Mardi 14 janvier 2020, la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Ceci-Ci) a ouvert les assises de la 114e Assemblée plénière au Centre diocésain de spiritualité de Lataha, une sous-préfecture située à 15 km de Korhogo (nord). Du mardi 14 au dimanche 19, l’épiscopat va débattre des sujets d’actualité comme communion, réconciliation et élection en 2020.
A neuf mois de la présidentielle du 25 octobre 2020, les évêques de Côte d’Ivoire, depuis la dernière Assemblée plénière tenue, le 23 juin 2019, à Agboville, et récemment, en novembre, pour la semaine dite de réconciliation (l’Avent), multiplient des appels et messages à la paix et la réconciliation.
Réunis à la 144e Assemblée plénière pour cette nouvelle année charnière pour la Côte d’Ivoire, avec en ligne de mire, les élections, l’épiscopat ivoirien conscient encore du rôle avant-coureur et avant-gardiste a, à l’ouverture de cette assise, à la paroisse Saint Jean Bosco Tiékéleso de Korhogo, décidé d’interpeller à nouveau les acteurs politiques et hommes de bonne volonté sur la nécessité de travailler à la vraie réconciliation pour qu’advienne plus jamais le mauvais et périlleux épisode de la crise de 2010.
« La réconciliation nous interpelle et interpelle notre foi. Les ivoiriens attendent une parole ; les ivoiriens attendent une action (…) » dixit Mgr Ignace Bessi.
«La réconciliation nous interpelle et interpelle notre foi. Les ivoiriens attendent une parole ; les ivoiriens attendent une action. La réconciliation adviendra si nous lui organisons, au nom de nos croyances, un bel espace qui l’accueille. Recherchons ensemble la réconciliation et poursuivons-la! », a déclaré Mgr Ignace Bessi Dogbo, président de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire, par ailleurs, évêque du diocèse de Katiola, à la messe d’ouverture.
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Sachant que le chemin qui mène à cette réconciliation est parsemée d’embûches, Mgr Ignace Bessi Dogbo exhorte, néanmoins, le corps du Christ. « Aussi dur que soit le chemin de la paix par la réconciliation, marchons-y ! », dit-il. Et de conclure : « C’est le chemin d’honneur et des courageux ».
En Côte d’Ivoire depuis la formation des partis politiques, ces dernières années, pour l’accession à la magistrature suprême, des leaders de partis donnent le sentiment à leurs militants qu’ils se reconnaissent et partagent mieux leur vision politique que d’autres. D’où l’on assiste à des qualificatifs comme « pro ». Pour les évêques, il est plutôt préférable d’être des adeptes de la réconciliation. « Cessons d’être des « pro » un tel, des « pro » un tel autre ! Devenons des pro-réconciliation ! », a-t-il conseillé.
« Eviter des procès »
Au mois de décembre 2019, des partisans de Soro Guillaume, ex président de l’Assemblée nationale et leader du mouvement citoyen Générations et peuples solidaires (Gps) sont arrêtés et incarcérés dans des prisons du pays. Ceux-ci seraient accusés de troubles à l’ordre public, divulgations de fausses nouvelles, etc. Alors qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence selon la Justice ivoirienne.
Cette situation politique morose et plus que délétère inquiète davantage tous les Ivoiriens, en particulier les évêques, et pourrait évidemment mettre en péril l’organisation de la présidentielle d’octobre. Pour l’évêque de Katiola, et s’inspirant du livre des Proverbes 20,3 « c’est un honneur pour l’homme d’éviter des procès ». Avant de s’interroger en ces termes : « Pourquoi prendrons-nous des chemins de déshonneur, de procès qui, dans le contexte qui est le nôtre, peuvent être paradoxalement des chemins d’injustice, aussi justes qu’ils puissent paraitre ? ».
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La Conférence épiscopale estime que par son ministère et le service qu’elle puisse rendre à la société ivoirienne est de la supplier en vue de la réconciliation avec Dieu.
Les sujets abordés
Avant la célébration de cette eucharistie, Mgr Ignace Bessi a jeté les bases des travaux en situant ses pairs sur le thème, à savoir : « la Communion au service de la réconciliation ». Lequel thème s’appuie ou est en parallèle à l’appel du pape Benoît XVI dans « Africae munus ». Pour l’évêque de Katiola, la réconciliation consiste à rétablir la communion rompue. « Malheureusement, beaucoup d’obstacles se dressent sur le chemin de la réconciliation. L’obstacle fondamental à la réconciliation est le manque sincère des antagonistes », a décrié le président de la Conférence.
La Communion au service de la réconciliation, thème central de cette 114e assemblée plénière dont surgiront des réflexions sur la réconciliation, la communion, les élections de 2020, la Commission électorale indépendante (Cei), les abus sur les mineurs et personnes vulnérables, la péréquation nationale, l’évaluation du Plan d’actions stratégiques pour la communion et l’autonomie 2017-2023.
Magloire Madjessou