Yoboué Affoué Ahoutou Brigitte connue sous le pseudonyme de Brigitte de Djébonoua, présidente de l’Ong « Progrès universel », est âgée de 57 ans et évoluant dans le secteur de la restauration et agricole. Coachée par le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocof-Ci), elle a séduit une structure française par sa bravoure et son abnégation à développer plusieurs activités commerciales et agricoles pour freiner la pauvreté dans la ville de Djébonoua, située à 20 km de Bouaké (centre).
Dans quel secteur d’activités évoluez-vous dans la ville de Djébonoua ?
Je travaille dans plusieurs secteurs d’activités. J’ai choisi mon village Djébonoua en ciblant un secteur d’activités bien définit. J’ai vu que dans cette communauté, on ne parle que de pauvreté. Pour moi, il n’y a pas de pauvreté. Quand je me suis retirée, en 1984, il n’y avait pas de restaurants à Djébonoua. Lors des grandes rencontres, les parents avec leurs invités ne savaient où se restaurer dans la ville. Ainsi, j’ai créé le premier maquis dans cette ville appelé « Aime ton prochain ».
Cette activité que j’ai créée a permis à beaucoup de femmes de s’installer et d’être autonomes financièrement. J’ai un niveau 3e, et lorsque mon père désirait que je sois sage-femme, je lui ai répondu que je préfère être à mon propre compte. Mon père n’a pas accepté ma proposition. Mais quand j’ai ouvert le maquis, le père était enthousiaste et restait là de jour comme de nuit. Cela m’a donné une valeur à ma première activité. Avant les femmes partaient d’un village à un autre pour cultiver le manioc.
- Cette activité que j’ai créée a permis à beaucoup de femmes de s’installer et d’être autonomes financièrement. J’ai un niveau 3e.
Elles parcouraient plus de sept kilomètres, avec le manioc sur leurs têtes, pour regagner leur habitation. J’ai fait un travail de sensibilisation dans les 53 villages en informant les habitants que si Dieu permet la pluie, chez toi, tu peux faire l’agriculture. Le fait que beaucoup de femmes aujourd’hui cultivent le manioc est à mettre à notre actif.
J’ai également fait une unité de transformation de riz parce que certains cultivateurs sont obligés de venir jusqu’à Bouaké, en y mettant deux jours voire plus pour résoudre ce problème. Notre Ong Progrès universel vient à la rescousse de ces femmes et jeunes qui sont confrontés aux problèmes de la terre.
Expliquez-nous comment s’est fait cette collaboration entre vous et le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire ?
Madame la ministre Euphrasie Yao Kouassi, par ailleurs, Coordonnatrice du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocof-Ci), a décidé de lancer ses activités dans la région du Gbêkê en rendant visibles les femmes du milieu rural.
Elle s’est associée au corps préfectoral de la région pour asseoir le Comité régional de recensement et d’identification. Une fois l’opération lancée, le sous-préfet de Djébonoua, Touré, qui m’a proposé aux agents en affirmant qu’il connait une dynamique, brave femme du nom de Brigitte de Djébonoua. Des journalistes et des personnes étrangères ont même fait des enquêtes et conclu que cette dame est irréprochable par son dévouement et sérieux au travail.
- Une fois l’opération lancée, le sous-préfet de Djébonoua, Touré, m’a proposé aux agents en affirmant qu’il connait une dynamique, brave femme du nom de Brigitte de Djébonoua.
Votre dévouement et abnégation au travail a permis qu’une structure française prenne langue avec vous depuis votre village Djébonoua pour une formation à Abidjan. Comment s’est fait cette rencontre avec la structure ?
C’est par le travail que cette structure m’a approché à travers un coup de fil depuis la France. Mon interlocuteur m’informe que vous êtes invitée à Abidjan, à une réunion d’affaires, avec d’autres pays. J’avoue que je ne m’attendais pas à avoir une communication venant de si loin. Je lui ai posé la question qu’est-ce qui vous a donnez mon nom ?
Il a pu avoir sur le net que le Compendium a formé de vaillantes femmes leaders rurales- dont ma modeste personne- qui excellent dans plusieurs domaines de l’agriculture, dans les animations communautaires, etc. Le monsieur s’appelle Eric Bassin et travaille dans le domaine du numérique. Grace à cette formation acquise du numérique, je peux appeler et nouer des affaires en ligne, avec des potentiels partenaires économiques tant africains et qu’européens.
D’ailleurs, après cette formation à Abidjan, il nous a invitées, très prochainement, en Europe pour avoir des partenariats. Je pense que c’est ce qui est intéressant. Car lorsque vous vous travaillez et que vous n’avez pas de partenaires, il vous est difficile d’avancer dans votre travail. Moi, j’ai une panoplie de projets, et disposer de sponsors, je pense qu’on parlera plus de guerre dans notre beau pays, la Côte d’Ivoire.
- Grace à cette formation acquise du numérique, je peux appeler et nouer des affaires en ligne, avec des potentiels partenaires économiques tant africains et qu’européens.
Samedi 21 décembre, au Centre Jacques Aka de Bouaké, vous aviez été décorée, par le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire, en tant que championne du développement dans la région du Gbêkê, dans le top 70 sur les 502. Quel commentaire faites-vous ?
C’est une joie immense parce que quand vous travaillez avec abnégation et dévouement, il y a la récompense qui s’en suit. A cette fin d’année, surtout à la veille de Noël, je tiens à exprimer ma reconnaissance et ma gratitude à la ministre Euphrasie Yao Kouassi, qui a organisé cette activité pour que nous soyons reconnues sur le plateau de Bouaké.
Je prie Dieu pour elle pour que son projet connaisse un engouement incommensurable auprès des femmes de Côte d’Ivoire, à travers l’autonomisation et la paix. Elle se bat et prône sans cesse, depuis des années, à promouvoir cette nouvelle identité de la femme ivoirienne. Aussi, voudrais-je inviter le gouvernement ivoirien à soutenir, en mettant plus de moyens pour le Compendium des compétences féminines, afin de développer encore les régions du pays. Car, s’il y a du travail dans les villages, on ne parlera plus de pauvreté en Côte d’Ivoire.
- Je prie Dieu pour elle (la ministre Euphrasie Yao, Ndlr) pour que son projet connaisse un engouement incommensurable auprès des femmes de Côte d’Ivoire, à travers l’autonomisation et la paix.
Vos perspectives après cette distinction ?
Le travail doit continuer pour moi. Nous avons deux ans pour impacter nos sœurs par les activités et notre communauté. Je me battrai pour avoir la première place et faire sortir ma région de la léthargie.
Entretien réalisé à Bouaké par Magloire Madjessou