Les différentes crises en Côte d’Ivoire sont parties des élections mal organisées ou le jeu démocratique est souvent refusé par des leaders politiques. Depuis quelques années, l’Observatoire de la solidarité et de la cohésion sociale (Oscs) initie des activités, des campagnes de sensibilisation, à travers des cellules d’ alertes précoces pour prévenir les probables conflits /crises qui pourraient éclater et apporter une solution à la paix définitive en Côte d’Ivoire.
Avant le début des élections présidentielles du 31 octobre 2020, le président de la République, Alassane Ouattara, avait annoncé, à la télévision nationale, à la veille de l’indépendance du pays, le 6 août, qu’il briguera un 3è mandat présidentiel. Raison évoquée, son poulain à la présidentielle Amadou Gon Coulibaly est décédé et que ses partisans lui auraient demandé de se représenter à cet autre mandat. Le Conseil constitutionnel a retenu quatre candidats sur plusieurs candidatures. Il s’agit des candidats d’Alassane Ouattara (Rhdp), Henri Konan Bédié (Pdci Rda), Pascal Affi N’Guessan (Fpi) et Kouadio Konan Bertin dit Kkb (indépendant). Les partis politiques de l’opposition réunis au sein de la plateforme (Pdci, Fpi, Eds…) ont lancé un appel à la désobéissance civile dans tout le pays.
L’ex-président de la Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié, a appelé dimanche 20 septembre 2020, au nom de l’opposition, à la « désobéissance civile » face à la « forfaiture » de la candidature controversée du chef de l’État Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 31 octobre. « Face à la forfaiture, un seul mot d’ordre : la désobéissance civile », a déclaré Henri Konan Bédié, au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci). Selon Dr Gnamien Yao, grand conférencier du Pdci, l’appel à la désobéissance civile lancé par Bédié et l’opposition ivoirienne s’appellent « la sonnette d’alarme ». Après, il a rappelé plusieurs cas d’appels à la désobéissance civile lancée en Côte d’Ivoire depuis la période coloniale jusqu’à la crise post-électorale ivoirienne de 2010. Il s’agit pour le président Bédié et à l’opposition « d’ouvrir un dialogue inclusif », rapporte le site Apanews.
Ces manifestations dans le pays ont occasionné plusieurs incidents voire morts d’hommes, avec des barrages érigés, habitations et pneus incendiés, des arbres abattus empêchant la circulation.
La désobéissance civile…l’opposition
Les villes telles que Bongouanou, Dabou, Daoukro, M’Batto, Daloa, Guibéroua…et communes d’Abidjan, Yopougon…où ces violences ont eu lieu, on dénombre plusieurs victimes de ces marches de protestation contre ce troisième mandat. Ces manifestations se sont transformées plus tard en affrontement entre des groupes communautaires. A Bongouanou, un conflit a éclaté entre Agni et Malinké faisant 3 morts, 14 blessés et d’importants dégâts matériels. Dans la ville de Dabou, il a eu un affrontement entre les peuples Adjoukrou et Malinké faisant 20 morts, 67 blessés, des habitations et des véhicules de transport en commun incendiés.
Human Rights Watch avait exigé que les autorités ivoiriennes enquêtent sur les meurtres de plus 50 personnes tuées lors des élections politiques et communautaires. Le 10 novembre, le Conseil national des droits de l’homme de Côte d’Ivoire a indiqué que 55 personnes ont été tuées et 282 ont été blessées entre le 31 octobre et le 10 novembre. Le 11 novembre, le gouvernement ivoirien a déclaré que 20 personnes ont été tuées le jour de l’élection et 31 autres dans les jours qui ont suivi, selon le site de Human rights watch.
Alors que les élections approchaient à grand pas, la Commission électorale indépendante (Cei) multipliait les actions de paix et de retenue à l’endroit des partis d’opposition. Ces affrontements, pour la plupart, ont eu lieu entre les partisans de l’opposition et les militants du Rhdp ou les forces de l’ordre devant veiller à la sécurité et la quiétude des populations et les militants de l’opposition. Si bien que des biens matériels de la Cei chargé d’organiser les élections ont été saccagés, le personnel électoral brutalisé etc. Mais malgré ces violences inouïes dans tout le pays, cela n’a pas empêché la Cei d’organiser les élections dans tout le pays, même si l’on déplore la non-tenue de ces élections dans certaines localités du pays et la destruction du matériel électoral (urnes, bulletins de vote). Pour le directeur général de l’Observatoire de la solidarité et de la cohésion sociale (Oscs), Ibrahima Coulibaly, ces élections en Côte d’Ivoire, sont devenues désormais un cauchemar pour les populations.
