Le Renouveau charismatique de Côte d’Ivoire s’apprête à célébrer son jubilé d’or, les 29 et 30 novembre 2024, à la Basilique notre dame de la paix de Yamoussoukro. Roger Ango, Berger national de ce courant spirituel, revient sur les articulations de ce jubilé et dresse le bilan.
Le Renouveau charismatique, qui existe depuis les années 1990, aujourd’hui des communautés nouvelles et autres pensent que vous ne les associez pas à vos rencontres. Qu’est-ce qui en est exactement ?
La question me surprend beaucoup plus que nous sommes dans la communion, peut-être que vous ne le savez pas. Depuis quelques années, déjà, le Pape François a mis une structure en place dénommée « karis », qui est un service national de communion.
Les membres du groupe de Renouveau charismatique, fraternités nouvelles et apostolats. Nous sommes ensemble et depuis que nous avons commencé les activités au niveau du cinquantenaire, les communautés nouvelles sont associées.
Peut-être que cela n’a pas encore palpable, mais il y a beaucoup de communautés nouvelles. Nous sommes ensemble pour la mission d’évangélisation.
Etes-vous ensemble, vous le disiez à l’instant. Les communautés nouvelles, il y a combien ?
Actuellement, nous avons près de 200 communautés nouvelles en Côte d’Ivoire. Le Renouveau charismatique a aussi plus de 500 groupes de prière. Il y a des plateformes ou des responsables, qui sont appelés à vivre cette communion, et répondre efficacement dans le groupe.
Parce que ces groupes sont gérés par les bergers et modérateurs, et c’est eux qui doivent faire le lien entre les deux structures. Mais cela ne veut pas dire quand nous faisons une réunion, c’est tout le monde qui assiste. Il y a leurs représentants qui assistent en leur nom.
Nous avons un bureau national, et par conséquent, nous travaillons en synergie. Certes, je suis le berger national du Renouveau charismatique, mais il y a aussi Paul Adoh, qui est responsable national des communautés nouvelles et Séraphin Ngattié, responsable des charismes.
Aujourd’hui, l’Eglise catholique parle de synodalité. La synodalité c’est d’abord marcher avec une personne. Nous laïcs, nous marchons ensemble et avec les prêtres.
Depuis 1974, le Renouveau charismatique joue un rôle crucial dans l’évangélisation de la Côte d’Ivoire. Vous en tant que membre du Renouveau, dits-nous qu’est-ce que vous avez apporté en termes de progrès ?
Nous sommes chrétiens baptisés, le Renouveau nous amène à prendre conscience, de nous engager dans nos vies spirituelles, dans l’Eglise et avec l’église. Vous savez, il y a beaucoup d’associations et de mouvements dans l’Eglise. Chaque mouvement ayant sa vocation, le Renouveau est un éveil, un courant spirituel et de grâces. La prise de conscience de notre engagement spirituel.
Moi, en tant que jeune choriste, j’allais à l’église, je chantai, mais depuis que je suis dans ce courant spirituel, j’ai une autre vision. L’intimité avec le Seigneur, c’est vraiment Dieu que je loue, ce n’est pas moi. A travers le chant, il y a des libérations, la joie qui nait, bouleversements etc.
Des musulmans se sont convertis par des évangélisations du Renouveau charismatique comme d’ailleurs les communautés nouvelles
Des musulmans se sont convertis par des évangélisations du Renouveau charismatique comme d’ailleurs les communautés nouvelles. Le Pape Paul VI disait que c’est une sorte d’Eglise et les autres Papes répétaient. Jusqu’à ce que le Pape François dise que c’est un courant de grâces. Nous voulons faire la promotion de cette grâce et prendre conscience de notre engagement spirituel.
Certes, la perfection n’est pas de ce monde, et comme le dit Saint Paul, on tend vers la perfection. Le Renouveau nous aide à tendre vers la perfection, à comprendre les choses et à nous intéresser à la Parole de Dieu, à la lecture quotidienne etc. Je pense que le Renouveau charismatique, petit à petit, à apporter quelque chose dans la vie de chaque chrétien.
Au Renouveau, nous avons pour spiritualité le Saint Esprit. Il le dit : « Je m’en vais, je ne vous laisserai pas orphelin ». Le Renouveau charismatique a apporté beaucoup à l’Eglise catholique et à la Nation.
Par ailleurs, le Renouveau continue d’apporter ce qu’il peut faire, toujours en accord avec la hiérarchie, qu’est le clergé. Aujourd’hui, ce courant spirituel a un accompagnateur, qui est Mgr Boniface Ziri, qui est également le président de la Commission des laïcs au niveau de la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire.
Dans quelques jours, ce sera le clou des 50 ans du Renouveau charismatique en Côte d’Ivoire. Alors quels engagements ou décisions allez-vous prendre, lors de cette fête à Yamoussoukro ?
