Serge Bilé est journaliste et écrivain franco-ivoirien et suit de près l’actualité politique de son pays. Sur sa page Facebook, ce jeudi 1er avril 2021, il donne son impression et parle d’une humiliation pour la procureure Bensouda.
Même si elle s’en défend, la procureure de la Cour pénale internationale a fait sciemment pendant près d’une décennie le jeu d’Alassane Ouattara en axant son enquête, comme son prédécesseur Luis Moreno-Ocampo, uniquement sur l’ancien chef de l’Etat ivoirien, alors que les deux camps Gbagbo et Ouattara ont commis des exactions lors de la crise post-électorale de 2010. Je rappelle à ce propos dans mon livre « Mes années Houphouet », les deux rapports publiés par Amnesty International et la commission d’enquête de l’ONU, respectivement les 25 mai et 10 juin 2011.
Le parti pris de la CPI a sacrifié la cause légitime des familles des victimes, non seulement de la crise présidentielle mais aussi des années de plomb inaugurées par la rébellion de 2002. L’échec de Bensouda est également celui de la prétendue communauté internationale qui a des indignations à géographie variable.
Elle conteste par exemple la réélection du président biélorusse, jugée frauduleuse, et réclame la libération des prisonniers politiques dans ce pays. Dans le même temps elle cautionne des troisièmes mandats anticonstitutionnels en Afrique et laisse croupir en prison sans rien dire des militants prodémocratie sur ce continent.
En 2010, entre le marteau des pro Ouattara et l’enclume des pro Gbagbo, quelques uns d’entre nous avaient appelé publiquement à reprendre le scrutin, mais les armes et les bombes en décidèrent autrement, mettant fin à nos illusions.
Quoi qu’il en soit, Laurent Gbagbo doit aujourd’hui rentrer chez lui. Le pouvoir actuel à Abidjan serait mal intentionné de lui chercher des poux, alors que le climat général reste instable et fragile. Il y a un temps pour faire la guerre et un temps pour faire la paix…
Source : Afriksoir