Le vendredi 4 septembre 2020, au Petit séminaire saint Augustin de Bingerville, père Norbert-Eric Abekan, curé de la paroisse Sainte Famille de la Riviera II Cocody, a repris en grande partie l’homélie du père Sinsin Bayo pleine de convictions et de responsabilités, à sa messe de requiem. Laquelle il prononçait avec joie, amour et dévouement avant que ne survienne le malaise.
Après l’explication des textes liturgiques et l’hommage rendu au maître de la parole, l’abbé Abekan est revenu sur l’homélie que le défunt père prononçait à Saint Jacques des II Plateaux avant qu’il ne pique la crise.
Le maître de la parole dans son homélie a indiqué que la place du prêtre dans l’actuelle société, où de plus en plus de personnes sont de véritables bourreaux pour leurs semblables. « Dans le contexte de notre pays tourmenté (…) dont beaucoup de fils et de filles se sont transformés en véritables mines anti-personnelles contre leurs propres frères, producteurs d’orphelins, de déplacés, de réfugiés et des millions d’endettés économiques », le prêtre selon lui, « doit être humble et exprimé la nécessité de vivre pour les autres ».
- Le vivre ensemble, « le prêtre doit le rappeler à tous sans avoir peur des représailles possibles, car l’enjeu est grand », a-t-il insisté.
Pour Jean Sinsin Bayo » des montagnes » si d’ ailleurs le vivre ensemble est une réalité, cela peut être possible en Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle il a appelé les prêtres à œuvrer dans ce sens quelle que soient les difficultés. Le vivre ensemble, « le prêtre doit le rappeler à tous sans avoir peur des représailles possibles, car l’enjeu est grand », a-t-il insisté.
C’est le 22 août 2020, lors de la messe d’action de grâce des 25 ans de sacerdoce du père Augustin Obrou que le théologien Sinsin Bayo prononçait cette homélie qu’il n’a pu, hélas, achever. Faisant une parallèle entre cette cérémonie et l’évangélisation de la Côte d’Ivoire, le père Sinsin Bayo a rappelé que cette année marque les 125 ans d’évangélisation de la Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle il a invité les chrétiens, les consacrés à se demander, « Qu’avons-nous fait de la puissance de notre foi, des sacrements reçus ? » En somme, il a invité les fidèles chrétiens à plus d’engagement à la suite du Christ pour exprimer leur foi.
- Qu’avons-nous fait ou que n’avons-nous pas fait pour que notre pays en soit là aujourd’hui ? Œuvrer pour un bon devenir de la Côte d’Ivoire est un défi à relever? ».
Aux acteurs politiques et à l’ensemble des Ivoiriens, il les a invités à se demander, « Qu’avons-nous fait ou que n’avons-nous pas fait pour que notre pays en soit là aujourd’hui ? Œuvrer pour un bon devenir de la Côte d’Ivoire est un défi à relever? ».
A lire aussi: Côte d’Ivoire, père Jean Sinsin Bayo (la voix enivrée de Dieu) repose à jamais au petit séminaire de Bingerville
Ajoutant « c’est de démontrer que nous aimons ce pays que nous voulons le construire dans nos diversités. Choisir que nous n’aimons pas ce pays et que nous voulons le détruire, c’est vivre et faire mourir les autres », a dit l’ex-professeur de théologie dogmatique qui attire l’attention des Ivoiriens sur le fait que le présent et l’avenir de ce pays dépend de nous tous. A ceux qui piétinent les droits des autres, manipulent les peuples ainsi que leur naïveté, il leur a souligné, qu’il existe un jugement dernier.
Face à tous ces maux, il a demandé aux prêtres « d’être une réponse à la souffrance des hommes, telle est notre mission commune au nom des hommes et au nom de Dieu. Telle est notre foi ». Telles sont les dernières paroles de la dernière homélie du père Jean Sinsin Bayo, qui a été conduit à sa dernière demeure le vendredi 4 septembre 2020 au petit séminaire de Bingerville.
Aka Ahoussi