135 cardinaux électeurs convergent actuellement vers Rome après l’annonce de la mort du pape François ce 21 avril 2025 pour participer au conclave et élire le prochain pape. Pietro Parolin, Anders Arborelius, Fridolin Ambongo… Voici sept cardinaux considérés comme ‘papabile’, c’est-à-dire susceptibles de succéder à François.
La mort du pape François lundi 21 avril 2025 met un terme au douze années de pontificat du pape François et ouvre la voie à l’élection de son successeur. Les 135 cardinaux électeurs convergent actuellement vers Rome pour participer début mai au conclave. Si le vote des cardinaux est secret et se fait dans la prière sous le regard de l’Esprit saint, certains noms circulent particulièrement. Voici sept d’entre eux considérés comme ‘papabile’, c’est-à-dire susceptibles de succéder à François.
Pietro Parolin
70 ans, Italien, secrétaire d’État du Saint-Siège
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège depuis 2013, est une figure centrale du pontificat du pape François. Discret, diplomate, souvent cité parmi les « papabile », il a assuré la continuité du gouvernement de l’Église durant les absences du pape. Né en Vénétie en 1955, ordonné prêtre en 1980, il entre dans la diplomatie vaticane en 1986.
En poste à Mexico en 1992, il joue un rôle clé dans la reprise des relations entre l’État mexicain et l’Église, après une longue période de tensions. Devenu sous-secrétaire pour les relations avec les États (2002-2009), il œuvre au dialogue avec des pays sensibles comme le Vietnam et la Chine. Nommé ensuite nonce au Venezuela, il parvient à désamorcer le projet d’Église nationale promu par Hugo Chávez. Ces succès diplomatiques renforcent sa réputation d’homme d’équilibre, ce qui incite François à le choisir comme bras droit à l’automne 2013.
Depuis, Parolin s’impose comme une figure incontournable, accompagnant le pape dans de nombreux déplacements et multipliant les missions diplomatiques. Il connaît bien la culture française et entretient des liens étroits avec les chancelleries européennes. Toutefois, son autorité interne a été limitée par la reprise en main des finances de la secrétairerie d’État et son implication dans l’affaire de l’« immeuble de Londres » suscite des interrogations. De plus, sa stratégie d’Ostpolitik, jugée parfois trop conciliante envers la Russie et la Chine, lui vaut des critiques, notamment en Europe de l’Est et aux États-Unis. Malgré ces zones d’ombre, Pietro Parolin reste l’un des visages les plus expérimentés et consensuels du Vatican. En cas d’élection, il pourrait prolonger l’héritage de François, tout en cherchant à apaiser une Église traversée par des tensions internes.
Pierbattista Pizzaballa
60 ans, Italien, patriarche latin de Jérusalem
Malgré sa jeunesse parmi les cardinaux, Pierbattista Pizzaballa est devenu une personnalité de poids dans le collège cardinalice. Patriarche latin de Jérusalem créé cardinal en septembre 2023, l’Italien voit la Terre sainte s’embraser quelques jours plus tard avec l’attaque le 7 octobre du Hamas contre Israël. Déjà reconnu pour ses qualités de bon administrateur, il prend une nouvelle dimension avec ce conflit durant lequel il apparaît comme un des rares acteurs de paix exerçant une vraie liberté de parole. Né en 1965 à Bergame, au nord de l’Italie, il entre dans l’Ordre des Frères mineurs franciscains à l’âge de 19 ans et est ordonné prêtre en 1990 avant de partir pour la Terre Sainte.
Enseignant à Jérusalem, maîtrisant couramment l’hébreu, il encadre la traduction en hébreu du missel romain. De 2004 à 2013, il est élu custode de Terre Sainte. De 2005 à 2008, il est aussi vicaire du Patriarcat latin de Jérusalem, pour la pastorale des catholiques de langue hébraïque en Israël. En 2016, le pape François le nomme administrateur apostolique du patriarcat – où il doit réorganiser la structure qui fait face à de graves problèmes financiers –, puis patriarche latin de Jérusalem en 2020.
Fin diplomate et travailleur rigoureux, le cardinal Pizzaballa devient l’émissaire privilégié du pape après l’attaque terroriste du 7 octobre du Hamas contre Israël. Sur place, il veille à protéger l’unité des Églises chrétiennes en Terre sainte dont le poids diminue. Vivant à Jérusalem depuis plus de 35 ans, l’Italien – à la personnalité parfois cassante – jouit d’un réseau mondial et d’une exposition évidente, la Terre sainte étant le lieu vers lequel convergent les regards de toute la chrétienté.
Péter Erdö
73 ans, Hongrois, archevêque d’Esztergom-Budapest
Malgré les persécutions contre les catholiques dans la Hongrie pro-soviétique, Peter Erdö est éduqué dans la foi par ses parents, et au contact d’un aumônier, découvre sa vocation. Il rentre au séminaire et se révèle excellent étudiant. Ordonné en 1975, il poursuit des études universitaires en histoire et en droit canonique. Il devient un professeur renommé, grimpe les échelons de l’université et, en 2000, est repéré par Jean-Paul II qui le nomme évêque auxiliaire du diocèse de Székesfehérvár, puis, deux ans plus tard, le propulse à la tête de la primature de son pays, l’archidiocèse de la capitale Budapest.
