Depuis jeudi 7 août 2025, se tient un colloque international de la vie religieuse en Afrique, à l’Institut de théologie de la compagnie de Jésuites (Itcj) à Angré Cocody-Abidjan. Lequel est organisé par le Centre de counseling professionnel et pastorale clinique (Copac). Des religieuses et prêtres continuent d’y apporter des solutions sur la vulnérabilité et le rayonnement de la vie religieuse féminine en Afrique. Dont le thème intitulé est : « Fragilité et rayonnement de la vie religieuse des femmes en Afrique ».
Depuis octobre 2021, le Pape François a lancé le synode sur la synodalité. Depuis lors, les églises particulières en Afrique et dans le monde essaient de donner des réponses sur les initiatives et expériences vécues.
En Côte d’Ivoire, le père Jean Messingué, directeur du Centre de counseling professionnel et pastorale clinique (Copac), et instigateur de ce colloque international, a indiqué que l’idée de cette conférence vient de la synodalité et les pratiques élaborées lors des assises sur la synodalité. Selon lui, il importe de tester ces pratiques au sein de toutes les communautés chrétiennes.
Cependant, constatant que « le christianisme évolue en Afrique, ou l’avenir du christianisme est en Afrique. Au même moment, on voit que les congrégations féminines connaissent une baisse de vocation. Pendant que les chrétiens augmentent et que l’Occident demandent aux congrégations féminines en Afrique de leur envoyer des religieuses. Parce que les sœurs occidentales sont en nombre inférieurs.
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Ici, les vocations ont commencé a baissé. Cela nous interpelle…
Ici, les vocations ont commencé a baissé. Cela nous interpelle…Réfléchissions à cette problématique », a expliqué le père Messingué, tout en soulignant que des pays pilotes comme le Burkina Faso, le Sénégal, le Cameroun, la Rd Congo et la Côte d’Ivoire participent à cette rencontre continentale.
A l’en croire, on est dans une perspective d’explorations. A savoir des thématiques sur le leadership, la famille, l’autonomisation des femmes, la vie communautaire et sa qualité, la collaboration au niveau de l’Eglise catholique etc.
Santé mentale
Prof Médard Koua, directeur du Programme national de la santé mentale, est intervenu sur la question de la santé mentale dans la vie des religieuses. Pour le Professeur Koua, les religieuses jouent un rôle de soutien psychologique des familles, et pour que ce soutien soit durable, elles doivent renforcer leurs compétences.
Elles vivent en communauté, et les relations interhumaines sont souvent confligènes
« Elles ont besoin d’être épanouies en tant que femme, au-delà d’être religieuse. Elles vivent en communauté, et les relations interhumaines sont souvent confligènes. Elles ont besoin de prendre soin de leur bien-être psychologique pour que l’environnement communautaire soit apaisé », a-t-il souligné.
Selon lui, une religieuse doit être attentive à la santé mentale de sa consœur. Par contre Dr Koua prévient, si la religieuse n’est pas en bonne santé mentale, cela peut déstabiliser l’équilibre de la communauté et avoir un mauvais regard des chrétiens sur la question de la vie religieuse et décourager les jeunes filles à y intégrer.

Quant à Sr Marie Bernadette Roamba, de la Communauté de l’Immaculée conception de Ouagadougou (Burkina Faso), elle a relevé les défis concernant la vie consacrée en Afrique.
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Les religieuses sont imprégnées dans tous les secteurs de la vie en société, précise-t-elle, et tout ce qui contribue à donner vie à l’Homme. Pour elle, il y a les défis du peu de nombre de consacrés, de la non-acceptation des religieuses et de leur compétence pour la vie de l’église et de la société.
notamment donner plus à la femme consacrée africaine sa place dans l’Eglise ; les femmes consacrées sont aussi appelées à prendre leur place…
A propos des suggestions, Sr Roamba a préconisé un plus grand rayonnement de la vie de consacrés en Afrique, notamment donner plus à la femme consacrée africaine sa place dans l’Eglise ; les femmes consacrées sont aussi appelées à prendre leur place ; apporter ce qu’elles ont de spécificités à la femme la vie de l’Eglise.
Inculturation en Afrique
L’aspect de l’inculturation en Afrique a été développé par la sœur Josée Ngaloula de la communauté Saint André de la RDC, et docteur en Théologie dogmatique en visioconférence.
Selon Dr Ngaloula, chaque personne qui entre dans la vie religieuse porte en elle une matrice de base culturelle acquise depuis sa naissance. Chaque personne assimile les éléments de sa culture de façon originale, dit-elle, une distance éthique par rapport à d’autres, et en cultivant une ouverture seule et étroite vis-à-vis de d’autres cultures etc.

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Quand une personne entre dans la vie religieuse, cette dernière fait donc partie d’une culture ou plusieurs sous-cultures au sein de la société. Comme catholique, elle peut avoir été forgée par la spiritualité mariale ou d’un mouvement charismatique. L’inculturation donne à l’Etre humain, souligne Dr Ngaloula, des racines culturelles sur lesquelles vont se greffer de la créativité humaine dans le temps et l’espace.
Entrée dans la vie religieuse, insiste-t-elle, c’est intégrer une sous-culture faite d’habitudes liées à la réalisation concrète du vécu de l’apostolat, du charisme etc. Par ailleurs, une inculturation dans la vie religieuse a échoué, fait-elle remarquer, lorsque le vécu du charisme de la Congrégation, de l’apostolat et de la vie communautaire sont des lieux de contre témoignage.
Ce Colloque international sur la vulnérabilité et le rayonnement des religieuses prend fin, demain, samedi, à l’Itcj Cocody Abidjan.
Magloire Madjessou