Accueil A la une Côte d’Ivoire : Dans la galère des déguerpis…des diplômés s’en sortent

Côte d’Ivoire : Dans la galère des déguerpis…des diplômés s’en sortent

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Barthelemy Kouakou e son fils bachelier 2024, Yvan Kouakou/Ph Credo

4 ou 6 mois après leur déguerpissement, Credochristi.com a rencontré certains déguerpis des quartiers de Yopougon-Gesco, Yopougon Banco et du Zoo qui racontent leurs misères et leur nouvelle vie.

Rencontrés le 10 juillet 2024 à Biétry Marcory au siège de l’Ong Children’s Environment Foundation qui lutte en leur faveur, certains déguerpis ont exprimé à nos reporters leur amertume. Non sans manquer de dépeindre la nouvelle vie de misère qu’ils mènent en squattant les salons de leurs connaissances, s’ils ne dorment pas à la belle étoile.    

Parmi ceux-ci se trouve Kouassi Konan Barthélemy, maçon de profession, un habitant du quartier Chevaux du Zoo, où il avait construit une cour commune en location. Aujourd’hui, dépourvu de tout bien ce maçon broie du noir. Pendant que lui, continue de passer la nuit sous une tente de fortune construite sur le site détruit, sa femme et ses 4 enfants ont été ‘’éparpillés’’ chez des connaissances.

Si pendant cette année scolaire, ses quatre (4) enfants ont pu achever tant bien que mal l’année scolaire, l’homme qui avait les larmes aux yeux tout en parlant, a affirmé, « l’an prochain, mes enfants ne pourront pas fréquenter parce que je n’ai plus rien ». Kouassi Konan Berthélemy se bile surtout pour l’avenir scolaire de son fils Kouassi Konan Yvan, qui a décroché le Bac série A2, bien que n’ayant pas pu achever l’année scolaire dans de bonnes conditions.

Ce calvaire, Yapo Mesmin, un ex-habitant de Banco I, qui a été détruit le 26 février 2024 le vit aussi. Ce 2è notable de la chefferie de l’ex-Banco I vit une véritable déchéance.

Avec la destruction de ce quartier, il a perdu toute sa fortune provenant de ses constructions immobilières réalisées à Banco I. Faisant figure de parents pauvres, il squatte la maison d’un bienfaiteur, pendant que ses enfants, des élèves, ont élu domicile à Yopougon Sonan chez leur mère longtemps parti du foyer.

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La distance entre la nouvelle résidence de ces élèves déguerpis et leur école leur a été défavorable, à telle enseigne qu’ils ont échoué à leurs examens de Bepc et du Bac. Pour la prochaine rentrée scolaire, Yapo Mesmin, qui, à l’instar de plusieurs autres déguerpis n’a bénéficié d’aucun dédommagement, se dit incapable de scolariser ses enfants et fait aussi appel à la générosité des hommes de bonne volonté.

Kouakou Aya Bolatine avec sa fille, admise au Bepc 2024/Ph Credo

C’est quasiment la même situation que traverse Mme Kouao, cette habitante de l’ex-quartier Chevaux du Zoo. Après avoir passé deux semaines sous les tentes de fortune sur le site détruit avec ses 3 enfants, elle est recueillie par une habitante du quartier.

A la suite des examens scolaires et après que son hôte ait reçu des parents venus du village, dame Kouao et ses enfants furent obligés de quitter sa nouvelle tutrice pour aller s’installer chez une parente à Akéikoi.

Ne pouvant pas abandonner son commerce, après la destruction de son magasin, elle s’est fait fabriquer une grande caisse où elle garde sa marchandise composée d’eau minérale qu’elle livre aux boutiquiers. Elle y livrait la sucrerie aussi mais pour l’heure elle ne commercialise que l’eau minérale.

« Je quitte Akéikoi pour venir vendre au Zoo. Quand les clients m’appellent, je viens leur livrer la marchandise pour retourner », explique cette femme abattue, mais pas vaincue, dont son fils qui était en classe de 3è a décroché le Bepc malgré tous ces soubresauts subis pendant l’année scolaire.       

De son côté, même si la situation semble être morose à l’image de tous les déguerpis, l’on peut affirmer qu’elle a été un peu chanceuse, car sa famille a été dédommagée à hauteur de 250 000 F. En effet, Kouakou Aya Bolatine a été déguerpie de Yopougon Gesco, cité Eden. Elle a expliqué avoir tout perdu dans ce déguerpissement.

Barthelemy Kouakou e son fils bachelier 2024, Yvan Kouakou/Ph Credo

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« C’est un dimanche qu’ils sont venus casser nos maisons. J’étais à l’église quand on m’a appelé pour me dire qu’ils sont en train de détruire le quartier. A mon arrivée, ils ont détruit notre maison et les gens ont tout volé. Télévision, frigo y compris les dossiers importants de mon mari », témoigne-t-elle, avec amertume.

Recueillis par une âme généreuse dans le même quartier, Kouakou Aya Bolatine et ses 4 enfants, dont l’une a eu le Bepc, squattent la maison de ce dernier en attendant d’obtenir à nouveau une autre maison à louer afin que toute sa famille puisse à nouveau vivre ensemble.       

Aka Ahoussi

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