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Côte d’Ivoire, Père Abekan parle au président Ouattara et à l’opposition

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Père Eric Norbert Abekan préoccupé par les violences xénophobes en Afrique et invite au respect des minorités /Ph DR

Samedi 22 juin 2019, l’Eglise catholique fait mémoire de Saint Thomas More, patron des hommes politiques et des gouvernements. Le père Norbert-Eric Abekan, curé de la paroisse Sainte Famille de la Riviera II Cocody de l’Archidiocèse d’Abidjan, soucieux de l’impérieuse nécessité de réconcilier les uns et les autres et d’une paix durable dans le pays, interpelle à nouveau le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara et tous les acteurs politiques.

Depuis presqu’un mois, le clergé ivoirien se soucie de la situation socio politique, qui selon Jean Pierre Cardinal Kutwà trouble leurs sommeils. Une situation préoccupante et alarmante qui ne laisse personne indifférent, surtout qu’octobre 2020 approche à grands pas et n’est pas sans conséquences avec des dérives langagières perceptibles. Père Norbert Eric Abekan, profitant de la journée liturgique à Saint Thomas More, et dans un message diffusé par la Radio espoir, interpelle d’abord le président Alassane Ouattara, les acteurs politiques et laïcs engagés à la réconciliation et la paix, pour l’intérêt du pays et des générations futures.

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« Je voudrais l’encourager (Alassane Ouattara, Ndlr) à ouvrir d’autres perspectives pour servir la paix. Je pense à l’instauration et facilitation d’un cadre de dialogue politique le plus large possible, avec toute l’opposition et la société civile, en vue de discuter du modèle politique et institutionnel propice à notre pays, au regard des exigences socio politique actuel indéniablement », a conseillé le père Abekan.

Déjà, lundi 6 août 2018, le Chef de l’Etat avait accordé l’amnistie aux prisonniers politiques et exilés de la crise postélectorale de 2010. « Apportant ainsi un vent de décrispation dans la vie de la nation,  estime-t-il. L’épiscopat catholique ivoirien avait salué ce geste de noblesse et de grandeur considéré à juste titre comme une gage de renforcement social et pour l’unité de tous les enfants d’un même pays ».

La Côte d’Ivoire a entamé son émergence économique depuis l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara, avec de nombreuses infrastructures modernes. Une occasion que n’a pas manqué de louer l’abbé au vu des réalisations et chantiers à mettre l’actif du pouvoir d’Abidjan, mais surtout expliquent également une nouvelle embellie économique pour le pays.

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Des situations humaines préoccupantes

« La reconstruction du pays est en marche. Toute chose qui participe au rayonnement de l’image du pays dans le concert des nations », reconnait-t-il. Cependant, le curé de Sainte Famille estime que beaucoup reste à faire. « Des situation humaines préoccupantes se dressent à nos yeux, nous rappelant ainsi l’impérieuse urgence de la redistribution des richesses nationales, à travers des investissements sociaux accrus pour réduire les inégalités », a-t-il indiqué.

S’adressant par la suite à l’opposition ivoirienne, il dira en substance : « Il lui revient de prendre en compte les aspirations profondes du peuple et des exigences du contexte international, afin de mettre notre pays à l’abri des conséquences déplorables dans un esprit constructif » et « je l’invite à travailler à l’élaboration d’un nouveau contrat social dans la perspective des élections présidentielles incontestables ».  Il a, en outre, souligné que la société civile, les associations et forces vives doivent contribuer ensemble à être des protagonistes de la réconciliation dans le pays.

Découpage électoral

Le découpage électoral élaboré avec l’accord des partis politiques semble être désuet et pourrait fausser le jeu électoral selon des partis. D’ailleurs, il fait depuis des mois l’objet d’un débat houleux entre l’Exécutif et les partis d’opposition, notamment le Pdci-Rda, le Fpi. « La manipulation de l’opinion publique, des élus du peuple, la Constitution, du découpage électoral en vue de sauvegarder et de préserver les intérêts particuliers d’un parti constitue un jeu politique dangereux pour l’ensemble du pays », a fustigé le père Eric Abekan.

« La confrontation au grand jour des idées et des intérêts constituent une des caractéristiques fondamentale de la vie politique démocratique, et cette confrontation suppose l’opposition dont la place et le rôle sont nécessaires et déterminants pour la marche de notre pays », ajoute-t-il.

Selon lui, il faut impérativement réussir la réconciliation pour construire notre destinée. « Ce pays, personne ne le construira à notre place. Si nous voulons avancer comme les autres grandes nations, il nous suffira tout simplement de nous mettre debout, d’unir nos efforts pour bâtir ensemble ce pays qu’ils nous ont légués nos pères », a suggéré l’abbé.

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Abekan a affirmé donc que nous nous sommes fait peur. Pour le guide religieux, il est impérieux que chacun fasse preuve de retenue, de sagesse, d’esprit de concertation et de vérité, en vue du bien commun et de l’intérêt supérieur de la nation.

Magloire Madjessou 

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