Accueil A la une Maladie mentale : Voici l’interpellation du père Abekan aux Ivoiriens

Maladie mentale : Voici l’interpellation du père Abekan aux Ivoiriens

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Père Abekan évoque la condition des personnes atteintes de folie dans notre société/Ph DR

« Le long cri silencieux d’un fou, pour un regard nouveau ». Ce thème du poème du père Eric Norbert Abekan, curé de la paroisse St Jacques des II Plateaux Cocody, nous parle de la situation des personnes victimes de démence, dans notre société. Ils sont nombreux, mais que nous abandonnons, ce serait-ce que par nos regards, discours et autres….Lorsque nous les voyons dans les rues. Pourtant, ces personnes ont besoin de la compassion et de la miséricorde de notre part.

Je ne suis pas un fou.

Je suis comme celui qui a le palu,

Comme celle qui a 

La grippe.

Je suis comme celui qui a

Le diabète,

Comme celle qui a

La tension artérielle. 

Je suis comme celui qui a

La lèpre,

Comme celle qui a

La gale.

Je ne suis pas un fou

Je suis tout simplement un malade mais au niveau mental. 

Quand vous me traitez de fou,   

La peur vous pousse

À vous éloigner de moi.

Je suis ainsi stigmatisé, étiqueté 

Ainsi, je suis rejeté dans 

Le rang des exclus et bannis.

Mes haillons et mes cheveux hirsutes 

Sont de véritables barrières 

Entre vous les  » bien portants » et moi.

Et vous me laissez aller seul

Mangeant dans les poubelles.

Pour vous, la vie est

Belle.

A lire: An 1 de la crise postélectorale : Le Père Abekan interpelle encore….

Je dors sous les ponts,

Vous dormez dans vos palaces. 

Je parle tout seul,

Je parle au silence et en silence,

Car personne n’engage 

Le dialogue avec moi.

Je suis un rejeté,

Je suis un abandonné. 

Les Illuminés, les  » prophètes et prophétesses  » Des camps de prières m’enchaînent, me frappent et me brutalisent pensant 

Chasser le diable de folie de mon corps.

Quelle souffrance,

Quand on est incompris !

Quand on est rejeté dans les ordures de la stigmatisation !

Oh frères et sœurs qui passez,

Ôtez vos lunettes déformantes,

Alors, vous ne me verrez plus comme un monstre

Mais comme une personne humaine à aimer. 

Ne me laissez plus seul 

En chemin,

Ne m’abandonnez plus 

Au bord de la route

Je ne suis pas un fou,

Je suis un malade, un malade mental.

Les situations douloureuses 

Dans la société,

L’égoïsme et la méchanceté 

Sous toutes ses formes,

A lire: Père Abekan réagit: « Et si je faisais parler le Pape François! »

Les situations houleuses 

Dans la famille,

Ma vie d’intimité bafouée,

Ma vie de relations interpersonnelles, 

Brisée ,

Mes blessures intérieures 

Profondes, m’ont plongé 

Dans la spirale de la maladie 

Mentale.

Je ne suis pas un fou,

Je suis un blessé de la vie 

Qui passe et repasse, même nu dans les rues et ruelles.

S’il vous plaît, ne me laissez pas seul!

Je suis devenu un enfant 

Qui ne peut correctement 

S’habiller. 

Je suis devenu un enfant 

Qui ne peut correctement 

S’alimenter. 

Je suis devenu un enfant 

Qui ne peut correctement 

Se peigner

Oui, je ne suis pas un fou. 

Je suis un malade mental

Qui a besoin de votre présence et de vos soins.

Oh vous qui passez,

Loin de moi comme le prêtre et le lévite de l’Évangile,

Revenez, ! revenez !

Prenez le Chemin du bon Samaritain. 

Alors, je retrouverai 

La guérison. 

Je prendrai pleinement 

Ma place dans la société 

Sur le chemin de la vie .

Je ne suis pas un fou,

Je suis un malade en crise.

S’il vous plaît,

Enlevez vos lunettes déformantes,

Et vous me verrez comme 

Une créature de dieu,

Une personne humaine 

À aimer et à soigner.

Oh Seigneur, suscite

De bons Samaritains,

Beaucoup de bons Samaritains !

Oh Seigneur suscite

Beaucoup de bons et saints

Samaritains 

Sur les pistes, les routes et Les boulevards, à la Rencontre de ceux et celles 

Appelés abusivement 

Fous.

Toi qui me lis en ce moment,

Que le problème de la

santé mentale,

Soit un de tes lieux de combats.

Et le ressuscité, le pèlerin d’Emmaüs 

Qui ne peut pas nous sauver sans nous, nous rejoindra,

Et à travers nous, IL guérira 

Nos frères et sœurs en crise.

On ne parlera plus 

De fous et de folles,

Sous les ponts, nus,

Mangeant dans des poubelles, à travers 

Rues et ruelles 

Les cheveux hirsutes,

Les haillons recouvrant 

Leur corps crasseux 

Jours et nuits,

Sous le soleil 

Et sous la pluie.

Le monde des fous, alors

N’existera plus !

Magloire Madjessou

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