Dans un courrier daté du 17 janvier 2020 adressé aux paroisses du diocèse d’Abidjan, Jean Pierre Cardinal Kutwà convoque 20.000 jeunes et femmes à une marche pour la paix, le 15 février prochain. Le Pdci-Rda, parti politique a demandé à ses militants d’y prendre part. La polémique s’enfle déjà…
Le diocèse d’Abidjan organise une marche priante pour la paix, le 15 février prochain à la Place de la République Plateau d’Abidjan dénommée « Allons à la paix ». Cette marche pacifique réunira l’Aumônerie de la pastorale des jeunes et l’Association des femmes de l’Eglise catholique (Afec) dudit diocèse, dont les participants sont estimés environ 20 mille. Cette initiative est de Jean Pierre Cardinal Kutwà, Archevêque métropolitain d’Abidjan. « Une occasion de sensibiliser à la paix et de prier pour les élections apaisées dans notre pays », a justifié Cardinal Kutwà.
Jeudi 23 janvier, à Daoukro, le président du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié, recevait une délégation des membres du Pdci-Rda du Haut Sassandra et de la Marahoué. Abordant l’actualité politique du pays, principalement la présidentielle et les tensions qui l’entourent, il a saisi la perche pour inviter ses amazones à se joindre à marche priante du diocèse d’Abidjan, le samedi 15 février.
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« Certains grands religieux appellent, le 15 février, à une marche pour soutenir ces exigences. Tous tant que vous êtes et qui partagez ces convictions qui sont d’ordre purement pratique, à tous, je vous demande de vous associer à cette marche pour la paix et faire en sorte que le pouvoir entende raison », a déclaré le président Bédié.
Cet ordre de mission donné par le Pdci-Rda fait déjà débat entre des Ivoiriens divisés sur le sujet. Certains estiment que le parti d’Houphouët-Boigny veut faire de cette marche une récupération politique alors que d’autres soutiennent que de milliers de fidèles sont avant tout des militants et responsables politiques.
- Les chrétiens ne sont pas en dehors du monde, ils sont dans le monde. La Côte d’Ivoire est l’affaire de tous et donc les chrétiens ont le droit de marcher et de prier pour la paix. C’est possible.
Attention à la récupération politique ?
Joint au téléphone par Credochristi.com, Dr Benoît Kouassi, prêtre et chargé de la Communication institutionnelle du diocèse de Yopougon, fait une mise au point. «Selon l’Exhortation apostolique « Gaudium et spes 1 » les joies et les peines des hommes de ce monde sont aussi les joies et les peines de l’Eglise. Les chrétiens ne sont pas en dehors du monde, ils sont dans le monde. La Côte d’Ivoire est l’affaire de tous et donc les chrétiens ont le droit de marcher et de prier pour la paix. C’est possible », a-t-il souligné.
Le Pdci-Rda, parti politique souhaite aussi prendre part à cette marche de la paix. Selon Dr Kouassi, cette démarche du parti septuagénaire est de bonne guerre. Toutefois, « le Pdci-Rda essaie de faire une récupération politique. L’Eglise doit éviter de tomber dans le piège de l’opposition pour ne pas faire croire qu’elle s’oppose au pouvoir », a-t-il prévenu à l’église organisatrice de la marche du 15 février.
Le fait que le Pdci-Rda, et peut être d’autres partis d’opposition dans les jours avenir, s’associe (ront) à cette marche de la paix de l’Eglise catholique, des voix s’élèvent pour évoquer une probable annulation. Père Kouassi récuse éventuellement cette idée tout en expliquant que c’est l’Eglise qui est organisatrice de la marche.
- Le Pdci Rda, se disant parti de paix, peut inviter ses militants à la marche. Mais on ne peut interdire aux hommes politiques de participer à la marche. C’est une marche priante.
« C’est l’Eglise catholique qui organise. Le Pdci Rda s’invite à cette marche. On ne peut donc se fonder pour l’annuler. C’est-à-dire que l’Eglise organise mais les hommes de bonne volonté peuvent venir pour ceux qui aiment la paix : musulmans, évangéliques, bouddhistes, athées etc », explique Dr Kouassi.
«Le Pdci Rda se disant parti de paix peut inviter ses militants à la marche. Mais on ne peut interdire aux hommes politiques de participer à la marche. C’est une marche priante. Il n’y a aucun problème », a estimé le chargé de Communication institutionnelle du diocèse de Yopougon.
Magloire Madjessou