Les namibiens ont décidé de porter à la tête de leur pays une femme, du nom de Netumbo Nandi-Ndaitwah, 72 ans, pour conduire aux destinées de la Namibie. C’est la troisième fois, sur le continent que les rênes du pouvoir sont confiées démocratiquement à une femme. Toutefois, d’autres femmes ont été présidentes sur le continent, mais elles ont soit assuré l’intérim ou dirigé des transitions.
Netumbo Nandi-Ndaitwah, l’ancienne vice-présidente du pays vient d’accéder à la magistrature suprême de la Namibie après avoir largement remporté le scrutin présidentiel du 27 novembre 2024 au premier tour.
La candidate de La Swapo surnommé « NNN », qui permet à son parti de se maintenir au pouvoir devient ainsi la première femme présidente de la Namibie et la 5è présidente élue sur le continent noir.
Historique des femmes présidentes ayant gouverné en Afrique
Depuis les années 1960, date d’accès à l’indépendance de nombreux pays africains, (surtout en Afrique de l’Ouest) le fauteuil présidentiel est resté comme la chasse gardée des hommes. Les femmes étaient comme exclues de la course à la présidence de la République. Seuls les candidats masculins osaient s’affronter lors des batailles électorales sur le continent.
Il a fallu attendre jusqu’en dans les années 1990, date du multipartisme dans de nombreux continent pour voir émerger des candidatures féminines lors des joutes électorales. Ses néophytes de la politique ne semblaient pas représenter un danger pour ses hommes car, peu connues du peuple, qui n’adhérait pas encore à l’idée de confier sa destinée aux désidérata d’une femme.
les fauteuils présidentiels en Afrique vont commencer à être convoités par de nombreuses femmes leaders d’opinion…
Dans les années 2000, les fauteuils présidentiels en Afrique vont commencer à être convoités par de nombreuses femmes leaders d’opinion ayant fait preuve de bonne gouvernance dans des institutions internationales ou d’une bonne carrière dans différents gouvernements de leur pays.
Du coût, leur présence dans les batailles électorales, n’étaient plus perçues comme une présence figurative, mais elles étaient considérées comme de potentielles candidates susceptibles d’accéder à la magistrature suprême.
Ellen Johnson Sirleaf (Liberia)
Sur le continent africain, la première femme à pouvoir détrôner les hommes du pouvoir présidentiel dans son pays est la libérienne Ellen Johnson Sirleaf. Le 16 janvier 2006, elle est devenue la première femme démocratiquement élue présidente en Afrique, brisant ainsi le mythe faisant croire que le fauteuil présidentiel n’était que l’apanage des hommes. La présidente libérienne qui a été élue à la tête d’un pays déchiré par plusieurs années de guerre civile a également été la présidente africaine qui est restée le plus longtemps au pouvoir, grâce à sa réélection en 2011 pour un second mandat qui s’est achevé le 22 janvier 2018.
Ameenah Gurib-Fakim (Maurice)
Agnès Ohsan-Bellepeau a été présidente par intérim de Maurice en 2012 et Ameenah Gurib-Fakim, chercheuse reconnue en phytothérapie et biodiversité, a été présidente de juin 2015 à 2018. Mme Gurib-Fakim a travaillé à faire connaître le réchauffement climatique et à promouvoir de nouveaux investissements dans la science et la technologie à Maurice.
En juin 2016, elle figurait dans la liste Forbes des 100 « femmes les plus puissantes du monde » et 1ère parmi les 100 femmes influentes en Afrique sur la liste 2017.
Deuxième femme démocratiquement élue par son peuple, Ameenah Gurib-Fakim va démissionner de ses fonctions de présidente de Maurice le 23 mars 2018, après le 50e anniversaire des célébrations de l’indépendance, en plein milieu d’un scandale financier.
Netumbo Nandi-Ndaitwah, la présidente de la Namibie qui vient d’être élue est la troisième présidente africaine désignée par les urnes pour présider aux destinées de son pays.
Les présidentes intérimaires
Joyce Banda (Malawi)
Au Malawi, la vice-présidente Joyce Banda est devenue présidente le 7 avril 2012, à la suite de la mort soudaine du président Bingu wa Mutharika. Elle a dirigé le pays jusqu’au 31 mai 2014, après avoir échoué à la présidentielle face à Peter Mutharika, frère cadet du défunt président.
Au plan économique, Mme Banda a relevé plus d’un défi, notamment en lançant, dès les premiers jours de sa présidence, une offensive diplomatique pour rétablir les relations internationales du Malawi, qui avaient été considérablement détériorées sous l’administration Mutharika. En 2012, elle a par ailleurs réduit son salaire de 30% dans le cadre de mesures d’austérité.