D’abord, pour la clôture des festivités du jubilé d’or, à Yamoussoukro, qui aura lieu du 29 au 30 novembre 2024, nous aurons l’apothéose. 50 ans, ce n’est pas 50 jours ni 50 mois. C’est plutôt 365 jours fois 50. C’est l’âge de la maturité, d’aller en eau profonde.
La décision que nous voulons prendre, c’est de changer de mentalité et demeurer dans la conversion, évangéliser et allés à la périphérie comme le demande le Pape François. Revenir à nos premiers amours, aller à l’essentiel et poussés les cœurs.
Le thème que nous allons traiter lors de cette fête jubilaire est : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Ma sœur, mon frère, chacun de nous est envoyé par le père, parce que nous avons dit oui, au baptême. C’est la maturité et la reconnaissance envers Dieu.
Le Renouveau n’a pas de fondateur mais il a été suscité par le saint Esprit
Le Renouveau n’a pas de fondateur mais il a été suscité par le saint Esprit, depuis les Etats unis jusqu’en Côte d’Ivoire en 1974. C’était à l’université avec le groupe Ephata et à Béoumi etc. Quand nous faisons l’historique, après enquête, la date de 1974, cela nous fait exactement 50 ans.
Nous devons prendre conscience de nos vies spirituelles et avoir un impact non seulement dans nos familles, nos sociétés, lieux de travail et partout, où nous sommes.
Parce que le laïc à sa place dans l’église, et c’est ce que le Pape nous demande et les évêques aussi nous recommandent. Pour arriver à la clôture, nous avons eu un temps de colloque, où nous avons réfléchi sur l’avenir de notre courant spirituel. Quelles sont les feuilles mortes, les bons fruits etc ?
A travers le Renouveau charismatique, aujourd’hui, il y a d’autres qui sont devenus évêques, par exemple Mgr Alexis Touabli, qui fut prêtre du Renouveau charismatique et aumônier diocésain de San Pedro. Tout le monde a le saint Esprit…
Beaucoup de personnes que nous avons encadrées, sont devenus prêtres, religieuses etc, tout ceci est le fruit du saint Esprit. L’impact que ça apporte à la société est le changement, puisque dans les différents groupes de prières et communautés nouvelles, il y a aussi des encadrements de jeunes et femmes.
Durant ces 2 jours (29 au 30 novembre) quelles sont les activités qui meubleront ces journées à Yamoussoukro ?
Il y aura beaucoup de thèmes à développer. Nous commençons le 29 novembre pour achever l’activité, le 30. Le 29 nous accueillons les personnes à partir de 15h. Mais le déroulé du programme sera à partir de 20h.
Il y aura le chapelet, parce que nous avons choisi d’aller à Notre dame de la paix, le mot d’accueil de l’Ordinaire des lieux, le recteur, le temps de prière, l’hymne du Renouveau charismatique, la prière du jubilé pour nous confier au Seigneur pendant 50 ans, un grand temps d’intercession pour la Côte d’Ivoire, bénir le pays, qu’est la Côte d’Ivoire.
Sans oublier la louange, les festivités. Nous allons dire merci à Dieu, car Il est Celui-là qui nous a soutenus, qui a conduit l’activité, le mouvement durant les 50 ans. Nous le ferons dans la louange, la danse etc. Il y aura aussi un temps de recueillement, avec l’adoration du saint Sacrement, la procession.
Un véhicule décapotable sera affrété pour faire le tour de la Basilique et le peuple de Dieu y sera là. Cet acte que nous posons est pour nos enfants et familles, notre nation, l’Afrique et voire le monde entier.
Au cours de cette fête, nous allons remettre des certificats à certains pionniers pour reconnaissance et honneur. Egalement des temps de témoignages pour les pionniers et la nouvelle génération. Nous allons choisir des personnes, qui vont rendre ce témoignage.
En fait, en témoignant, c’est aussi une sorte d’évangélisation. Et, nous voulons toucher des cœurs et amener à prendre conscience de certaines personnes. Au petit matin, il y aura la litanie de la Vierge Marie et la messe solennelle pour rendre grâce à Dieu. Pendant cette messe, les pionniers, aînés seront aussi honorés ainsi que la présence de nos pères évêques.
Quel sera le bilan des 50 que vous pouvez dresser ?
Imaginez-vous, une femme et un homme qui ont 50 ans, ces personnes doivent faire leur révision de vie. Ce n’est pas donné à tout le monde. Moi, qui vous parle, j’ai plus de 50 ans. C’est une grâce de Dieu.
Il y a des gens avec lesquels, j’ai fréquenté qui ne sont plus de ce monde. Le Renouveau qui a 50 ans, je pense que c’est une grâce de Dieu. La graine a été semée, parmi ceux-ci, il y a beaucoup qui sont décédés mais il y a toujours la source, la relève.
