Depuis des décennies, des milliers de parents d’élèves confient l’instruction de leurs progénitures aux écoles catholiques, où sont dispensées le programme scolaire du ministère de l’Education nationale et la doctrine sociale de l’Eglise. En Côte d’Ivoire, la rentrée scolaire prévue, le 10 septembre de chaque année, depuis quelques temps, convainc les parents à réaffirmer leur confiance en ces écoles catholiques de renommée.
Le sérieux, la rigueur et le succès. Des maîtres mots incitant impérativement les parents d’élèves à inscrire leurs enfants dans les établissements catholiques de Côte d’Ivoire. Ce contrat de confiance entre parents et écoles se perpétue depuis des décennies, et continue d’impacter positivement sur le rendement scolaire des enfants.
Esther Kouassi a deux enfants inscrits au Groupe scolaire primaire catholique Saint Etienne de Koumassi, à Abidjan « Mes deux enfants y sont parce que cette école primaire catholique a la réputation de bien enseigner les élèves, avec un bon suivi et encadrement du corps enseignant », soutient-elle. « Cette année, ils y sont inscrits au Cours moyen 2è année (Cm2) pour composer en juin 2020, le Certificat d’étude primaire et élémentaire (Cepe). Je reste convaincue qu’ils auront leur examen et poursuivront dans un lycée ou collège sachant que la base a déjà été assurée par les instituteurs », assure Esther.
Bintou, musulmane, a décidé, d’inscrire depuis maintenant quatre ans, ses enfants au Collège catholique Notre Dame d’Afrique de Bietry de Marcory (Abidjan). « L’école Notre dame d’Afrique de Bietry jouit d’une notoriété par la qualité de l’enseignement dispensé et d’une discipline imposée aux élèves, explique-t-elle. Aujourd’hui, l’école ivoirienne véhicule des enseignements aux rabais qui ont un fort impact sur l’instruction et la formation de nos enfants ». Avant de reconnaître que « si les écoles catholiques n’avaient pas été créées, il serait difficile à la Côte d’Ivoire de former et d’en disposer des cadres compétents pour son développement ».
La doctrine sociale de l’Eglise, un vecteur de succès
Les écoles catholiques, en plus du programme du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, proposent également des formations humaine et spirituelle basées sur la doctrine sociale de l’Eglise catholique. « Les institutions éducatives catholiques peuvent et doivent remplir un précieux service de formation, en s’engageant avec une sollicitude particulière en faveur de l’inculturation du message chrétien, c’est-à-dire de la rencontre féconde entre l’Évangile et les divers savoirs », stipule la doctrine sociale de l’Eglise, N°532.
Le Collège catholique Saint Jean Bosco de Treichville s’est inscrit dans cette logique de formation depuis des années. « Nous organisons des formations humaines et religieuses-une fois dans la semaine- qui concernent tous les élèves de diverses confessions religieuses. Celles-ci n’ont rien avoir avec la catéchèse, qui elle est beaucoup ciblée », explique Wolgang Kouamé Adela, religieux marianiste et économe du collège St Jean Bosco de Treichville.
« Au second cycle, nous apprenons aux élèves la responsabilité, la conscience, l’avortement, etc. Quant au premier cycle, nous les enseignons les dix commandements de Dieu, la corruption, en nous référant à la Bible et au Coran », précise-t-il. Le Groupe scolaire catholique de Saint Etienne de Koumassi propose au cours de l’année, la catéchèse, des messes et des récollections aux élèves. « Certes, nous recevons des élèves autres que catholiques dans cette école, mais nous demandons aux autres élèves musulmans et évangéliques de participer à la messe et aux activités chrétiennes organisées par l’école », raconte Hélène Mouanta, directrice de l’école primaire catholique Saint Etienne Koumassi A.
La réputation des écoles catholiques
D’années en années, les écoles catholiques sont en pole position parmi les résultats scolaires en Côte d’Ivoire. Ces meilleurs résultats scolaires au niveau national sont le fruit du sérieux et la qualité de l’enseignement dispensé aux apprenants. Selon les statistiques de la Direction nationale de l’enseignement catholique (Dnec), en 2017-2018, 113.986 élèves ont été inscrits sur un total de 485 établissements catholiques et 2019-2020 soit 19 236 élèves inscrits.
