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Décès d’un détenu au PPA : Les regrets d’un député de la Nation

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Ex Maca devenu Pôle pénitentiaire d'Abidjan/Ph DR

Depuis avril 2021, un prisonnier politique du nom de Koré Sery est détenu au Pôle pénitentiaire d’Abidjan (Ppa). Et ce, il n’est pas encore jugé. Hier, celui-ci a rendu l’âme. Pour le député maire de Tiassalé, Assalé Tiémoko, sur sa page Facebook, a dénoncé ce fait qu’une personne doit détenue pendant des années, sans qu’elle ne soit entendue par un juge. Son intervention en dessous.

 Je salue, à travers le communiqué, la transparence affichée par la direction de l’administration pénitentiaire au sujet du décès de Koré Sery Evariste. Mais cette communication laisse de côté un élément essentiel.

Le directeur rappelle que Koré Sery Evariste était détenu depuis le 28 avril 2021 pour des faits- d’atteinte à la défense nationale, attentat contre l’autorité de l’État, participation à une activité mercenaire, association de malfaiteurs et détention illégale d’armes et munitions de guerre-tout en oubliant de dire si cet homme avait été jugé et condamné ou s’il demeurait en détention provisoire.

Cet oubli interroge. Sauf indication contraire de la direction, tout porte à croire que M. Koré a passé plus de quatre années en détention sans jugement, en violation manifeste de l’article 167 nouveau du Code de procédure pénale. C’est une privation de liberté qui pourrait être qualifiée de ni légitime ni excusable.

le Garde des Sceaux avait défendu les nouvelles modifications au nom d’un objectif clair : réduire la surpopulation carcérale

Rappelons qu’en 2022, lors de l’examen de la réforme du Code de procédure pénale par l’assemblée nationale, le Garde des Sceaux avait défendu les nouvelles modifications au nom d’un objectif clair : réduire la surpopulation carcérale.

Or, aujourd’hui, nos prisons restent dramatiquement surpeuplées- près de 200 % de leur capacité-selon la Commission nationale des droits de l’homme de Côte d’Ivoire.

Dans notre pays, la détention provisoire tend à devenir la règle et la liberté, l’exception.

J’ai dénoncé ces pratiques depuis 2009 dans mon ouvrage « Prisonnier en Côte d’Ivoire ». J’y avais expliqué que les détentions préventives abusives figurent parmi les causes majeures de la surpopulation carcérale dans notre pays. Seize ans plus tard, la situation n’a guère évolué.

On ne peut se permettre d’emprisonner un citoyen et rechercher les preuves de sa culpabilité pendant plus de quatre années. La justice exige célérité, responsabilité et respect des droits fondamentaux et notamment du droit constitutionnel de la présomption d’innocence.

Olivia Dassioko

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