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Affaire que les patrons de presse licencient le personnel : Un ministre de la République doit-il parler ainsi ?

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Le ministre Amadou Coulibaly /Ph DR

Le secteur de la presse en Côte d’Ivoire est très sinistré ! Une difficulté que les acteurs des médias essaient de présenter aux autorités ivoiriennes, afin que des mesures appropriées soient prises pour redorer ce secteur, qui a tant fait et donné aux populations. Le ministre de la Communication, des Médias et de la Francophonie, Amadou Coulibaly, au sortir d’un Conseil des ministres, mercredi 23 février 2022, a jeté de l’huile sur le feu, avec cette presse, déjà, sinistrée, et qui crie sur tous les toits, afin d’avoir des solutions durables.

Les entreprises de presse en Côte d’Ivoire s’en sortiront-elles un jour ? Cette question est posée de la sorte avec de tels propos teintés de mépris et de mauvais sentiment à l’égard de cette presse, dont on attend beaucoup d’elle, pendant les moments importants de la vie d’une Nation.

Au Conseil des ministres du mercredi 23 février, le ministre et porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a parlé de la façon la plus odieuse et méprisante à cette presse. Pourtant, celle-ci couvre les activités institutionnelles et tout ce qui concerne le pays. Cette presse aujourd’hui a de réelles difficultés et n’arrive pas à faire face aux multiples charges mensuelles.

Là, le ministre de tutelle ne dit rien. Mais préfère ou demande qu’on licencie le personnel ou réduise les salaires

Face à cette problématique du secteur de la presse, le ministre de tutelle a trouvé judicieux d’imposer une décision moins surprenante, alors qu’il est ministre de la République de Côte d’Ivoire. « (…)  Quand on est chef, on prend ses responsabilités et s’il y a des mesures difficiles à prendre, on les prend. Si pour pourvoir tenir son entreprise, on doit licencier du personnel ou réduire les salaires, le courage voudrait qu’on affronte ces difficultés, plutôt de vouloir chercher des boucs émissaires », a affirmé le ministre Coulibaly, lors de ce Conseil des ministres, sans prétendre trouver une ébauche de solutions à la crise qui frappe durement cette presse ivoirienne.

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Mais le ministre a bien trouvé la manière d’insulter des milliers de journalistes et personnel travaillant dans les rédactions, alors que ceux-ci, depuis des décennies, souffrent de la mévente des journaux. Là, où la société Edipresse n’arrive pas à leur verser ce qui est le leur. Le ministère de tutelle, qui a ce droit devrait interpeller cette structure, mais non. Cette société Edipresse, qui dit-on, reverse une bonne partie de cet argent à des patrons, ignore les autres et les mettent dans la disette. Là, le ministre de tutelle ne dit rien. Mais préfère ou demande qu’on licencie le personnel ou réduise les salaires, alors que ceux-ci sont très minces et couvrent à peine les dépenses du mois.

Avec lui, personne ne viendra nous sauver du naufrage médiatique

Ou doit-on comprendre cette démarche du ministre comme une manière de mettre en chômage des journalistes et personnel, pourtant le gouvernement se bat en réduisant le chômage à tout prix ?

La Côte d’Ivoire a connu plusieurs gouvernements. En aucun moment, un ministre de la République et de la communication surtout n’a pris la parole, en public, pour parler ainsi de la presse de cette façon méprisante et sans éloquence. Avec ce ministre de tutelle, nous avons tout compris. Notre secteur reste véritablement sinistré. Avec lui, personne ne viendra nous sauver du naufrage médiatique. Ce naufrage, nous l’avons pour toujours, tant qu’il sera à la tête de ce département si sensible.

Les journalistes de Côte d’Ivoire, membres d’une plateforme, ont disséqué la pensée et la démarche du ministre. Pour la plupart, le ministre est-il conscient de nos réalités, nous journalistes ? Ou vit-il sur une autre planète, à part celle de la Côte d’Ivoire, où tous les autres ministres sont unanimes et conscients que la presse est sinistrée et a besoin de plus gros moyens pour la relancer…Certains n’ont pas compris cette attitude incompréhensible du ministre.

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Un ministre de la République ne parle pas ainsi. Non. Il essaie de voir, de comprendre, d’analyser et de trouver des solutions, en s’entourant d’expertises des confrères et consœurs, afin que ces journalistes/personnels soient à l’aise et travaillent dans de meilleures conditions. C’est ça un ministre de la République, conscient de la situation et trouve des solutions en Conseil des ministres pour soulager la détresse grandissante et honteuse des hommes de médias…

Magloire Madjessou

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