Samia Suluhu Hassan (Tanzanie)
Le 17 mars 2021, après son décès, le président John Magufuli est remplacé par la vice-présidente Samia Suluhu Hassan, devenant ainsi la première femme à diriger le pays. Elle va finir le mandat de cinq ans du défunt président jusqu’en 2025.
Catherine Samba-Panza (Centrafrique)
Femme d’affaires et avocate d’entreprise Catherine Samba-Panza a été présidente de transition de la Centrafrique du 23 janvier 2014 au 30 mars 2016, au cours d’une période des plus troubles et complexes de ce pays, qui peinait à sortir d’une rébellion armée en 2013 ayant chassé du pouvoir François Bozizé.
Pendant la période transitoire, elle a axé sa bataille sur le rapprochement des deux parties en conflit, à savoir les anti-balaka et les ex-Séléka. Si son appel à des pourparlers entre les deux parties au conflit avait été bien accueilli à l’époque, aujourd’hui, plusieurs groupes armés contrôlent toujours les trois quarts du pays.
Sylvie Kinigi (Burundi)
Sylvie Kinigi a été Première ministre du Burundi du 10 juillet 1993 au 7 février 1994 et présidente par intérim du 27 octobre 1993 au 5 février 1994. Les aléas de la guerre civile l’ont poussée à occuper les deux postes.
Nommée Première ministre Tutsi, par l’opposant Hutu Melchior Ndadaye, vainqueur des élections de 1993, Sylvie Kinigi s’est engagée à faire de la réconciliation sa priorité absolue.
Un pari réduit à néant quelques mois plus tard, lors de l’assassinat du président Ndadaye et de six de ses ministres, qui marquera le début de la guerre civile. Malgré le chaos, Mme Kinigi parvint à rassembler une quinzaine de ministres pour continuer à gouverner, devenant ainsi présidente par intérim.
En janvier 1994, le Parlement élit le Hutu Cyprien Ntaryamira à la présidence pour le reste du mandat de M. Ndadaye. Mme Kinigi démissionne de son poste de Première ministre lors de l’investiture de M. Ntaryamira et quitte le pays.
Rose Francine Rogombé (Gabon)
Le Gabon, qui a aujourd’hui une Première ministre, a également bénéficié de l’une des dirigeantes les plus pragmatiques qui soit, Rose Francine Rogombé qui, en tant que présidente du Sénat, a exercé la fonction de présidente par intérim de juin à octobre 2009, après la mort du président Omar Bongo le 8 juin 2009, le temps de préparer les élections qui ont vu la victoire d’Ali Bongo, le fils du défunt chef de l’Etat.
Ruth Perry (La matriarche du Libéria)
Ruth Perry a été présidente par intérim du Conseil d’État du Libéria du 3 septembre 1996 au 2 août 1997, à la suite de la première guerre civile. Ancienne enseignante, sénatrice et banquière, mère de sept enfants, Mme Perry a été très active dans les mouvements de la société civile tels que la Women Initiative in Liberia, Women in Action for Goodwill et l’Association of Social Services, qui cherchaient à mettre fin à la guerre civile.
Le 18 août 1996, la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest a négocié un cessez-le-feu entre les factions belligérantes du Libéria et annoncé que Ruth Perry remplacerait Wilton Sankawulo à la présidence du Conseil d’État dans un gouvernement intérimaire.
Les présidentes de quelques jours
En compagnie de son mari, Carmen Pereira fut une actrice principale dans la guerre d’indépendance de la Guinée-Bissau contre le Portugal à la suite de la vague de décolonisation dès 1958. S’étant illustrée comme leader et commandant révolutionnaire dans les années 1960, Carmen Pereira en 1984, va servir seulement trois jours en tant que présidente par intérim dans son pays. Carmen Pereira est décédée à Bissau le 4 juin 2016.
En 2005, en Afrique du Sud, Ivy Matsepe-Cassaburi a brièvement été présidente par intérim lorsque le président Thabo Mbeki et le vice-président étaient à l’extérieur du pays. Elle a ensuite été choisie comme chef de l’Etat à titre intérimaire le 25 septembre 2008 pendant 14 heures, entre la démission de Thabo Mbeki et l’entrée en fonction de Kgalema Motlanthe.
En Ethiopie, Sahle-Work Zewde est la première femme à occuper le poste de présidence, après avoir été élue par l’Assemblée parlementaire le 25 octobre 2018. Bien que la présidente éthiopienne ne jouissait pas d’un plein pouvoir -l’essentiel du pouvoir incombait au Premier ministre Abiy Ahmed- Sahle-Work s’est battue pour s’imposer et obtenir l’égalité du genre dans son pays.
Aka Ahoussi
Source Vox Africa / Jeune Afrique