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« Des observateurs de la scène politique ivoirienne s’inquiétaient du fait que cette élection qui arrive risquait encore de conduire la Côte d’Ivoire dans une situation chaotique, à l’image de la crise postélectorale de 2010. Des inquiétudes qui, malheureusement vont être confirmées par des actes de violences perpétrées dans plusieurs villes, pendant les périodes préélectorales, électorales et postélectorales. Le bilan est implacable : plusieurs morts et blessés, et de nombreux dégâts matériels. Hélas », se désole le Dg de l’Oscs dans le bulletin l’Observateur.
L’Oscs invite à des élections apaisées
Les campagnes des élections législatives du 6 mars 2021 ont officiellement démarré depuis le 26 février avec un message de la Commission électorale indépendante (Cei), invitant tous les candidats et les électeurs à relever le défi d’un processus électoral inclusif et apaisé.
Aussi, ces élections inclusives à laquelle participe l’opposition, sont l’occasion pour les Ivoiriens, et particulièrement la classe politique, de mettre fin à cette spirale de violences qui a éprouvé ces dernières années les populations, à chaque processus électoral.
Le ministère de la Solidarité de la Cohésion Sociale et de la Lutte contre la Pauvreté, à travers son organe de veille et d’alerte, l’Observatoire de la solidarité et de cohésion Sociale (Oscs), appelle tous les acteurs de ces joutes électorales à s’engager effectivement dans la bonne pratique démocratique pour la paix, la stabilité et le développement de la Côte d’Ivoire. Les violences qui ont entaché l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, il y a à peine 5 mois (morts, blessés, dégâts matériels…) sont encore vivaces dans la mémoire collective. « C’est pourquoi, tirant les leçons de cette triste étape de l’histoire de la démocratie de notre pays, les candidats, les leaders politiques, les différents partisans et sympathisants, parties prenantes à ces élections, doivent tous mener une campagne sans violence, en évitant de véhiculer des rumeurs via les réseaux sociaux, de tenir des propos virulents ou de haine», a exhorté le directeur général de l’Oscs, Tiohozon Ibrahima Coulibaly.
Aussi, ces élections inclusives à laquelle participe l’opposition, sont l’occasion pour les Ivoiriens, et particulièrement la classe politique, de mettre fin à cette spirale de violences qui a éprouvé ces dernières années les populations, à chaque processus électoral. Il nous faut renouer définitivement avec le vivre-ensemble, la paix, la stabilité politique et la cohésion sociale. Pour ce faire, le bon ton, la tolérance et la non-violence doivent être les maître-mots de ces législatives au cours desquelles les candidats doivent bannir tous les actes et comportements de nature à provoquer des conflits et des divisions entres les populations. Qui elles-mêmes, doivent refuser de se laisser manipulées, en disant non à la violence, sous toutes ses formes.
En outre, pour des élections législatives apaisées, le ministère de la Solidarité de la Cohésion sociale et de la Lutte contre la Pauvreté, à travers l’Observatoire de la Solidarité et de Cohésion Sociale, a suivi de près le processus. Au regard des missions qui lui sont assignées, l’Oscs organise un monitoring du processus électoral (avant, pendant et après le scrutin du 6 mars) sur l’ensemble du territoire national. De l’ouverture de la campagne à la fin du scrutin, les commissions régionales et les responsables de zone du monitoring de l’Oscs, en collaboration avec les moniteurs, suivront dans leurs zones respectives les campagnes des candidats, le déroulement du scrutin et les évènements post-scrutin.
Les moniteurs sur le terrain suivront les campagnes électorales pour observer les discours et les comportements des candidats et de leurs partisans, et veilleront sur la survenue de tout incident ou de l’effectivité de toute menace avant, pendant et après le scrutin. L’Oscs informe les acteurs de réponse pour que des solutions soient trouvées pour assurer le bon déroulement du processus électoral. En définitive, l’organisme appelle à la responsabilité de tous les acteurs pour des élections législatives apaisées.
