Samedi 29 février 2020 s’est tenue à l’amphithéâtre de l’Institut théologique de la compagnie des Jésuites (Itcj) d’Angré-Cocody, une conférence publique autour du thème: « L’enfant est le père de l’homme: Faire face à l’impact de la violence et d’abus subis pendant l’enfance sur la vie d’adulte ».
La question de la violence faite aux enfants est récurrente dans nos sociétés. En effet, les enfants subissent les pires formes de violences dans les milieux comme la famille, l’école, le lieu de travail, etc. Des lieux qui, dans notre entendement, sont reconnus comme des espaces adéquats, où l’on est sensé éduquer et protéger les enfants. Malheureusement ces lieux sont considérés très souvent comme des cauchemars ayant un impact sur le développement psychologique des bambins. Conséquence, ils adoptent un comportement antisocial.
Le phénomène d’enfants appelés communément « microbes » n’est-il pas un cas d’école, hélas, depuis des années en Côte d’Ivoire. Semant terreur, désolation et tristesse au sein de la population abidjanaise. Ceux-ci n’ont-ils pas été dans leur enfance victimes de violences et d’abus, lesquels ont modifié leur comportement ?
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Devant ce drame social ivoirien, des praticiens de la psychologie génétique, clinicienne et différentielle dressent un tableau de ces comportements antisociaux de ces enfants. Selon la psychologue clinicienne, Dr Yapi Laurence, l’enfant est l’assise sur laquelle se construit l’être humain. L’enfant est donc un être dépendant de l’environnement qui l’accueille. « L’enfant qui a vécu dans la maltraitance physique, psychique développe des comportements antisociaux », a-t-elle expliqué.
Cette situation s’observe par un état de dépression, mauvaise régulation du stress, désorganisation psychique, trouble du comportement sexuel, suicide, criminalité et comportement sexuel. Ce qui aboutit à une personnalité antisociale, une personnalité évitante. « La maltraitance psychique et physique peut avoir un effet direct sur la construction de l’enfant », ajoute la spécialiste. Aussi, les abus sexuels sont-elles une forme de maltraitance.
Lorsqu’une fille a été sexuellement abusée à son enfance, elle peut manifester à l’adolescence des signes cliniques comme des activités sexuelles précoces, a fait savoir le professeur Osséi Kouakou. C’est dans cette même veine que Dr Messingué Jean a énuméré quelques manifestations majeures et fréquentes de l’abus sexuel : difficultés relationnelles, méfiance, difficulté dans la vie sentimentale, sentiment d’impureté, croyance en la malédiction. L’abus sexuel c’est l’abus de la personne, le cœur de la personne.
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Par conséquent, l’abus sexuel, à l’en croire, peut affecter la capacité d’aimer, le plaisir de vivre. Lorsque la personne de l’enfant n’est pas bien développée, il a du mal à grandir et à se développer. « Notre regard sur l’enfant doit changer. Il faut bien prendre l’enfant pour une meilleure société », a estimé le psychologue clinicien.
Il a de plus affirmé que l’enfant est le père de l’homme, car le vécu de l’enfant a des empruntes sur l’adulte de demain. « L’enfant n’est pas toujours le père de l’homme mais c’est l’homme le père de l’enfant ». Car c’est l’adulte qui décide le type d’enfant que veut la société de demain, a-t-il conclu.
Une remise de diplômes de participation aux auditeurs a mis fin à cette conférence publique, avec la participation de nombreux étudiants et fidèles laïcs.
Jacques Sibah (Stg)