Les derniers résultats aux examens scolaires de cette année confortent davantage sa position de leader national. Pour le Cepe, 99,67% pour les institutions catholiques contre 95,35% au niveau national. Quant au Bepc, elles obtiennent 85,41% contre 53,17% au niveau national pour un écart de 32,24%. Concernant le Bac, le pourcentage n’a pas été fourni par la Dnec. Par contre, pour l’année scolaire 2015-2016, les écoles catholiques ont obtenu 71,01% au Bac contre 42,38% sur le plan national, soit un écart+ 28,63%. Pour l’année scolaire 2019-2020, au Bepc, on note un taux de réussite de 85,41% soit un écart de 32,24. Au Bac, les écoles catholiques obtiennent 64,75% du taux de réussite contre 40,08% au plan national, soit un écart de 24,67.
Les écoles catholiques jouissent d’une notoriété dans l’enseignement dispensé avec de bons résultats. « Nous mettons l’accent sur la discipline et le travail bien fait. Ces valeurs fondent la crédibilité et la force de l’enseignement catholique », se convainc Adela Kouamé, économe au Collège Saint Jean Bosco de Treichville.
Abordant sur la même lancée, Blé Bouabré Emma, directrice de l’école primaire catholique Sacré Cœur de Vavoua, affirme sans ambages que la rigueur et le suivi constituent les critères de réputation des écoles catholiques en Côte d’Ivoire.
« Nous avons des contacts permanents avec les parents d’élèves lorsque l’enfant ne travaille pas bien en classe ou à un mauvais comportement. Nous essayons d’échanger avec lui, en donnant des ingrédients pour qu’il s’améliore dans les études », confie-t-elle, en déclarant que l’école Sacré Cœur occupe le 1er rang au niveau de la ville. « Nos instituteurs, bien que n’ayant pas fait le Cafop, sont constamment formés et participent, sans exception, aux séminaires de formation ou de renforcement de capacités ».
La rentrée scolaire annoncée par le ministère de l’Education nationale, le 10 septembre, ne sera pas effective en raison des contraintes pédagogiques avancées par des établissements catholiques. « Nous faisons la rentrée du personnel le 10 septembre, qui sera suivie de formations. Pour les classes d’examens, elles feront leur rentrée progressivement en Côte d’Ivoire. Pourquoi les parents d’élèves plébiscitent les écoles catholiques, le 17 septembre et le 19 les classes intermédiaires? », justifient des directeurs d’écoles catholiques.
Les frais d’écolages
Ils constituent un vrai dilemme pour des parents souhaitant faire bénéficier une instruction de qualité à leurs progénitures. Les frais d’écolages jugés trop élevés par les parents, et pire, s’augmentent à chaque rentrée des classes.
Fatou Dia, une parente d’élève, estime que la scolarité dans les écoles catholiques est extrêmement coûteuse. « La scolarité dans les écoles catholiques est très chère et n’importe quel parent qui veut une éducation réussie pour son enfant ne peut se permettre ce luxe », fait-elle savoir. Sur les prix élevés des frais d’écolages, l’économe du Collège Saint Jean Bosco de Treichville, Adela Wolgang, se défend, en soulignant, entres autres, la panoplie de charges fixes, le manque de subvention de l’Etat, voire du Vatican.
Magloire Madjessou
Moh Coutou Cyprien, Secrétaire exécutif national adjoint chargé de la Pédagogie des écoles catholiques
« Tout réside dans la méthode de travail »
Depuis des décennies, les parents d’élèves optent, chaque année, pour les écoles catholiques pour l’inscription de leurs enfants. Y a-t-il une explication ?
En termes d’explication, je pense qu’il faut voir d’abord l’organisation de l’éducation catholique. Celle-ci est organisée autour de l’Eglise catholique. Dans chaque diocèse, vous avez une organisation en place qu’on retrouve au niveau national, organisation animée par le Secrétaire exécutif en charge de l’éducation nommé par la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire. L’école catholique en Côte d’Ivoire, c’est au total 436 écoles : 97 écoles préscolaires ; 343 écoles primaires ; 62 établissements secondaires, 5 techniques ; 27 établissements de formations professionnelles et 2 établissements supérieurs techniques.
Ces 436 établissements sont repartis dans les différentes provinces ecclésiastiques, dont 4 au total. Ces établissements que je viens de citer, vous trouverez que 31% dans la province ecclésiastique d’Abidjan ; 26% à Bouaké ; 33% à Gagnoa et 10 % à Korhogo. Tous ces établissements s’occupent de la formation d’environ 130 074 enfants. Principalement, c’est au primaire et au secondaire qu’on retrouve les plus gros effectifs.