Aujourd’hui, nous voulons fêter les 50 ans. Est-ce que les autres 50 ans, nous pourrions y être encore ? Mais est-ce que nous allons pérenniser ce courant charismatique ? C’est pourquoi, nous avons ouvert cette activité, à tout le courant charismatique.
Certes, les communautés nouvelles en Côte d’Ivoire sont venues après, mais il y a le courant charismatique
Donc les communautés nouvelles et fraternités sont concernées. A cet effet, les deux aumôniers nationaux ont lancé une information à toute la Côte d’Ivoire, à tous les groupes de prières, toutes les communautés et fraternités nouvelles, que ce jour-là, il n’y aura pas d’activités sur les paroisses du pays.
Certes, les communautés nouvelles en Côte d’Ivoire sont venues après, mais il y a le courant charismatique. Peut-être qu’il y a d’autres qui ont 30 ans comme la Communauté catholique mère divin amour, d’autres 15 ans voire 10 ans etc. Mais, ils sont avec l’ancêtre qui est le Renouveau charismatique.
Concernant le bilan, je dis qu’il y a des hauts et des bas. Il y a des douleurs, des incompréhensions etc, mais le Seigneur qui sait faire les choses, on y arrivera. Voilà pourquoi, nous avons commencé les festivités du Renouveau, après le lancement du cinquantenaire, avec une journée de repentance à Dieu.
En le faisant, nous sommes dans l’Eglise, parce que nous constitutions le peuple du pays et nous sommes également dans la société. L’Esprit saint est là, mais les dons sont diversifiés. A ce propos, il y a eu des témoignages de certaines personnes, dans les groupes de prières, qui ne s’attendaient pas. Mais au cours de la réunion, ces personnes se sont réconciliées.
Il y a beaucoup de bons fruits. Il faut les regarder pour les améliorer, ce qui n’a pas marché, allé de l’avant et voir les perspectives nouvelles pour la gloire de Dieu.
La journée de repentance, vous l’avez faite quand ?
Cette journée a eu lieu au Sanctuaire marial d’Abidjan, le 24 février 2024.
Pourquoi n’avez pas invité les hommes politiques, puisque c’est eux qui sont au cœur des activités ?
On l’a fait mais il n’y a eu pas de suites. Comme les gens ne sont pas habitués à ces choses-là. Pour cette clôture, nous avons invité tout le monde. Parce que nous partons sur un autre territoire, les autorités ont été informées.
Dans 11 mois, la Côte d’Ivoire ira aux élections présidentielles. Vous, en tant que courant spirituel, quel sera votre apport pour la paix et une élection apaisée ?
Nous avons commencé depuis longtemps, parce que nous avons un groupe d’intercession nationale, qui prit pour la Nation. On n’attend pas le danger. On prie pour que le Seigneur dispose tous les cœurs. Mais au vu des élections, on a des temps de jeûnes, neuvaine etc. S’il n’y a pas de paix, vous et moi, nous serions pas ici ensemble.
Nous prions effectivement pour que tout se passe bien, que les enfants de la Côte d’Ivoire se comprennent et qu’ils sachent que c’est un seul président de la République…
Nous prions effectivement pour que tout se passe bien, que les enfants de la Côte d’Ivoire se comprennent et qu’ils sachent que c’est un seul président de la République qui sera choisi, et non deux. Mais on accompagne le président de la République qui est choisi dans la diversité.
Nous prions pour la stabilité du pays, de la sous-région et du monde. Les temps d’intercession que nous faisons, ce n’est pas seulement pour la Côte d’Ivoire. Ce que nous voyons en Russie, en Ukraine, au Soudan…nous les portons en prière.
En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, nous avons des chaînes de prière. Il y a 15 diocèses en Côte d’Ivoire, il y a des chaines de prières, les paroisses et les pères sont impliqués. Dans le pays, nous prions mais il faut qu’il y ait un changement de mentalité. Il faudrait que le Seigneur lui-même nous donne des personnes qui peuvent gouverner pour le bien du peuple de Dieu.
C’est pourquoi, dans nos différentes célébrations eucharistiques, nous prions pour les autorités politiques, administratives, mais aussi ecclésiastiques du pays. Le chrétien doit constamment prier pour sa nation. Nous, c’est ce que nous faisons avec les communautés nouvelles, groupes et mouvements au niveau de l’église catholique pour le pays.
Le message passe. Nous devrons prier pour la Côte d’Ivoire, nos familles. A cet effet, à Yamoussoukro, nous allons prier pour la Côte d’Ivoire, nos défunts, les malades. C’est un fourre-tout que nous confions au Seigneur, et Lui, dans la priorité, de nous exaucer, parce que nous sommes des pécheurs.
Interview réalisée par
Magloire Madjessou