Suivi et évaluation de la solidarité
Ces violences électorales ont continué le jour du scrutin, le 31 octobre 2020, dans tout le pays : Didievi, Sakassou, Daoukro, M’Bahiakro, Alepé etc. L’on a enregistré au cours des violences une vingtaine de morts et au moins 336 blessés. Par ailleurs, des activités ont été paralysées et le matériel électoral emporté dans certaines villes comme Sakassou, Bouaflé, Ferkessédougou, Grand-Lahou, Méagui, Sassandra etc. L’Oscs a fait le suivi du processus électoral de la présidentielle 2020, depuis l’enrôlement des électeurs jusqu’à la proclamation des résultats, en passant par la période de la campagne électorale et le vote. Le jour du vote, le 31 octobre, l’Oscs a installé un centre de veille à son siège et envoyé 150 observateurs sur le terrain dans 15 régions du pays.
Selon une étude nationale sur l’état de la solidarité et de la cohésion sociale (Baromètre 2016). Avec les décennies de crises que la Côte d’Ivoire a traversées, les valeurs de solidarité et de la cohésion sociale se sont effritées avec la montée des sentiments d’inégalité entre les diverses couches sociales. Cette étude a consisté à évaluer le niveau et l’évolution de la solidarité et de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Les conclusions de l’étude sur le terrain ont permis de savoir le niveau de manifestation de la solidarité et de la cohésion sociale ; les facteurs fragilisant la solidarité et la cohésion sociale et les facteurs déterminants du renforcement de la solidarité et de la cohésion sociale.
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Crée par décret No 2008-62 du 28 février 2008, l’Oscs à pour, entre autres, missions de contribuer au renforcement de la solidarité et de la cohésion sociale entre les composantes de la nation, c’est-à-dire définir et actualiser les indicateurs de solidarité et de cohésion sociale ; développer des actions de sauvegarde et de promotion de la solidarité et de la cohésion sociale ; évaluer l’évolution de la Solidarité en tant que valeur sociale en Côte d’Ivoire ; évaluer la mise en œuvre des résultats des rencontres initiées en Côte d’Ivoire visant la consolidation de la solidarité entre les composantes de la nation ivoirienne et le renforcement de la cohésion sociale ; collecter, traiter et diffuser les informations relatives aux indicateurs de la Solidarité et de la Cohésion sociale etc.
La mission a consisté à observer le processus électoral sous l’angle de la solidarité et de la cohésion sociale dans dix localités
L’Organisation de missions d’observation électorale proactives et dynamiques s’est tenue en octobre et décembre 2016. La mission a consisté à observer le processus électoral sous l’angle de la solidarité et de la cohésion sociale dans dix localités : Bangolo, Bonon, Bouna, Dabou, Divo, Duékoué, Gagnoa, Man, Port-Bouët et Yopougon. Ces localités ont été choisies du fait des risques de violences et de menaces de la cohésion sociale qu’elle présente. Ainsi, 200 observateurs ont été déployés, afin de couvrir 10 localités pour cette mission d’observation. Il s’agissait, selon l’Oscs, pour la mission d’observation de contribuer à l’organisation d’élections législatives paisibles et crédibles, garante du renforcement de la solidarité et de la cohésion sociale dans localités cibles.
Des cellules d’alerte précoce
L’Observatoire de la solidarité et de la cohésion sociale (Oscs), organe de veille d’alerte et d’aide à la décision du ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, en matière de solidarité et de cohésion sociale, a procédé les 14 et 15, 23 et 24 et du 30 juin au 01 juillet dernier à l’installation des cellules d’alerte précoce dans les universités Alassane Ouattara de Bouaké, Nangui-Abrogoua d’Abobo-Adjamé et Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody. Conformément à leur cahier de charge, il s’agit pour les membres de ces trois cellules installées, entre autres, anticiper l’éclatement de tout conflit en collectant régulièrement et de manière efficace des informations relatives à la cohésion sur les campus et de les remonter vers les autorités universitaires et l’Oscs.
Ces cérémonies s’inscrivent dans le cadre du projet ‘‘Contribution à la construction d’une élite politique responsable à travers la gestion pacifique des crises dans l’espace universitaire en vue d’une paix durable en Côte d’Ivoire’’. Ce projet est une initiative conjointe de partenaires techniques et financiers que sont le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), le Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap) et l’Ong Interpeace. Il vise à contribuer à prévenir et à mieux gérer les conflits en milieu universitaire à travers des mécanismes participatifs afin de développer chez les étudiants, un modèle de leadership positif.