Parlant, justement d’explication, je pense que cette question devait être posée aux parents d’élèves, qui pouvaient dire eux-mêmes pourquoi ils choisissent chaque année l’école catholique. Mais, nous, par rapport à notre organisation, nous mettons l’homme au centre de la formation. Nous ne cherchons pas à former des têtes pleines, mais des têtes bien faites. Les travaux dans nos établissements se déroulent en équipe et autour de l’enfant pour qu’il se sente en sécurité, en collaboration avec le parent. Dans le processus de la formation, c’est surtout la rigueur et celle-ci se manifeste dans un long processus, qui ne prend pas compte seulement les classes d’examens mais aussi et surtout les classes intermédiaires.
Donc, nous ne nous focalisons pas sur les classes d’examens. Parce que l’enfant, avant d’arriver au Cm2, 3è et Tle passe par des classes intermédiaires pour y arriver. C’est donc toutes les sommes de connaissances acquises par l’enfant que nous retrouvons plus tard. Nous ne nous focalisons pas sur la fin d’année. Le processus prend également en compte le travail depuis le premier jour de la rentrée. C’est peut-être ça qui est l’origine des différents résultats. D’autres part, nous faisons prendre conscience à l’enfant qu’il a des qualités, des valeurs, des capacités qui sont en lui et nous l’aidons à les extérioriser, à avoir confiance en lui-même. La fin de l’année, pour les classes d’examens, ce n’est qu’une validation.
Y a-t-il une différence d’avec les enseignements des écoles catholiques et du publiques ?
Celle-ci est assez importante parce que cette formation consiste à former l’être et les autres matières permet à l’enfant d’avoir des connaissances.
L’enseignement que nous donnons aux enfants dans les écoles catholiques, c’est d’abord l’Etat de Côte d’Ivoire qui le défini puisque c’est lui qui a ce devoir régalien. A ce niveau, il faut souligner que l’Eglise catholique a une convention avec l’Etat. Ce que nous donnons, ce n’est pas seulement l’instruction mais surtout la formation intégrale de l’individu. Comme, je l’ai dit toute à l’heure, on ne cherche pas à faire la tête pleine mais à éduquer tout l’être.
Est-ce qu’il y a des matières spécifiques enseignées dans les écoles catholiques qui ne sont pas dans les écoles publiques ?
L’Etat nous demande d’avoir une spécificité, par exemple comme la formation humaine et religieuse. Justement, c’est ce qui permet à l’enfant de prendre conscience de ses valeurs. Nous faisons la formation humaine et religieuse catholique. Celle-ci est assez importante parce que cette formation consiste à former l’être et les autres matières permettent à l’enfant d’avoir des connaissances.
Là, nous constatons que les élèves méthodistes, musulmans, évangéliques etc font également ces cours.
La différence est que la formation humaine et religieuse n’est pas un cours de catéchèse. Quant, l’enfant veut devenir catholique, il va à la paroisse, là-bas, il fait les cours de catéchèse. La formation humaine et religieuse que nous donnons, c’est différent de la catéchèse. Ça ne tend pas à faire de l’enfant un catholique mais plutôt à donner à l’enfant un ensemble de connaissances, surtout sur les grandes religions qui existent. Donc, l’enfant s’il est musulman, il sait qu’à côté de cela, il y a d’autres grandes religions, qui ont aussi des valeurs et il a besoin de connaitre tout cela pour sa bonne maturation.
Qu’est ce qui explique que les écoles catholiques en Côte d’Ivoire ont le meilleur taux de réussite aux examens scolaires ?
Tout réside dans la méthode de travail. Je le disais que nous ne nous focalisons pas sur la classe d’examen et non plus sur la fin de l’année. Mais tout un processus qui prend en compte les classes intermédiaires depuis la maternelle jusqu’au Cm2, de la 6è en 3è ; de la 2nd et la Tle. Nous n’attendons pas la fin de l’année scolaire pour demander à l’enfant de se mettre au travail. Déjà, le processus prend en compte les classes intermédiaires et dans la classe d’examen, on prend compte les notions depuis le premier jour de la rentrée et jusqu’à fin d’année. C’est pourquoi, vous trouverez que la plupart de nos élèves vont à l’examen décontracter parce qu’ils savent qu’on ne leur donnera pas à l’examen autre chose que ce qu’ils auront appris en classe.
Pouvons-nous avoir les statistiques du taux des examens depuis les années 2018, 2019 et 2020 ?
