils aient confiance en eux-mêmes. Que les classements se fassent comme il se doit, surtout que le ministre des Sports ou d’autres n’interfèrent pas dans le classement de l’entraîneur. Il connaît ses joueurs, ses athlètes.
Les Éléphants ont des chances de remporter cette CAN. Il suffit qu’ils aient confiance en eux-mêmes
C’est à lui de mettre qui il faut à l’endroit qu’il faut. Après, l’entraîneur ne dira jamais que c’est un tel qui m’a obligé à placer un tel, mais il aura une défaite sur la conscience. Nous avons des chances d’aller en finale et de remporter la Coupe d’Afrique des nations.
Un mot sur les joueurs Ivoiriens ?
Je leur souhaite bonne chance surtout. Qu’ils remportent cette coupe des nations ! Ils ont tout mon encouragement, mes bénédictions en tant qu’ancien ministre des Sports et mon soutien plein et total.
*Fin de l’Interview
Réalisée par Magloire Madjessou