Pour chaque étape, il s’est agi au cours des deux jours, pour les formateurs de l’Oscs de présenter aux étudiants l’Oscs et son mécanisme d’alerte précoce, le concept de cohésion sociale et ses implications, la prévention et la gestion pacifique des conflits, les indicateurs de violence en milieu universitaire. Les présidents des universités ont encouragé les étudiants à jouer à leur humble niveau leur rôle dans la consolidation d’une paix durable sur les campus.
Magloire Madjessou
Encadré
Cohésion sociale en Côte d’Ivoire
Les crises qu’a connues le pays depuis des décennies nous fait penser que la notion de cohésion sociale n’est plus dans nos mœurs. Les acteurs politiques ivoiriens sont les premiers, quelquefois, lors des rencontres, dans le cadre de la paix et d’unité à parapher des documents, afin que le tissu social ne s’embrase pas par un quelconque acte de violences verbales ou physiques. Mais, hélas ! Ce sont des faux politiciens, qui devant le peuple font croire que tout marche bien, et qu’entre eux, ce sont des enfants du pays et ont plus intérêt que la paix et l’unité soient de mise. Une fois les élections arrivées, ce sont les mêmes qui s’entre-déchirent à cause des intérêts personnels et mesquins. L’intérêt supérieur du pays n’est plus mis en avant. Des discours de haine, de xénophobie, de tribalisme, de va-t’en guerre ont pignon sur rue lors des campagnes électorales, alors que la Commission électorale indépendante (Cei) appelle les acteurs et met un accent sur la sensibilisation à des discours républicains et démocratiques, sans insultes et injures.
C’est souvent peine perdue. La cohésion sociale en Côte d’Ivoire est beaucoup en vogue avant les élections. Même avant les élections, dans les séminaires et autres, on en parle à satiété. Depuis des années, l’Observatoire de la solidarité et de cohésion sociale met des mécanismes en place pour éviter des affrontements ou guerres tribales entre les acteurs politiques ivoiriens. Cet outil, voulu par le gouvernement ivoirien, se bat chaque jour, pour qu’advienne dans ce pays, des Ivoiriens fiers de la notion de la cohésion sociale, de la solidarité malgré leur divergence d’opinion…mais que de désastre constaté, malheureusement dans ce pays. La cohésion sociale est une denrée rare et importante que la Côte d’Ivoire doit impérativement recherchée pour la construction d’un Etat de droit et de partage des valeurs humaines.
Magloire M.
Alerte précoce, un véritable outil
La Côte d’Ivoire, à travers l’Oscs, dispose d’une cellule d’alerte précoce dans les différentes régions du pays. Depuis quelques années, cet outil de l’Oscs travaille de commun accord avec la structure, en vue d’avoir des informations fiables, véridiques et crédibles mais surtout prévenir tout ce qui est conflit ou incident à l’occasion des élections ou toute autre activité dans le pays. Aujourd’hui, plusieurs associations de jeunes, de femmes sont sensibilisées sur ce fait dans leurs villes, afin que les risques d’explosion de conflit ou d’incidents soient vite réglés ou pacifiés de manière à ce que la paix et l’unité soient de mise dans ces villes. Avec la formation de plus de 100 relais communautaires et moniteurs dans les villes du pays, en juin 2019, qui, à leur tour ont sensibilisé les cibles à travers des causerie-éducative, afin que la prévention, la gestion pacifique des conflits soit évitée ou maitrisée entre les communautés ethniques ou groupes de personnes.
Avec les élections présidentielles et législatives tenues dans le pays, l’Oscs a déployé encore ces cellules d’alerte précoce dans tout le pays. Celles-ci ont permis à la Côte d’Ivoire d’éviter de nombreux dégâts et morts, même si l’on regrette les morts qui ont eu lieu lors de la désobéissance civile lancée par les partis d’opposition. Toutefois, l’on note que cette cellule a participé un tant soit peu à réduire les gros risques de cohésion sociale dans le pays, d’éviter surtout que nous tombions dans la spirale de violence postélectorale de 2011, où des milliers d’Ivoiriens se sont exilés ou d’autres, baluchons sur la tête, sacs à main, vêtements en vrac, ont pris le chemin des pays frontaliers.
Ces cellules ont le droit d’exister…Il faut renforcer les mécanismes pour qu’elles soient plus fortes, dynamiques avec des moyens adéquats pour qu’elles continuent de donner plus d’alerte précoce en cas de conflits communautaires dans le pays. De plus en plus, on parle de cohésion sociale, de solidarité…ces éléments-là ne peuvent être maîtrisés pleinement que si et seulement si nous y croyons.
M.M