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Côte d’Ivoire, l’appel pressant des Evêques catholiques pour des élections apaisées, transparentes et ouvertes en 2020

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Les évêques catholiques de Côte d'Ivoire publient une Lettre pastorale sur la réconciliation, paix/ Ph Cec-Ci

Au terme de la 114e Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cec-Ci) tenue à Korhogo (nord), au Centre diocésain de spiritualité de Lataha, du 14 au 19 janvier 2020, un message sur les élections apaisées, la réconciliation, la consolidation, etc a été délivré par les Evêques ivoiriens relativement à la situation socio politique.

Les évêques de Côte d’Ivoire plus que préoccupés par la situation socio politique de ces dernières années préélectorales interpellent par messages et appels pressants la classe politique à mettre en avant l’intérêt de la Nation. Après presqu’une semaine de travaux sur la Communion et Réconciliation en Côte d’Ivoire, dont le tissu social est fragmenté par des langages et mots guerriers et de menaces de la stabilité, ils ont donné à nouveau de la voix, au terme de leur assemblée plénière, ce dimanche 19 janvier 2020, par un message.

  • Nous saisissons les enjeux importants qui se jouent dans ces consultations électorales, qui doivent être préparées minutieusement et avec la conscience qu’il s’agit là du destin et de l’avenir d’un peuple.

« Les élections d’octobre 2020, nous en convenons, représentent un tournant décisif pour  notre pays. Nous saisissons les enjeux importants qui se jouent dans ces consultations électorales, qui doivent être préparées minutieusement et avec la conscience qu’il s’agit là du destin et de l’avenir d’un peuple, d’une nation, voire d’une sous-région, en raison de ce que représente la Côte d’Ivoire pour la partie occidentale de l’Afrique », ont-ils expliqué dans ce message pastoral.

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Pour les évêques, la réconciliation, avant les élections présidentielles d’octobre, de tous les Ivoiriens, suppose et implique la participation de tous les exilés, la libération des prisonniers politiques et le dégel des avoirs. «Au vu de cette situation, la première condition qu’il faut observer dans la préparation de ces élections doit être la réconciliation », insistent-ils encore auprès des autorités du pays. « La deuxième condition est celle de la concertation et du consensus, pour prendre en compte les exigences et les aspirations légitimes de tous les acteurs sociopolitiques et les avis éclairés de la communauté internationale », estiment les prélats.

Le respect de la Constitution

Lors de la présentation des vœux du Nouvel an 2020, le Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, avait proposé la modification de quelques articles de la Loi fondamentale. Il a même indiqué que cette modification n’a pas pour finalité de « caler » aucun candidat à la présidentielle prochaine.

 

Que d’ailleurs lui-même pourrait en effet être candidat à sa propre succession. A ce niveau, les évêques ont invité au respect de la Constitution. « Afin que personne ne nourrisse l’intention ou la volonté de manipuler les personnes, les textes ni les institutions qui seront impliquées dans le processus électoral », préconisent les évêques.

 

  • Or, la question de l’indépendance des structures devant arbitrer ces joutes électorales, comme la Cei divise et cristallise encore les tensions…

Concernant l’institution en charge des élections, ils ont invité la Commission électorale indépendante (Cei) à garantir une totale indépendance. « Or, la question de l’indépendance des structures devant arbitrer ces joutes électorales, comme la Cei divise et cristallise encore les tensions autant que le sont celles du découpage électoral, la question des pièces d’identité, de la liste électorale, du code électoral », analysent-ils.

La Cei, espoir ou désespoir ?

Au lendemain des élections présidentielles d’octobre 2010, la communauté internationale avait estimé que cette crise postélectorale a occasionné plus de 3000 morts. A sa prestation de serment, en mai 2011, à Yamoussoukro, Alassane Ouattara, pour faire la lumière sur les milliers de morts et disparus de la crise avait promis des Gacaca, sorte de tribunaux populaires à la rwandaise. D’où la création des Commissions telles la Commission dialogue, vérité, réconciliation (Cdvr) et la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv).

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Alors qu’à leurs yeux, ces deux institutions avaient suscité de réels espoirs dans les cœurs des Ivoiriens sans donner de véritables résultats de leurs travaux. « Les ressentiments ont ressurgi, entre autres, à travers les mutineries, les conflits intercommunautaires qui se sont soldés par des pertes en vies humaines. Ces conflits ont montré combien les cœurs ne sont pas encore apaisés et que tout peut exploser à tout moment », constatent-ils.

 

  • Tirer les leçons d’un passé douloureux.

La Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire reste tout de même préoccupée quant à la situation politique qui cristallise passions et tensions, entre acteurs et candidats politiques pour la présidentielle. Raison pour laquelle, la Conférence exhorte, tous à « tirer les leçons d’un passé douloureux » et en « laisser aux générations futures un héritage de paix et d’unité ».

 

Les jours à venir, les évêques toujours en réflexion pour cette Communion et Réconciliation, si chère à leurs yeux, publieront une lettre pastorale sur « L’Eglise en Côte d’Ivoire, au service de la réconciliation, la justice et la paix ».

Magloire Madjessou

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