Accueil A la une Sécurité routière: Ces milliers d’usagers défiant la mort sur l’autoroute de Grand-Bassam

Sécurité routière: Ces milliers d’usagers défiant la mort sur l’autoroute de Grand-Bassam

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Ces habitants qui traversent le pont piéton de Gonzagueville/Ph Credo

A Derrière-Wharf, Jean-Folly, Terre rouge… des sous-quartiers de Gonzagueville Port-Bouët situés sur l’autoroute de Grand-Bassam, de nombreux riverains n’utilisent pas le pont-piéton pour traverser. Ce reportage dévoile comment ceux-ci procèdent pour traverser l’autoroute.   

Lundi 13 octobre 2025. Il est 10 h. Le carrefour ‘’Casier’’ situé à Jean-Folly (commune de Port-Bouët) sur la route de Grand-Bassam, grouille de monde. Certains d’entre eux cherchant à emprunter un véhicule de transports en commun pour aller au travail ou aller faire leurs courses.

Tandis que les badauds, eux, se battent pour s’approprier les marchandises des commerçantes venant de Port-Bouët, Adjamé et autres communes pour aller les déposer à destination, moyennant quelques ressources pécuniaires.

au ‘’Casier’’, ces commerçantes ou les travailleurs rentrant à la maison descendent tous du côté de l’autoroute menant à Grand-Bassam

Mais une fois arrivés au ‘’Casier’’, ces commerçantes ou les travailleurs rentrant à la maison descendent tous du côté de l’autoroute menant à Grand-Bassam. Une fois descendus, ceux-ci doivent regagner leurs domiciles situés du côté opposé à l’autoroute. C’est là que se situe le bât-blesse.

Au Casier,  Derrière-Wharf, Terre rouge, Anani… des riverains défient la mort

Au carrefour Casier, il y a un pont-piéton pour faciliter la traversée de l’autoroute. Si certains riverains l’utilisent à cette fin, d’autres ne le font pas. A Jean-Folly, il n’est pas rare de constater que chaque jour de nombreuses personnes en groupes ou individuellement défient la mort en courant pour traverser l’autoroute.

Pour amoindrir les risques, les riverains, une fois descendus des bus, forment une marée humaine, et s’engagent ensemble sur la chaussée, contraignant les véhicules à s’arrêter et les laisser passer. Cette pratique devient courante, à telle enseigne qu’elle commence à être une habitude de ces riverains, en témoigne Joseph Mensa.

« Ici, beaucoup de personnes n’utilisent pas le pont-piéton pour passer de l’autre côté de l’autoroute. La technique trouvée, c’est de se mettre ensemble et s’engager ensuite sur la chaussée », indique Joseph Mensa.

Ceux-ci, au lieu d’emprunter le pont-piéton, préfèrent former un bloc humain et traversent ensemble l’autoroute…

Cette manière d’imposer leur volonté aux chauffeurs est « devenue une pratique, surtout pour les usagers qui descendent des bus. Etant donné qu’au Casier, beaucoup d’hommes descendent des bus. Ceux-ci, au lieu d’emprunter le pont-piéton, préfèrent former un bloc humain et traversent ensemble l’autoroute, forçant les automobilistes à s’arrêter pour les attendre », constate-t-il.  

Ces riverains traversent la l’autoroute dans la peur/Ph Credo

Mlle Miriam Tohé fait partie des personnes qui, une fois descendue du bus ou d’un véhicule de transport en commun, préfère traverser l’autoroute en compagnie des autres passagers. 

Toutefois, elle s’empresse d’ajouter, « mais si je suis seule, j’emprunte le pont-piéton », car, elle reconnaît que s’engager sur l’autoroute, « au milieu des nombreuses voitures, c’est prendre un grand risque. C’est s’exposé à la mort », a-t-elle souligné.

Cette attitude des riverains de Jean-Folly, elle est quasiment la même que celle des habitants de Derrière-Wharf, quartier situé à proximité de Port-Bouët. Eux aussi, préfèrent se faufiler au milieu des véhicules pour traverser l’autoroute, au lieu d’emprunter le pont-piéton construit à cet effet.

Un casse-tête chinois pour les automobilistes

En refusant d’emprunter les ponts piétons, les riverains de la zone aéroportuaire s’exposent à plusieurs conséquences, dont les accidents de la route. Selon plusieurs témoignages, même après la construction des ponts piétons, de nombreux accidents de la route ont été enregistrés en ces lieux. La plupart de ces accidents ont été soldés par la mort des piétons qui généralement couraient pour traverser la route.

Cet incivisme de ces piétons met aussi en difficulté les automobilistes. Selon Yéo Adamo, chauffeur de Gbaka, « ce n’est pas facile de conduire de Derrière-Wharf à Anani, surtout où il y a les ponts piétons. Ceux qui traversent, certains passent sur le pont piéton, mais beaucoup ne montent pas dessus. Donc si tu ne fais pas attention, tu vas percuter les passants ». 

Koné Moussa, un autre chauffeur ne dira pas le contraire. Même s’il condamne l’attitude des usagers qui violent la sécurité routière, il souligne qu’une fois au niveau des ponts piétons, il affiche un air de prudence, parce que « ce n’est pas tout le monde qui peut monter en haut. Il y a des vielles, des handicapés, etc. Donc à ce niveau, il faut ralentir », conseille-t-il. 

 

Les handicapés et les personnes âgées

L’objectif des ponts piétons était de permettre aux populations de pouvoir traverser facilement l’autoroute et d’éviter les accidents de la route. Ce but n’a vraiment pas été atteint pour plusieurs raisons, dont la distance entre les différents ponts piétons.  Par exemple, un riverain qui habite à Adjouffou ‘’1er arrêt’’ ne peut pas descendre Derrière-Wharf, emprunter le pont piéton pour traverser et ensuite marcher une longue distance pour se rendre dans son quartier. 

Il y a aussi le cas des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, les malades

Il y a aussi le cas des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, les malades. Les ponts-piétons ne sont pas à la portée de ceux-ci. C’est la raison pourquoi laquelle, Traoré Awa, une septuagénaire, prie pour que « chaque fois que nous les personnes âgées ou les personnes en situation de handicap traversons l’autoroute, les chauffeurs aient pitié et nous laissent passer ».

Son appel a été certainement entendu par Koné Moussa qui souligne « on peut tolérer les personnes âgées ou malades ou même les personnes en situation de handicap qui demandent souvent notre clémence avant de traverser. Mais ce je ne comprends pas, c’est l’attitude des autres, qui violent la sécurité routière, causant des problèmes à tout le monde ».

En attendant la réalisation d’une grande campagne de sensibilisation à l’effet de résoudre ce problème, chacun dans ses quartiers de Port-Bouët, continue d’utiliser sa technique pour traverser l’autoroute de Grand-Bassam, peu importe, s’il enfreint ou obéit aux règles de la  sécurité routière. Pourvu qu’il soit en vie, c’est l’essentiel.

Aka Ahoussi

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