Moins de trois semaines après la publication de la déclaration Fiducia supplicans, le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernández, publie ce 4 janvier 2024 un communiqué pour « aider à clarifier la réception » du texte.
Alors que de nombreuses voix se sont élevées contre ce document qui autorise des bénédictions non liturgiques et non ritualisées de couples homosexuels ou ‘divorcés-remariés’, Rome concède que sa mise en œuvre peut « admettre différentes modalités d’application » en fonction du contexte local, « mais pas une négation totale ou définitive ».
Il propose en outre un exemple de prière de bénédiction de « dix ou quinze secondes ». Un communiqué, signé par le préfet et le secrétaire pour la section doctrinale du dicastère pour la Doctrine de la foi, Mgr Armando Matteo, fait suite à deux entretiens accordés par le préfet, le cardinal Victor Manuel Fernández, ces dernières semaines. Sollicité par la presse, il avait déjà répondu aux nombreuses critiques émises publiquement par des cardinaux, évêques, prêtres et laïcs du monde entier depuis la publication de Fiducia supplicans le 18 décembre 2023.
Par cette nouvelle communication, le préfet affirme vouloir offrir une réponse aux « déclarations compréhensibles de certaines conférences épiscopales » concernant la Déclaration. Mais il insiste sur le fait que leur réaction « ne peut pas être interprétée comme une opposition doctrinale ». « Le document est clair et classique sur le mariage et la sexualité », souligne-t-il, assurant qu’il n’est pas possible de s’en « distancier doctrinalement » ou de le considérer comme « hérétique, contraire à la Tradition de l’Église ou blasphématoire « . Il rappelle notamment qu’en tant que « Déclaration », le texte a un « haut profil » magistériel qui le place très au-dessus d’un Responsum ou d’une Lettre apostolique.
« Le document est clair et classique sur le mariage et la sexualité »
Possible de ne pas l’appliquer, mais pas de la nier
Le cardinal argentin estime néanmoins que les critiques émises s’expriment « surtout sur un aspect pratique » du texte. Il reconnaît notamment que si une « application immédiate » est possible dans certains contextes, elle ne l’est pas dans d’autres, notamment dans les pays où l’homosexualité est condamnée, interdite ou criminalisée. Les évêques peuvent donc, selon le cardinal Fernández, considérer qu’il ne faut « pas innover » à court terme et donc ne pas autoriser ces bénédictions. Cependant, ils doivent toujours prendre « le temps nécessaire pour la lecture et l’interprétation » de la déclaration.
Mais si le Saint-Siège peut « admettre différentes modalités d’application », il réfute toute « négation totale ou définitive de ce chemin proposé aux prêtres ». Il encourage au contraire le développement d’une catéchèse pour faire comprendre ce type de bénédictions.
Des bénédictions « très brèves »
Le but du document, insiste le Saint-Siège, est la mise en avant d’une « pastorale populaire » dans le sillage du style adopté par le pape François depuis le début de son pontificat. Il invite avec ce texte les prêtres à une « valorisation de la foi simple du peuple de Dieu qui, même au milieu de ses péchés, sort de l’immanence et ouvre son cœur pour demander l’aide de Dieu ». Le préfet insiste sur le fait que le document distingue pour cela deux types de bénédictions : celle « liturgique ou ritualisée » et celle « spontanée et pastorale », qui ne doivent pas être confondues, ces dernières n’étant en aucun cas un mariage, une approbation ou une ratification « de quoi que ce soit ».
Le préfet insiste sur le fait que le document distingue pour cela deux types de bénédictions : celle « liturgique ou ritualisée » et celle « spontanée et pastorale »
Les prières « pastorales » pour les couples en situation irrégulière doivent être « très brèves » et ne pas durer plus de « quelques secondes ». Lors de la prière, le prêtre peut implorer « la paix, la santé » sur le couple, ou encore demander « que l’Esprit Saint délivre ces deux personnes de tout ce qui ne répond pas à sa volonté divine et de tout ce qui a besoin d’une purification ». Pour éviter toute ambiguïté, la bénédiction ne doit jamais avoir lieu devant l’autel d’une église ou « dans un lieu important d’un édifice sacré ».
Pour aider les évêques, le dicastère pour la Doctrine de la foi donne un exemple de « prière simple » qui serait accordée à un couple de personnes divorcées engagés dans une nouvelle union qui demanderait une bénédiction à un prêtre rencontré lors d’un pèlerinage pour les aider à affronter des épreuves. Voici le texte :
« Seigneur, regarde tes enfants, accorde-leur la santé, le travail, la paix et l’aide réciproque. Délivre-les de tout ce qui contredit ton Évangile et donne leur de vivre selon ta volonté. Amen. »
Ce texte de « dix ou quinze secondes » offre un « canal » qui peut mener à une vie plus fidèle à l’Évangile, affirme le cardinal Fernández. « Y aurait-il un sens à refuser ce type de bénédiction ? », demande-t-il. Et de conclure : « Au-delà des polémiques, ce texte réclame un effort de réflexion sereine, avec un cœur de pasteur, hors de toute idéologie ».
Source : Aleteia