Excellent linguiste, administrateur compétent, il s’illustre aussi bien dans son diocèse que sur la scène européenne, faisant partie du groupe des évêques de grandes villes qui vont prôner la nouvelle évangélisation. Il est aussi engagé dans la lutte contre les persécutions contre les chrétiens en Occident et en Orient, et dans le dialogue avec les juifs. Homme de consensus mais défenseur de la doctrine, il est perçu dans ce rôle comme un “conservateur éclairé”. Malgré d’évidentes différences d’approche, sa loyauté à François pendant tout son pontificat a été remarquée, d’autant plus qu’il est le seul cardinal non-italien à avoir reçu le pontife argentin à deux reprises dans son diocèse, en 2021 et 2023.
Anders Arborelius
75 ans, Suédois, évêque de Stockholm
Premier cardinal de l’histoire de la Scandinavie, plutôt conservateur sur les questions morales, Anders Arborelius est l’un des noms régulièrement cités dans les listes de papabili, bien qu’il soit à la tête d’une toute petite Église. Protestant suédois converti au catholicisme par des religieuses dans sa jeunesse, Anders Arborelius décide de rejoindre les carmes déchaux après avoir lu sainte Thérèse de Lisieux. Ordonné à 30 ans, il est nommé évêque de Stockholm – et donc de toute la Suède – à 39 ans par Jean Paul II. À la tête d’une petite communauté dynamique, il s’investit beaucoup dans le dialogue œcuménique et voit son pays choisi par le pape François, en 2016, pour venir commémorer le 500e anniversaire de la Réforme protestante.
Un an plus tard, en 2017, Mgr Arborelius est élevé à la pourpre cardinalice par le pape François. Il devient alors le premier cardinal de l’histoire de la Scandinavie. Plutôt conservateur sur les questions morales, ce qui le différencie de ses interlocuteurs luthériens en Suède connus pour leur approche résolument réformiste, il fait partie des évêques ayant montré des réserves vis-à-vis du chemin synodal allemand. Il s’est investi dans la lutte contre les abus sexuels. Son nom est cité parfois comme un papabile, à son grand regret.
Luis Antonio Tagle
67 ans, Philippin, pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation
Décrit par certains comme un “Wojtyla philippin”, professeur et universitaire reconnu, réputé proche du pape François qui l’a appelé à Rome en 2019 pour mener la restructuration de l’actuel dicastère pour l’Évangélisation, Luis Antonio Tagle est aujourd’hui une des personnalités incontournables de l’Église. Ce petit-fils d’un immigré chinois a été formé en théologie aux Philippines et aux États-Unis. Prometteur, expert de l’ecclésiologie de Paul VI et du Concile Vatican II, il semble s’orienter vers une carrière d’enseignant et de théologien quand il est nommé évêque d’Imus, sa ville d’origine, puis catapulté archevêque de Manille à seulement 54 ans.
Lors du conclave de 2013, alors qu’il vient d’être créé cardinal, celui qu’on surnomme “Chito” dans son pays a été perçu comme un papabile, son positionnement positif et souriant séduisant les médias et le grand public. Pendant toutes ces dernières années passées à Manille puis à Rome, il a semblé parfaitement aligné avec le pape François sur la plupart des sujets (écologie, migrants, famille…). S’il est une personnalité largement appréciée par ses pairs, la mise sous tutelle de la Caritas, dont il fut le président jusqu’en 2022, et son effacement après la restructuration du dicastère pour l’Évangélisation la même année interrogent certains quant à ses capacités réelles de gouvernance. Il est actuellement pro-préfet de ce dicastère, une structure officiellement dirigée par le pape depuis juin 2022.
Fridolin Ambongo Besungu
65 ans, Congolais, archevêque de Kinshasa
Défenseur de l’État de droit en République démocratique du Congo (RDC), le cardinal Fridolin Ambongo est l’un des cardinaux africains les plus en vue dans l’Église catholique aujourd’hui. Président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar depuis février 2023, c’est lui qui a coordonné la réponse africaine à la déclaration du Vatican de décembre 2023 autorisant une bénédiction pour les couples homosexuels, et a obtenu une exemption pour son continent du pape François. Il était membre depuis 2020 du très resserré Conseil des cardinaux qui conseillait le pape François dans sa réforme de la Curie romaine.
L’homme au physique impressionnant, créé cardinal à seulement 59 ans, est devenu une figure de premier plan dans le paysage du gouvernement de l’Église universelle et le porte-voix du plus grand pays catholique d’Afrique, avec plus de 50 millions de fidèles. La venue en 2023 du pape François dans son archidiocèse de Kinshasa, 37 ans après celle de Jean Paul II, a placé la RDC sous les projecteurs médiatiques. Un succès pour ce cardinal très politique qui reste l’une des rares personnalités congolaises capables de trouver des relais à l’international pour dénoncer le chaos qui règne dans de nombreuses régions du pays.
Fernando Chomali
68 ans, Chilien, archevêque de Santiago du Chili
Le cardinal Fernando Natalio Chomalí Garib, archevêque de Santiago du Chili depuis 2023, incarne le réveil d’un catholicisme chilien qui était sorti très affaibli de la crise des abus sexuels. En 2018, alors archevêque de Concepcion, il a présenté sa démission, comme tous les évêques du pays, après l’explosion des scandales d’abus qui avait terni la visite du pape François. Mais le prélat aux racines familiales palestiniennes est finalement resté en poste, prenant fermement position en faveur de l’écoute des victimes et d’une profonde réforme de l’Église.
Ce prélat polyglotte, francophone et francophile, a su imposer sa voix sur la scène culturelle, médiatique et politique du Chili, notamment en assumant une présence décomplexée sur les réseaux sociaux. Ce spécialiste de bioéthique tient une position ferme face au gouvernement de gauche sur les questions sensibles de l’accès à l’avortement et à l’euthanasie qui agitent le débat politique.
Source : Aleteai.org