Bien que participant avec ses pairs évêques à la 124è Assemblée plénière des évêques catholiques à Katiola, Mgr Alexis Youlo Touabli, évêque d’Agboville, a un œil sur la Can 2023, qui se déroule actuellement dans son pays. Interrogé, le président de la Commission épiscopale chargé des Loisirs et Sports donne son point de vue sur le déroulement de la Can 2023, sans omettre de se prononcer sur le prochain match des Eléphants.
Votre regard sur le déroulement de la Can 2023.
Les choses se passent bien. Dans la Can 2023, il y a l’aspect purement footballistique, mais il y a bien plus que ça. C’est la rencontre des peuples. Le sport est un facteur de rassemblement, de communion, de rencontre, et sur ce point, la Can 2023 en Côte d’Ivoire est une réussite. Voyez toute cette convivialité.
Bien sûr, il y a eu quelques échauffements ici et là. Il y a un couac entre le capitaine du Congo et l’entraîneur du Maroc, ce sont des choses qui arrivent. Sinon dans l’ensemble, on peut dire que la Can a répondu à sa vocation qui est de rassembler les enfants de l’Afrique, de permettre aux enfants de ce continent de communier ensemble dans la joie.
Quand je pense à l’Afrique, je pense au livre ‘’ Sous l’orage’’ de Seydou Badjan
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L’Afrique a tellement de problèmes. Quand je pense à l’Afrique, je pense au livre ‘’ Sous l’orage’’ de Seydou Badjan. L’Afrique est constamment sous l’orage des conflits, sous l’orage des crises à répétition. Alors pour une fois que nous avons l’occasion de nous réjouir, je crois qu’il ne faut pas faire la fine bouche. C’est la raison pour laquelle, je dis la Can est une réussite.
La Côte d’Ivoire vient de se qualifier pour les 8è de finale. Quelle est votre réaction ?
S’il y avait une machine pour peser la joie, à l’instar des machines pour peser le cacao, le café, je crois que ma joie pèserait ce matin des tonnes et des tonnes parce que qui l’eut crût ? Nous qui étions morts, voici que trois jours après, nous sommes ressuscités. Or, le ressuscité ne meurt plus. Donc, mort et ressuscité le troisième jour, les Eléphants ne mourront plus. Il faut qu’on aille jusqu’au bout. Ma joie est immense et je crois qu’il en est ainsi pour tous les Ivoiriens, heureux de voir notre équipe ressuscitée là où on pensait que tout était fini.
Merci aux Eléphants eux-mêmes parce que ce n’est pas seulement la victoire du Maroc…
Justement est-ce quelque part, il n’y a pas le doigt de Dieu ? Quand on pense que tout est fini, quand on pense qu’on est anéanti, il y a une force qui vient et qui remet debout. Merci à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont participé à notre résurrection. Je pense notamment à l’équipe du Maroc. Merci aux Eléphants eux-mêmes parce que ce n’est pas seulement la victoire du Maroc qui nous ressuscite mais c’est grâce à notre première victoire qu’on est qualifié pour les 8è de finale.
Si on n’avait pas gagné notre premier match, le Maroc aura beau gagné cela ne ferait rien. Donc merci aux Eléphants eux-mêmes pour leur première victoire face à la Guinée-Bissau. Merci aux Marocains qui ont donné un coup de pouce et merci à Dieu qui a permis cette résurrection.
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La Côte d’Ivoire joue contre le Sénégal, le lundi prochain. Un appel aux Ivoiriens pour qu’ils soient à nouveau mobilisés autour de leur équipe.
Je lance l’appel aux joueurs eux-mêmes parce qu’on a beau se mobiliser si ceux mêmes qui sont sur le terrain ne sont pas mobilisés ça ne sert à rien. Les joueurs doivent réfléchir, méditer, tirer les leçons de leur débâcle face à la Guinée Equatoriale. C’est une chance que Dieu leur accorde. Donc qu’ils réagissent maintenant avec beaucoup plus de détermination. C’est ce qu’on leur demande.
Qu’ils se montrent un peu plus conquérant, un peu plus guerrier. C’est une compétition, c’est lutter. Pour lutter, il faut se montrer quand même un peu vigoureux que ce qu’on a vu. Ce n’est pas une compétition de maracana. Qu’on sente en eux, ce désir de gagner. Ce sont de bons joueurs de hauts niveaux. Donc techniquement, ils sont bons. A ce niveau, l’aspect technique seulement n’est pas suffisant. Il faut l’aspect psychologique, le mental, le fighting spirit.
Qu’on sente en eux, ce désir de gagner. Ce sont de bons joueurs de hauts niveaux
Il faut qu’on sente ça en eux. Qu’ils se battent, qu’ils se donnent, qu’on sente qu’ils ne sont pas venus pour s’amuser. Il faut aussi à cette équipe un leader. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de leader dans le groupe. Or, tout groupe a besoin d’un leader. Quelqu’un qui mène, qui pousse, qui galvanise les autres à la manière de Didier Drogba, de Gadji Céli dans le temps. Et, puis, il faut que les Eléphants sachent qu’ils sont là pour gagner et qu’on sente ce désir en eux.
Quant à la Nation, c’est à nous de nous mobiliser derrière les Eléphants. Il y a eu ce temps de découragement très profond, où il y a eu même des débordements. C’est vrai quand un peuple est découragé, il peut y avoir des débordements. Mais grâce à Dieu, ce temps-là n’a duré que deux ou trois jours. Nous sommes ressuscités, soyons vivants, c’est-à-dire mobiliser pour pousser, pousser les Eléphants jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’à la victoire.
Interview réalisée par Jean Kokoyia depuis Katiola