Accueil A la une Manifestations en Côte d’Ivoire : Une Ong des droits de l’Homme prend...

Manifestations en Côte d’Ivoire : Une Ong des droits de l’Homme prend position

PARTAGER
Le président de l'Apdh-CI, Dénis Abraham Yorobat s'inquiète de la situation électorale en Côte d'Ivoire/Ph DR

Il y a quelques jours, le gouvernement ivoirien avait interdit la marche pacifique du Front commun, annoncée le samedi 4 octobre. L’Action pour la protection des droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (Apdh-CI), dans un communiqué du 6 octobre 2025, s’est offusqué, et appelé l’Etat au respect des libertés publiques. Voir le communiqué.

Le 2 octobre, à trois semaines de l’élection présidentielle, le gouvernement ivoirien a annoncé, par le biais d’un communiqué du Conseil national de sécurité (CNS), l’interdiction des marches et manifestations visant à contester les décisions du Conseil Constitutionnelles.

L’opposition, réunie au sein du Front Commun PPA-CI – PDCI-RDA prévoyait notamment une marche pacifique à Abidjan le 4 octobre en vue « d’exiger un dialogue politique pour des élections inclusives, transparentes et démocratiques ».

Selon le communiqué officiel, les ministres en charge de la Justice et de la Sécurité ont été instruits de prendre toutes les dispositions nécessaires afin d’assurer le maintien de l’ordre et de la sécurité, ce qui inclut la prohibition des meetings et rassemblements publics.

L’APDH-CI exprime sa profonde préoccupation face à cette décision du gouvernement ivoirien. Elle soulève des inquiétudes quant au respect des libertés publiques dans le cadre du processus électoral.

En effet, la liberté de réunion et de manifestation pacifique est garantie par la Constitution ivoirienne (article 20) ainsi que par plusieurs instruments internationaux ratifiés par la Côte d’Ivoire, notamment l’article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et l’article 11 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Ces textes précisent que toute restriction doit être nécessaire, proportionnée et poursuivre un objectif légitime dans une société démocratique.

En assimilant les marches pacifiques projetées par l’opposition à des menaces pour l’ordre public, le gouvernement criminalise de manière abusive l’expression de la contestation politique. Aussi, loin de renforcer la stabilité, cette décision risque d’exacerber les frustrations populaires, de polariser davantage la société et de fragiliser la légitimité du processus électoral.

Nous rappelons que dans un contexte électoral, la liberté de manifester pacifiquement est une condition indispensable…

Nous rappelons que dans un contexte électoral, la liberté de manifester pacifiquement est une condition indispensable au pluralisme politique et à la participation citoyenne. Sa restriction ouvre la voie à des violations massives des droits humains et compromet les perspectives de paix et de cohésion sociale.

APDH-CI rappelle à titre de comparaison, que dans plusieurs pays de la sous-région, des restrictions similaires ont été critiquées par les observateurs internationaux :

  • Guinée (2020) : lors de l’élection présidentielle, l’interdiction généralisée des manifestations contre le troisième mandat du président Alpha Condé avait été dénoncée par la CEDEAO et des organisations de défense des droits humains comme une atteinte disproportionnée aux libertés civiques.
  • Togo (2017-2018) : les interdictions systématiques de marches de l’opposition avaient été jugées contraires aux standards démocratiques par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, qui avait rappelé que le rôle de l’État est d’encadrer et de sécuriser les manifestations, et non de les bannir.

À la lumière de ces comparaisons, l’interdiction totale décrétée en Côte d’Ivoire apparaît contraire aux bonnes pratiques régionales et aux standards internationaux. Elle tend à réduire l’espace civique et à empêcher l’opposition d’exprimer ses revendications de manière pacifique, ce qui affaiblit le pluralisme politique et peut accentuer les tensions sociales.

APDH-CI suggère donc aux autorités ivoiriennes qu’elles privilégient l’encadrement pacifique et sécurisé des manifestations plutôt que leur interdiction systématique. Cette approche permettrait de concilier les impératifs de sécurité avec le respect des libertés fondamentales, tout en renforçant la crédibilité et la transparence du processus électoral.

Par conséquent, APDH-CI appelle instamment les autorités ivoiriennes à :

Favoriser le dialogue politique inclusif comme unique voie de prévention des tensions et de consolidation de la paix

  • Lever sans délai l’interdiction des marches et manifestations pacifiques ;
  • Garantir à tous les acteurs politiques et à la société civile l’exercice effectif de leurs libertés fondamentales, dans le respect de la Constitution et des obligations internationales de la Côte d’Ivoire ;
  • Favoriser le dialogue politique inclusif comme unique voie de prévention des tensions et de consolidation de la paix.

L’APDH-CI réaffirme son engagement à veiller au respect des droits humains et à la défense de l’espace civique, conditions essentielles pour des élections libres, transparentes et apaisées en Côte d’Ivoire.

La rédaction

PARTAGER