Concernant le Cepe, cette année 2018, nous avons eu un taux d’admission de 96,31 contre 83,57 au plan national soit un écart de 12,74. 2019, au Cepe, 97,05% contre 84,48%. En 2020, nous avons eu un taux de 99, 67% contre 95,35% soit un écart de 4,32. Parlant du Bepc, en 2018, nous avons eu 81,83% contre le taux national qui est de 57,31% soit un écart de 24,52. En 2020, 85,41% contre le taux national qui est de 53,17 soit un écart de 32,24. Concernant l’examen du Bac, en 2018, nous avons eu 74,52% contre 41,23% à l’échelle nationale soit un écart de 33,29. Pour 2020, nous avons présenté 3 279 candidats dont 2 123 admis. Nous avons enregistré 64,75% contre 40,08% au plan national soit un écart de 24,67.
Au vu de ces taux d’examens scolaires supérieurs au plan national. Votre analyse.
D’abord, nous remarquons que nos taux de réussite sont supérieurs au taux national. Que ce soit le Cepe, le Bepc et le Bac. Je pense que cette tendance est observée depuis des années. Nos statistiques sur ces années sont formidables et on peut remonter jusqu’en 2009. Tout ceci est le fruit d’un travail d’équipe et de rigueur.
La doctrine sociale de l’Eglise catholique est enseignée aux élèves et sur quoi cet élève peut s’appuyer, demain, pour être un bon citoyen ?
Nos enfants ne sont pas habitués à tricher. C’est pourquoi, nous disons que ce sont des têtes bien faites.
Au niveau de la formation humaine et religieuse, c’est surtout apprendre à l’enfant à avoir des vertus, des valeurs. Par exemple, la recherche de la vérité, l’authenticité etc qui sont des valeurs permettant à l’enfant de faire sa maturation. Ne pas tricher par exemple, sont des vertus que l’enfant doit rechercher. Nos enfants ne sont pas habitués à tricher. C’est pourquoi, nous disons que ce sont des têtes bien faites. Nous éduquons l’enfant, tout être, à respecter les autres, les valeurs, à respecter les institutions, la parole donnée etc. Evidemment, c’est un apprentissage qui suit un long processus.
Un mot sur les enseignants qui contribuent à la réussite des enfants, sachant que la plupart ne sont pas sortis du Cafop ?
Il faut savoir que c’est l’Etat de Côte d’Ivoire qui fixe les conditions de recrutement d’un enseignant au privé. C’est pourquoi, l’Etat donne à chaque enseignant qui rentre au privé comme une forme de reconnaissance de ces qualités, une autorisation d’enseigner. Cette autorisation est acquise lorsqu’on participe à une formation organisée par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Cette année, par exemple, nous avons des séminaires qui auront lieu à l’intérieur du pays et à Abidjan. Une fois que l’impétrant a acquis ce parchemin, qu’il est en poste, il y a aussi des séminaires de formations qui sont organisés par notre structure, l’éducation catholique à l’intention du personnel enseignant, administratif. Nous organisons aussi des formations financées par le Fpfp et le Fonds de soutien à l’animation pédagogique de l’éducation catholique pour le renforcement de capacité.
En tant que pédagogue, quelle invitation adressée vous aux parents d’élèves, afin qu’ils continuent d’inscrire leurs progénitures dans les écoles catholiques ?
Je pense que le parent d’élève est celui-là même qui est le premier responsable de l’éducation de son enfant. C’est lui qui choisit d’envoyer son enfant dans tel ou tel établissement. Nous, au niveau de l’éducation catholique, mettons à la disposition des parents d’élèves des structures, un cadre pour l’éducation de son enfant, pas seulement l’enseignement mais l’éducation. La qualité de ce cadre se traduit par des résultats qui partent de nos différentes structures. Il appartient aux parents de voir cet enseignement dispensé aux apprenants. Ce que nous leur demandons, c’est de continuer à faire confiance à l’éducation catholique. Certains diront, qu’il y a des écoles qui coûtent chères. Mais, l’éducation a un coût.
Au-délà des cours que les parents paient dans certaines écoles, qui paraissent extrêmement chers. L’Eglise fait du social. Je demande aux parents de continuer de faire confiance à l’éducation catholique. Cette éducation catholique est engagée actuellement dans une reforme pour mieux les servir ; mettre en place une meilleure organisation qui puisse permettre de mieux prendre en compte les aspirations des parents d’élèves, des apprenants. Il faut qu’ils regardent aussi les différents résultats que nous produisons, les taux de réussite de nos différents examens parlent en notre faveur. Qu’ils choisissent donc de nous confier l’éducation de leurs enfants. C’est ensemble avec eux, que nous allons, la main dans la main, amener cet enfant là à mieux être, un avenir le plus radieux par rapport à ses aspirations profondes.
Réalisé par M. Madjessou