Une retraite de journalistes d’investigation de la sous-région ouest africaine s’est tenue du 21 au 22 novembre 2024, à Roberts Hôtel Cocody-Abidjan sur le programme « Fellowship for critical voice en partenariat avec MiCT » basé en Allemagne. Objectif : renforcer les capacités en matière de sécurité et de protection des journalistes.
Le président de l’Onji-ci, Seriba Koné, a adressé ses salutations les plus chaleureuses aux membres participants. Il a témoigné toute sa gratitude à MiCT et rappeler que leur confiance en l’Onji-ci afin d’assurer l’organisation pratique de cet évènement n’a pas été placé à tort.
Pour finir, Seriba Koné a souhaité aux journalistes une formation des plus enrichissantes et encouragé à faire preuve d’une écoute attentive aux interventions des experts.
Concernant la sécurité numérique dont le sous-thème est : « Outils et bonnes pratiques pour protéger les données personnelles et professionnelles », a été animé par Dr Yacouba Kouraogo.
Selon l’expert en cybersécurité, il a demandé aux journalistes d’investigation de travailler à l’abri des regards indiscrets, de ne pas utiliser des applications publiques et enfin de ne partager de disques durs ni de clés USB.
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A propos des mots de passe, il a recommandé vivement aux journalistes d’utiliser des mots de passe différents pour chaque compte et aussi d’utiliser un mot de passe complexe et long dans le cadre de leur travail.
Jérôme William Bationo, expert en développement et médias, a animé un sous-thème sur « Fondamentaux de la sécurité numérique et prévention ». Il a convoqué les différentes messageries, telle que Threem, Signal et Wir, qui sont les plus sécurisés en matière de sécurité numérique. Sans oublier les mails tels que Proton mail ; start mail…
Cet expert a aussi mis l’accent sur quelques applications, entre autres, Vera crypt, haveibeenpwned, virustotal etc. Selon lui, les informations capitales ou des enquêtes que le journaliste a faite, peut à tout moment être retrouvées par des experts ou autre personne, si on doit poursuivre ce dernier pour une faute.
Il est bon selon lui, que ces applications soient dans la base de données sécurisées des journalistes pour éviter que des personnes malveillantes les utilisent à d’autres fin.
Liberté de la presse en Côte d’Ivoire et les risques psychosociaux …
Evelyne Géneviève Yao, juriste et sous-directrice du contentieux à l’Autorité nationale de la presse (Anp), a développé cette thématique. Les lois sur la liberté de la presse portant régime juridique de la presse visent à protéger la liberté d’expression, souligne Evelyne Yao, tout en encadrant cette liberté, afin de prévenir des abus tels que la diffamation.
Selon elle, les journalistes doivent naviguer entre droits et devoirs, s’ils bénéficient d’une large protection grâce à la liberté de la presse, « ils sont également soumis à des responsabilités juridiques strictes ».
Enfin, à en croire Évelyne Yao, une bonne connaissance des lois est essentielle pour pratiquer un journalisme éthique et conforme à la loi. Aussi, a-t-elle indiqué que la liberté de la presse tire son fondement de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en son article 19 et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples de 1981, en son article 9.
En Côte d’Ivoire, dira-t-elle, la liberté de la presse est garantie par la Constitution de novembre 2016
En Côte d’Ivoire, dira-t-elle, la liberté de la presse est garantie par la Constitution de novembre 2016. Elle est régie par loi 2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse et modifiée par loi du 20 décembre 2022.
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La loi sur la presse garantissait déjà, fait-elle remarquer, aux journalistes et aux médias, le droit de diffuser des informations, des opinions et des idées, sans censure préalable. C’est après la publication que l’Anp fait le monotoring quotidien et nous décelons quelques manquements.
Le dernier thème de la journée a concerné les risques psychosociaux et souffrance psychologique du travail animé par Dr Narcisse Achi, spécialiste en psychologie du travail et organisations. Dr Achi a expliqué quelques signes comme burnout, le bore-out, le harcèlement sexuel, le workaholisme ou l’addiction au travail…qui sont des éléments de la souffrance psychologique au travail.
Les risques psychosociaux sont, selon lui, tout ce qui va créer de la souffrance. « Quand on vous envoie à Gaza, ces conditions d’emploi vont interagir avec votre fonctionnement mental. Ce sont ces conditions-là qui vont créer de la souffrance », a-t-il dit, en les désignant les « risques psychosociaux ».
« S’il y a des arrêts de travail fréquent, l’absentéisme, le présentéisme passif (il est présent mais il ne travaille pas), demande de mobilité… », a souligné Dr Achi. Le premier type de souffrance est le stress qui va se manifester physiologiquement par la situation ou psychologiquement par une anxiété énorme.
Magloire Madjessou