Après des dénonciations et faits jugés gravissimes portés contre l’actuel du village d’Abobo-Baoulé, Marc Akré Nandjui, la génération Tchagba de ce village monte encore au créneau pour fustiger pour la énième fois cette situation. Au cours d’une conférence de presse, samedi 22 février 2025, dans ce dit village, le porte-parole Hubert-Armand Assin, est revenu sur cette situation alarmante.
« Je porte à votre connaissance que nous avons introduit des recours d’annulation de son arrêté préfectoral. Le dossier est cours au Conseil d’Etat. Le sieur Marc Akré s’est fixé une date pour introniser M. Ahibé Assagou Michel comme Nanan le 28 février 2025.
Il a décidé de sa propre intronisation le 22 mars 2025. Nous, génération Tchagba, appuyée par la population d’Abobo, nous disons non à cette intronisation qui bafoue nos us et coutumes et prenons à témoin toute la communauté Atchan pour demander à Akré Nandjui Marc de renoncer à son projet contraire à nos us et coutumes », a déclaré Hubert-Armand Assin, porte-parole de la génération Tchagba d’Abobo-Baoulé.
Nous, génération Tchagba, appuyée par la population d’Abobo, nous disons non à cette intronisation
Selon lui, Marc Akré veut s’auto introniser, car lui et ses conseillers tapis dans l’ombre connaissent la vérité : sur le processus de choix du chef du village d’Abobo-baoulé.
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L’usurpation du titre de Nanan en pays Atchan
L’usurpation d’un titre de Nanan est mal vue et peut entraîner un rejet communautaire. En effet, la population peut et est en droit de refuser de reconnaître l’autorité du prétendu Nanan.
« Ahibe Assagou Michel n’est pas le doyen d’âge de notre village. C’est pourquoi nous allons nous opposer par tous les moyens légaux et coutumiers à son intronisation dans ce village. Il faut respecter et faire respecter nos règles traditionnelles sinon nous perdrons nos repères. Quels témoignages et quelles leçons de vie allons-nous transmettre aux générations futures ? », s’est interrogé la génération Tchagba.
Dans la tradition Atchan, le Nanan doyen d’âge ne se change pas…
L’usurpation d’un titre de Nanan en pays Atchan, estime le porte-parole des Tchagba, est impossible sans validation traditionnelle. « Dans la tradition Atchan, le Nanan doyen d’âge ne se change pas, tant qu’il est en vie. Son rôle est naturellement transmis au plus âgé vivant de la communauté une fois qu’il décède. Toute tentative de le destituer serait une entorse aux traditions », a-t-il dit.
Malédiction et rupture avec les ancêtres
Dans la croyance Atchan, le non-respect des traditions peut provoquer le courroux des ancêtres. Risque de malédiction ancestrale : une usurpation est perçue comme une trahison des coutumes. Les ancêtres, garants de l’ordre spirituel, peuvent « punir » la communauté par des événements malheureux (mauvais récoltes, décès inexpliqués, maladies).
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Selon eux, il peut y avoir perturbation des rites et cérémonies. Un Nanan illégitime ne peut accomplir les rituels sacrés. Cela peut entraîner une rupture dans la transmission des savoirs traditionnels. Et sans oublier le refus de reconnaissance par les autres Nanans : un Nanan usurpateur peut être exclu des réunions coutumières
Sanctions judiciaires et violences prévues
Dans certains cas, les conflits liés à l’usurpation d’un titre de Nanan peuvent conduire à des poursuites judiciaires. Selon les dépositaires Ebrié, les autorités traditionnelles légitimes peuvent saisir la justice pour fraude et usurpation d’identité coutumière. Précisant de ce fait que l’actuel Nanan Djonka a saisi le tribunal.
Un tribunal administratif, indique Assin, peut invalider la nomination et sanctionner l’usurpateur
Risque d’affrontements physiques peut subvenir, si le conflit prend de l’ampleur. Il peut entraîner des violences entre partisans et opposants. Des cas d’émeutes locales ont déjà été observés en Côte d’Ivoire dans des situations similaires.
Interrogé sur cette affaire, qui fait des bruits depuis plus d’un an, le chef Marc Akré Nandjui dit avoir eu des échanges avec l’autre partie à diverses occasions. Pour l’heure, il ne peut se prononcer sur ce sujet.
Pour rappel, depuis plus d’un an, la communauté villageoise d’Abobo-Baoulé et le chef Marc Akré sont à couteaux tirés. Entre autres, bâillonnement de la liberté de réunion et de manifestation ; refus d’autoriser les obsèques de l’ex-chef du village et l’assignation de la veuve ; plainte déposée au supérieur hiérarchique de Kouadio Allomo Daniel, membre de la génération Bléssoué pour avoir passé 8 jours en prison ;
une atmosphère de défiance et de division au sein des familles et des églises méthodiste et catholique ; une gestion familiale des finances du village d’Abobo-Baoulé ; pour le patrimoine foncier, à défaut de passation de charges avec l’ancienne chefferie, qu’il a par ailleurs assigné devant le juge des référés, Akré Marc a confectionné unilatéralement de nouveaux guides de lotissements déjà existants et communique des informations erronées aux contribuables etc.
Magloire Madjessou