« Le long cri silencieux d’un fou, pour un regard nouveau ». Ce thème du poème du père Eric Norbert Abekan, curé de la paroisse St Jacques des II Plateaux Cocody, nous parle de la situation des personnes victimes de démence, dans notre société. Ils sont nombreux, mais que nous abandonnons, ce serait-ce que par nos regards, discours et autres….Lorsque nous les voyons dans les rues. Pourtant, ces personnes ont besoin de la compassion et de la miséricorde de notre part.
Je ne suis pas un fou.
Je suis comme celui qui a le palu,
Comme celle qui a
La grippe.
Je suis comme celui qui a
Le diabète,
Comme celle qui a
La tension artérielle.
Je suis comme celui qui a
La lèpre,
Comme celle qui a
La gale.
Je ne suis pas un fou
Je suis tout simplement un malade mais au niveau mental.
Quand vous me traitez de fou,
La peur vous pousse
À vous éloigner de moi.
Je suis ainsi stigmatisé, étiqueté
Ainsi, je suis rejeté dans
Le rang des exclus et bannis.
Mes haillons et mes cheveux hirsutes
Sont de véritables barrières
Entre vous les » bien portants » et moi.
Et vous me laissez aller seul
Mangeant dans les poubelles.
Pour vous, la vie est
Belle.
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Je dors sous les ponts,
Vous dormez dans vos palaces.
Je parle tout seul,
Je parle au silence et en silence,
Car personne n’engage
Le dialogue avec moi.
Je suis un rejeté,
Je suis un abandonné.
Les Illuminés, les » prophètes et prophétesses » Des camps de prières m’enchaînent, me frappent et me brutalisent pensant
Chasser le diable de folie de mon corps.
Quelle souffrance,
Quand on est incompris !
Quand on est rejeté dans les ordures de la stigmatisation !
Oh frères et sœurs qui passez,
Ôtez vos lunettes déformantes,
Alors, vous ne me verrez plus comme un monstre
Mais comme une personne humaine à aimer.
Ne me laissez plus seul
En chemin,
Ne m’abandonnez plus
Au bord de la route
Je ne suis pas un fou,
Je suis un malade, un malade mental.
Les situations douloureuses
Dans la société,
L’égoïsme et la méchanceté
Sous toutes ses formes,
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Les situations houleuses
Dans la famille,
Ma vie d’intimité bafouée,
Ma vie de relations interpersonnelles,
Brisée ,
Mes blessures intérieures
Profondes, m’ont plongé
Dans la spirale de la maladie
Mentale.
Je ne suis pas un fou,
Je suis un blessé de la vie
Qui passe et repasse, même nu dans les rues et ruelles.
S’il vous plaît, ne me laissez pas seul!
Je suis devenu un enfant
Qui ne peut correctement
S’habiller.
Je suis devenu un enfant
Qui ne peut correctement
S’alimenter.
Je suis devenu un enfant
Qui ne peut correctement
Se peigner
Oui, je ne suis pas un fou.
Je suis un malade mental
Qui a besoin de votre présence et de vos soins.
Oh vous qui passez,
Loin de moi comme le prêtre et le lévite de l’Évangile,
Revenez, ! revenez !
Prenez le Chemin du bon Samaritain.
Alors, je retrouverai
La guérison.
Je prendrai pleinement
Ma place dans la société
Sur le chemin de la vie .
Je ne suis pas un fou,
Je suis un malade en crise.
S’il vous plaît,
Enlevez vos lunettes déformantes,
Et vous me verrez comme
Une créature de dieu,
Une personne humaine
À aimer et à soigner.
Oh Seigneur, suscite
De bons Samaritains,
Beaucoup de bons Samaritains !
Oh Seigneur suscite
Beaucoup de bons et saints
Samaritains
Sur les pistes, les routes et Les boulevards, à la Rencontre de ceux et celles
Appelés abusivement
Fous.
Toi qui me lis en ce moment,
Que le problème de la
santé mentale,
Soit un de tes lieux de combats.
Et le ressuscité, le pèlerin d’Emmaüs
Qui ne peut pas nous sauver sans nous, nous rejoindra,
Et à travers nous, IL guérira
Nos frères et sœurs en crise.
On ne parlera plus
De fous et de folles,
Sous les ponts, nus,
Mangeant dans des poubelles, à travers
Rues et ruelles
Les cheveux hirsutes,
Les haillons recouvrant
Leur corps crasseux
Jours et nuits,
Sous le soleil
Et sous la pluie.
Le monde des fous, alors
N’existera plus !
Magloire Madjessou