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Stigmatisation, rejet biologique de l’Albinos : « 95 % des femmes albinos ne sont pas mariées », selon Aminata Camara

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Les officiels et les albinos de Côte d'Ivoire/Ph Credo

Organisé par la Fondation Pierre Fabre, le 11 juin 2024, le lancement du projet d’Amélioration de la protection, de la prévention et de l’accès aux soins des personnes vivant avec l’albinisme en Afrique Subsaharienne (Appasass) a été une occasion pour ces concernés de lever un voile sur les difficultés qu’ils vivent et d’appeler l’Etat à leur secours.

Cette rencontre a été une occasion pour ces personnes vivant avec l’albinisme de dépeindre la triste situation dans laquelle ils vivent. Stigmatisation, rejet de la part de leur famille biologique, de la société, de l’Etat et abus de tous genres, tels sont les croix qui pèsent au quotidien sur les épaules de ces personnes vivant avec handicap.

Parlant d’abus, Abdoulaye Diabaté, président de la Fédération des associations et organisations pour le bien-être des albinos de Côte d’Ivoire, a affirmé à cette occasion, « en raison de leur handicap, les hommes abusent des femmes albinos ».

Ces propos ont été renchéris par Aminata Camara, présidente de l’Association ivoirienne pour la promotion des femmes albinos. Qui a affirmé que ces abus sont souvent favorisés par les familles d’origines des filles albinos car, les parents n’espérant pas que leur fille puisse avoir un mari la ‘’ pousse ’’ dans les bras d’un homme qui l’utilise pour son appétit sexuel ou exerce des violences physiques sur elle.

Elle n’a pas manqué de faire remarquer que certaines  personnes se mettent en couple avec les femmes albinos « parce qu’on dit qu’elles portent chance ».  Ce n’est pas par amour, a-t-elle dit, avant de faire remarquer que « 95 % des femmes albinos ne sont pas mariées. Beaucoup rentrent au foyer et y ressortent avec des enfants sous la main ».

En ce qui concerne les hommes, obtenir un emploi est un parcours du combat, a indiqué Abdoulaye Diabaté. Qui a révélé  que « de 2015 à 2024 sur une population de 1858 seul  une cinquantaine d’albinos, soit 3,97 % sont intégrés à la fonction publique ». Aussi, a-t-il fait remarquer même ceux qui ont pu intégrer l’administration, la cohabitation n’est pas toujours aisée avec les autres fonctionnaires parce qu’ils sont stigmatisés.  

« de 2015 à 2024 sur une population de 1858 seul  une cinquantaine d’albinos, soit 3,97% sont intégrés à la fonction publique »   

Sur le plan sanitaire, le cancer de la peau, le cancer cutané, la santé mentale sont les maux auxquels sont exposés les albinos. En vue de prévenir ces infections, Pr Kouamé Kanga, dermatologue au Secours médico-social ivoirien (SMSI), qui en collaboration avec la Fondation Pierre Fabre s’est rendu à plusieurs fois à l’intérieur du pays pour soigner les albinos atteints de différentes pathologies a demandé à ceux-ci de se protéger pour prévenir ces maux. Cette protection consiste à porter des chapeaux, à couvrir le cou, à porter des lunettes, se frotter avec des crèmes solaires.

A la fin de la rencontre, Abdoulaye Diabaté a appelé les autorités à ne pas  marginaliser les albinos dans les programmes de développement. A ses frères albinos, il leur a demandé de s’unir pour  mener ensemble des actions afin de briser les stigmatisations à leur imposer par la population et les gouvernants.

mener ensemble des actions afin de briser les stigmatisations à leur imposer par la population et les gouvernants

Les représentants des ministères de la Santé et de l’Hygiène Publique, de l’Emploi, de la Protection sociale qui ont pris part à cette rencontre ont promis rendre compte à leurs mandants afin qu’une suite soit donnée aux préoccupations des albinos.

Le projet Appasaas qui va s’étendre sur trois ans (2023-2026) vise à plaider pour la mise en œuvre d’une politique nationale visant l’amélioration des conditions de vie des personnes vivant avec l’albinisme.   

Ahoussi Aka

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