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Baie marine de Gonzagueville : Quand les immondices, maquis à ciel ouvert et pêcheurs se côtoient

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La plage de Gonzagueville, avec ses pécheurs de poissons sous un abri/Ph Credo

Situés dans la zone balnéaire d’Abidjan, les quartiers d’Adjouffou, de Jean-Folly et de Gonzagueville dans la commune de Port-Bouët (Abidjan), bénéficient d’une baie marine que la nature leur a offert gracieusement. Mais cette bordure de mer, quel visage présente-t-elle au visiteur ? A la découverte de cette baie marine devenue en plusieurs endroits un WC public en plein air, pourtant, pourvoyeuses d’emplois des gérants de maquis à ciel ouvert.

Vendredi 21 janvier 2022. 10 heures.  Le soleil ne cesse de darder ses rayons sur le sable fin de la baie marine longeant les quartiers d’Adjouffou à Gonzagueville, en passant par Jean-Folly. A différents endroits de cette bordure de mer, des riverains avaient pris place en diverses occupations. Sur un espace de ce littoral situé en face de la clinique Iran, des jeunes, assis sous des cocotiers, devisent tout en mettant la propreté autour d’eux. Ce n’est pas la première fois que ceux-ci se retrouvent à cet endroit pour échanger et contempler les merveilles de cette nature.

Selon A. Pierre, l’un des leurs, il y a de cela 5 mois, que la mairie a démoli les maquis à ciel ouvert installés sur l’espace qu’ils avaient délimités et gérés par eux. Les vendeuses et différents commerçants louaient une portion de cet espace avant de s’installer. La rentrée dans ce lieu qui était clôturé avec de la paille était payante. « En semaine, ce business nous rapportait 10 à 20 000 Fcfa par jour. Les week-end nous percevions environ 50 000 F Cfa », dit A. Pierre, tout en regrettant que leurs activités aient été interrompues par la mairie.     

Non loin de ce lieu, se trouve un abri de fortune dressé par Sossou Emmanuel dit ‘’ Manu Dibango’’. Ce jeune pêcheur est très connu en ce lieu parce que quand bien même sa maison qui se trouvait au bord de la mer ait été détruite, il ne quitte cet endroit. Ce lieu le hante chaque jour… En 2014, après la destruction de la maison qu’il louait, Sossou Emmanuel avait construit un hangar en dessous duquel venaient se reposer gratuitement des riverains, ainsi que les personnes qui viennent à la plage.

Sossou Emmanuel et ses amis ne s’opposent pas à ce projet, mais ils plaident pour que l’Etat les laisse installer leurs abris de fortune sur la plage

Mais cet hangar à l’instar de biens d’autres ont tous été détruits par des forces de l’ordre. « Un matin, les forces de l’ordre ont débarqué ici et ont détruits tous les apatams qui étaient ici », explique Sossou Emmanuel. Selon des riverains, cette volonté de ne pas laisser les gens s’installer en bordure de la mer se justifie par le fait que les autorités veulent utiliser cette baie marine pour réaliser le nouveau site de distraction de Gonzagueville qui s’étend sur une distance d’environ 10 km.     

Sossou Emmanuel et ses amis ne s’opposent pas à ce projet, mais ils plaident pour que l’Etat les laisse installer leurs abris de fortune sur la plage pour prendre soin de la propreté des lieux. « Quand nous étions là, le coin était propre », soutient-il.

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La baie devenue un WC à ciel ouvert

Nonobstant qu’ils aient été chassés, certains riverains, amoureux de la plage ont bâti de petits abris de fortune, où ils viennent se reposer de temps en temps en famille ou avec leurs amis. Ce sont ces lieux de 2 m2 à 10 m2 et les espaces des maquis à ciel ouvert qui sont entretenus à la grande satisfaction des clients. A part cela, d’Adjouffou à Gonzagueville, la bordure de mer ressemble à un WC public à ciel ouvert. De jour comme de nuit, il n’est pas rare de voir des gens déféqués dans le sable de mer ou dans les herbes ont fini par recouvrir le sable.  

Les personnes qui subissent le plus les conséquences de cette insalubrité sont les pêcheurs et leurs clients. Revenus de mer, c’est non loin de ces immondices que ces pêcheurs débarquent et vendent leurs poissons à des femmes qui enjambent parfois ces immondices pour se rendre au bord et faire leurs achats. En plus des immondices, les herbes ont envahi cette baie marine en différents endroits. Mais cette présence d’immondices et d’herbes n’empêche pas les amoureux de l’alcool de se frayer un chemin pour se rendre dans quelques rares maquis à ciel ouvert encore présents sur ces plages.

En parcourant le long de la baie marine de cette banlieue abidjanaise, on dénombre que deux maquis à ciel ouvert. Kouamé Hyppolite qui utilisait des bâches pour faire son maquis a dû abandonner à cause des tracasseries qu’il subissait de la part des agents de la mairie. Aujourd’hui, c’est sur des étagères qu’il expose ses boissons. Le client qui en veut, peut payer, mais seulement qu’il n’aura pas de chaises pour s’asseoir et consommer sa boisson. Le voisin de Kouamé Hyppolite, lui, utilise encore des bâches, mais il promet les enlever le plutôt possible pour éviter les tracasseries des agents de la mairie.

La bordure de la mer présente un visage désagréable au visiteur. La réalisation du nouveau site de distraction de Gonzagueville qui comprendra des maquis, des terrains de sports de tout genre changera certainement cette réalité déplorable. Mais, en attendant la réalisation de ce projet d’envergure, les riverains souhaitent que les autorités les autorisent à occuper des espaces sur la baie marine, afin de s’occuper de l’entretien desdits lieux.   

Aka Ahoussi

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