Le 13 octobre débute les élections régionales et municipales en Côte d’Ivoire. De nombreux chrétiens catholiques et évangéliques, souhaitent exprimer leurs suffrages ce jour-là, mais ils sont inquiets des scrutins à relent d’intimidation et d’insécurité.
Des milliers d’Ivoiriens tout comme les fidèles évangéliques et catholiques ne souhaitent guère se dérober aux locales. Le 13 octobre, deux scrutins majeurs, les régionales et municipales, auxquels les citoyens sont invités à désigner par le vote leurs élus, pour le développement de leurs communes, départements et régions.
Anne-Marie réside à Koumassi, où elle y est inscrite dans un bureau de vote, situé à 1h de marches de son domicile. Cette fidèle catholique du Renouveau charismatique n’a jamais failli à son droit de vote. « Voter c’est important pour tout citoyen, qui veut voir un (autre) élu porté le développement de la commune, avec les aspirations de la population. Je pense pouvoir le faire ce jour-là », souligne-t-elle. Toutefois, l’insécurité aux alentours de son lieu de vote suscite de réelles inquiétudes. « En 2010, pour la présidentielle, des jeunes gens ont brutalisé des électeurs sous prétexte qu’il n’y a que leur candidat qui doit être vainqueur de cette élection », se remémore–t-elle.
Quant à Stephen, il est évangélique et vote depuis des années à Yopougon, dans le quartier Sicogi. Conscient des actes de violences, d’intimidation et de boycott en période électorale, il ne craint nullement pour sa sécurité. « J’ai toujours exprimé mon suffrage à chaque fois que des élections sont organisées en Côte d’Ivoire. Certes, il y a des actes de violences et d’intimidations entendus ça et là », explique–t-il. « Tout ceci n’est pas rassurant pour les électeurs que nous sommes », s’inquiète le fidèle évangélique.
Programmes des candidats
La plupart des candidats aux élections locales ont un programme à présenter où à défendre pour le développement de la commune ou région. Beaucoup d’électeurs, bien souvent, ignorent le programme de société du postulant, où même s’en approprient à quelques jours du vote, sans véritablement mesurer son impact.
Eugène Amalaman est journaliste catholique inscrit sur la liste électorale depuis 2000, dans sa région de l’Indénié Djuablin, centre-est du pays. Il vit à Abidjan et ne peut prendre possession des programmes des candidats de sa région à cause de l’éloignement. Pour lui, seuls des programmes de développement local crédibles et réalistes sont susceptibles de le convaincre pour voter un candidat.
« La construction de routes pour l’écoulement des produits agricoles, la construction des classes d’écoles dans les villages reculés, l’électrification rurale, l’eau potable etc sont autant de problèmes réels de développements que les parents doivent attendre de celui qui pourra les réaliser pour la région», énumère-t-il. « Si son programmes est réalisable, et a un profil crédible, sérieux, il n’y a pas de raison que les parents ne puissent pas le voter », estime-t-il.
Arnaud Atsé, paroissien de Christ Roi de Jean Folly de Port-Bouët, lui, souhaite plutôt des programmes riche, diversifié et persuasif des 9 candidats retenus pour les municipales. « Il faut que les candidats nous proposent des programmes comprenant la culture, le sport, des projets économiques et sociaux pour femmes et jeunes, explique-t-il. C’est au vu de leurs programmes réalisables, que je pourrai faire mon choix.»
Des personnalités aux ambitions politiques avaient apporté leur soutien aux paroisses catholiques de Port-Bouet en difficultés. « Il ne faudrait pas que ces hommes politiques attendent la période électorale pour poser des actions de solidarité, mais ils doivent agir sur une longue durée », soutient Arnaud. « En plus d’être des politiciens, ils doivent également cultiver l’amour et la paix pour diriger cette commune ».
Les assurances de la Cei
Les élections régionales et municipales sont déterminantes pour la présidentielle de 2020 comme l’attestent les partis politiques. A cet effet, les partis politiques mettent les bouchées doubles pour qu’au soir du 13 octobre, ils puissent affirmer leur suprématie et représentativité dans le jeu politique ivoirien. Cependant, elles suscitent passions et tensions dans chaque camp. Andréa, une fidèle évangélique des Assemblées de Dieu de Marcory, qui souhaite voter est prise de peur. Et ce, depuis l’annonce des villes potentiellement dangereuses par la Commission électorale indépendante (Cei). « Je veux bien voter pour ces élections mais je constate une bataille féroce livrée entre parti politique. C’est inquiétant !», déplore Andréa.
Remettant les spécimens et affiches aux candidats, Alain Dogou, vice-président de cette institution électorale chargé de l’informatique, la logistique et la sécurité, avait affirmé, le jeudi 20 septembre, que 40 communes, départements et régions sont « des menaces particulières ». Selon lui, ils font l’objet d’intimidation, d’actes de violences sur les populations, de boycott, etc. « Ces localités feront l’objet d’un traitement particulier. A partir du 8 septembre prochain, il aura une présence de forces dans ces zones pour dissuader toutes les personnes qui auront des velléités d’entraves au processus », rassure Alain Dogou.
Magloire Madjessou