La Plateforme des réseaux et faîtières de lutte contre le Sida et autres pandémies, lors d’une conférence de presse mardi 4 mars, a sollicité l’aide du gouvernement ivoirien, en vue de le soutenir à faire face à la situation des personnes vivant avec le Vih, surtout après le gel de l’aide américaine.
Gisèle Estelle Takalea, vice-présidente de la plateforme des réseaux et faîtières de lutte contre le Sida et autres pandémies, a appelé le gouvernement ivoirien à plancher de toutes urgences sur le cas des personnes vivant avec le Sida et les autres pandémies avant qu’il ne soit trop tard.
La porte- parole de ladite plateforme qui intervenait au cours d’une conférence de presse à son siège à Angré Cocody Abidjan a émis ce cri de détresse parce que la situation de ces personnes vulnérables devient de plus en plus désespérée. Vu que depuis l’avènement du président américain Donald Trump, la Côte d’Ivoire ne bénéficie plus de l’aide apportée à ces personnes vulnérables.
En effet, depuis son accession à la magistrature suprême des États-Unis, le 20 janvier 2025, le président Donald Trump a décidé de la suspension de l’aide américaine au secteur de la santé en Côte d’Ivoire.
« Cette suspension qui concerne notamment le Pepfar, (l’Usaid et le Cdc), entraîne des conséquences désastreuses sur la réponse au Vih, la tuberculose et la lutte contre le paludisme », a fait constater Gisèle Estelle Takalea.
Faisant le point de la situation, la conférencière a indiqué qu’une étude réalisée auprès de 72 structures sanitaires dans 94% des régions du pays, a permis de constater une rupture d’approvisionnement en ARV, mettant en péril la vie de milliers de patients ; une interruption des examens médicaux essentiels, affectant le suivi médical et le traitement.
une rupture d’approvisionnement en ARV, mettant en péril la vie de milliers de patients
L’étude a également permis de relever des difficultés à la prise en charge pour les populations clés. Seuls 61% des sites soutenus par le Pepfar continuent de prendre en charge les populations clés.
La suspension de l’aide américaine affecte le bon fonctionnement des activités des acteurs communautaires qui sont un maillon important dans la chaîne de sensibilisation, d’accompagnement psychologique, de surveillance et de suivi des engagements pris envers ces personnes vulnérables.
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Leurs actions sur le terrain souvent fragilisées par le manque de moyens se voient accentuées par cette décision du président américain.
L’appel de la société civile
Rappelons que le financement américain, via le Pepfar, représente 50 à 60 % du financement des services de santé pour les personnes vivant avec le VIh (PvVih) en Côte d’Ivoire. En somme, « le traitement de la tuberculose, du Sida, du paludisme dépend en grande partie du financement des partenaires », a fait remarquer amèrement Guéï Filbert, Pca du Rip+ (réseau ivoirien des personnes séropositifs) et membre de ladite plateforme.
Pour prévenir toutes éventualités, ladite plateforme, depuis plusieurs années a mené des plaidoiries auprès des autorités en vue de solliciter une augmentation du budget alloué à la santé. Mais leurs actions sont restées sans suite.
Ainsi, après le gel de l’aide américaine, ne sachant pas à quel saint se vouer, les membres de la plateforme au cours de cette rencontre ont appelé le président de la République Alassane Ouattara et le gouvernement à venir à leur secours en vue d’éviter une catastrophe.
Pour éviter une catastrophe sanitaire, nous demandons au gouvernement d’agir immédiatement
« Pour éviter une catastrophe sanitaire, nous demandons au gouvernement d’agir immédiatement (…) pour assurer la continuité effective des services de santé, (…) garantir l’approvisionnement en médicaments essentiels (Arv, tests diagnostiques, etc.) et contractualiser et finaliser immédiatement les acteurs communautaires ».
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A moyen terme, la plateforme souhaite l’augmentation du budget national de la santé pour atteindre au minimum 15 % du budget national et 5 % du Pib. La plateforme souhaite également que le secteur privé s’implique dans ce combat contre le Sida en y apportant sa contribution.
Pour cela, les membres de la société civile ont plaidé pour que les entreprises qui s’engageront à les soutenir soient exonérées de toutes taxes fiscales. Pour apporter une réponse vigoureuse dans la lutte contre le Sida, Gisèle Estelle Takalea et ses amis n’excluent pas l’idée de se tourner vers d’autres pays comme la Chine pour bénéficier de leurs soutiens.
Aka Ahoussi