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A 3 mois de la présidentielle 2025 : Les évêques catholiques encore inquiets…souhaitent « le recours à des arrangements »

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Ignace Cardinal Bessi (à gauche), Mgr Marcellin Yao (au milieu), Mgr Yedo Bruno (juste après Mgr Yao) et enfin Mgr Amiezi, évêque d'Odienné/Ph Credo

A quelques mois de la présidentielle d’octobre 2025, l’atmosphère socio-politique n’est pas rassurant. Mieux, il est très angoissant pour nombre d’Ivoiriens. Après des appels faits, il y a des mois, les archevêques et évêques de Côte d’Ivoire montent au créneau, dans une lettre pastorale, pour interpeller le pouvoir et la classe politique sur des élections apaisées et inclusives. Ce mardi 29 juillet 2025, au siège de la Conférence épiscopale, sis à Riviera Cocody-Abidjan, les évêques catholiques ont, à nouveau, interpellé le pouvoir Rhdp sur les élections présidentielles en Côte d’Ivoire.

« C’est dans cette perspective (…) nous archevêques et évêques catholiques de Côte d’Ivoire, toujours très attentifs aux pulsations de la société, au climat de crispation et à l’ambiance délétère qui se dégage de l’espace politique, consécutivement à l’absence de dialogue porteur de consensus salutaire, nous autorisons à vous adresser la présente lettre pastorale », a déclaré, mardi, Mgr Marcellin Yao Kouadio, évêque du diocèse de Daloa, par ailleurs, président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cec-CI).

Qui avait à ses côtés Ignace Cardinal Bessi Dogbo, archevêque métropolitain d’Abidjan, Mgr Bruno Yedo, vice-président de la Cec-CI et Mgr Clément Amiezi, évêque du diocèse d’Odienné.

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Le contexte politique et juridique ivoirien rend difficile, selon les évêques de Côte d’Ivoire, voire impossible le service public électoral. Le processus électoral, en Côte d’Ivoire, est marqué par une sorte de flux et de reflux caractérisé par l’amateurisme de l’administration électorale, la fraude et la violence, qui alourdissent le climat social et politique.

La concurrence électorale reste de forme, explique Mgr Marcellin Yao Kouadio, et réduit ainsi l’idée d’élection à sa plus simple expression et pose, du coup, d’énormes défis quant à la stabilité politique et sociale de la Côte d’Ivoire.

« en privilégiant le recours à des arrangements. On envisagera ainsi des élections inclusives et apaisées »

Par ailleurs, les évêques catholiques de Côte d’Ivoire invitent les organismes en charge des élections et les acteurs politiques à aborder les choses en tenant compte du bon sens politique dans le contexte actuel, et « en privilégiant le recours à des arrangements. On envisagera ainsi des élections inclusives et apaisées ». En la matière, il y a, « certes, les règles juridiques, mais il y a aussi le bon sens politique ».

Cas ivoirien : élection

Les évêques et archevêques catholiques de Côte d’Ivoire, depuis des années, et voyant le contexte ivoirien, sont constitués en défenseurs de droits de l’Homme pour les Ivoiriens. Avec cette élection présidentielle d’octobre 2025, les signaux inquiètent les prélats.

Pourquoi l’élection d’un président de la République, qui est un moment de mobilisation, d’expression de la démocratie et de la participation à la vie politique, fait-elle penser à un moment d’aveuglement collectif par la fréquence et la gravité des conflits multiformes, des violences et des crispations prononcées qui l’accompagnent? Aussi, se demandent-ils pourquoi les Ivoiriens n’arrivent pas à se départir de ce qui entache l’harmonie et la fraternité ?

Selon l’analyse faite des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, en 2000, 2010 et 2020, tous les acteurs politiques n’ont eu de cesse de proclamer les idéaux démocratiques, alors que dans les faits, c’est la violence et crises qu’ils présentent à la population. Partout, les crises à répétition, les violences, les fraudes, la corruption, l’exclusion, soutenues par des porteurs de trompettes de Jéricho ethno-tribales, assombrissent l’ambiance électorale.

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Ignace Cardinal Bessi Dogbo et les évêques catholiques de CI/Ph Credo

Les élections présidentielles en Côte d’Ivoire, estiment les évêques catholiques, n’ont presque jamais été apaisées. Même celle de « 2015 apparait apaisée quand on néglige le niveau de peur et de crainte qui habite les populations en rapport avec les souvenirs douloureux des élections de 2010 ».

Aujourd’hui l’atmosphère délétère et les crispations, à les en croire, laissent envisager des élections non inclusives…

Aujourd’hui l’atmosphère délétère et les crispations, à les en croire, laissent envisager des élections non inclusives, au regard des problèmes déjà posés concernant la crédibilité de la liste électorale, l’éligibilité, la crédibilité de la Cei. La Cei, qui est organe chargé des élections, et d’après les évêques, « ne nous éloigne pas des contestations et éventuellement des violences ».

En cette période sensible marquée par l’élection présidentielle d’octobre 2025, les évêques nous invitent à œuvrer pour que ces idéaux se réalisent, et surtout éviter de nous adonner aux calomnies et aux diffamations. De plus, ils enjoignent de nous éloigner de ce qui « sent la haine, la violence, la guerre et à préserver la sacralité, l’inviolabilité et la dignité de la personne humaine ».

Processus électoral en Afrique

en Afrique et, notamment, en Côte d’Ivoire, une atmosphère lourde, parfois difficile à surmonter.

La réalité des processus électoraux fait peser sur les populations, estiment les évêques, en Afrique et, notamment, en Côte d’Ivoire, une atmosphère lourde, parfois difficile à surmonter. L’interaction entre les normes, les acteurs et les institutions n’est pas toujours linéaire.

« Cette situation, bien souvent, est porteuse de germes de crises et de violences, à la fois, dans les phases préélectorales, électorales et postélectorales », ont dénoncé les évêques.

Les archevêques et évêques catholiques ont passé au peigne fin, enfin, les caractéristiques de cette crise électorale. A savoir la démographie, la faiblesse de la culture démocratique et politique, les médias ; l’inefficacité de la société civile ; le phénomène de la corruption etc.

Magloire Madjessou

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