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Noël: Dieu devient hôte sur la terre et dans ta propre vie, un Père Théologien explique…

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Le petit Jésus dans une crèche, au milieu, des animaux/Ph DR

La Noël, moment de fête et de partage entre les communautés chrétiennes. Dans cette fête, Père Serge Faustin Yomi (Le vase fragile de Dieu), Dr en Théologie dogmatique, parle de cette fête d’une manière particulière, chez les Agnis pour atterrir sur le spirituel. Thème : « Noël : Dieu devient hôte sur la terre et dans ta propre vie. » Voici sa contribution, en cette fête de Noël.

Des peuples africains, tels les Agnis, pour expliquer l’éloignement du ciel de la terre, racontent que Dieu, symbolisé par le firmament, habitait avec les hommes en parfaite harmonie. Mais voilà que les femmes (agnis), en pilant le foutou les soirs, lancèrent leur pilon vers le ciel et le rattrapèrent avant de le laisser atterrir ensuite dans le mortier.

Malheureusement, le pilon des femmes, selon cette tradition africaine (agni), dans son élan, touchait indélicatement le ventre de Dieu.  Ce dernier s’en est plaint au chef du village. Sa plainte resta sans suite : les femmes continuèrent à lancer leur pilon toujours en direction du ciel. Par conséquent Dieu s’est retiré du village et a laissé la gestion de la terre aux Génies.

Ce Dieu qui a jadis quitté le monde ou le quotidien des hommes, selon le conte, est maintenant de retour en son Fils, Jésus Christ.  Dans la venue de son Fils, Dieu reprend sa place au sein et dans la vie du village. Dieu vient, plein d’amour, en hôte pour partager le quotidien des hommes.

Voilà la Bonne Nouvelle que le christianisme, né de l’événement Jésus-Christ et comme réalité qui l’a accueilli, annonce avec la célébration de Noël.

Qu’est-ce que cette Bonne Nouvelle veut dire concrètement ? Quelles sont ses implications concrètes pour l’homme ?

C’est ici que s’inscrit et se transcrit notre thème, à savoir : « Noël : Dieu devient hôte sur la terre et dans ta propre vie ».

Nous l’aborderons en quatre moments. D’abord, nous montrerons qu’un Dieu qui devient homme est une particularité du Christianisme ; puis, nous révélerons comment la venue de Dieu consacre l’homme comme le ‘‘Tu‘‘ de la relation de dialogue et d’amour avec Lui ; ensuite, nous lancerons l’invitation à devenir relais de la présence de Dieu et enfin, nous montrerons comment devenir au quotidien un « Sycomore » de la rencontre entre Dieu et les autres.

  1. Un Dieu qui devient homme, une particularité du Christianisme

en Jésus, c’est Dieu Lui-même qui vient, descend jusqu’à l’homme…

Il y a un peu plus de deux mille ans, des hommes ont expérimenté, d’une façon bouleversante, qu’en Jésus de Nazareth, et dans la force de l’Esprit, Dieu lui-même vient à nous et, avec cela, nous communique non seulement quelque chose, mais littéralement Lui-même. Autrement dit, en Jésus, c’est Dieu Lui-même qui vient, descend jusqu’à l’homme et devient homme au milieu des hommes.

Telle est la particularité du Christianisme par rapport aux autres Religions. Cette particularité souligne surtout que si Dieu a créé l’homme par amour et pour le rendre heureux, alors Il ne trouve pas de mal à le visiter, à partager sa condition humaine, à se bâtir sa case au milieu de son village, à y habiter et à vivre avec lui au quotidien sa réalité. N’est-ce pas cela le propre même de l’amour ? Or, Dieu est Amour.

Parler donc de la venue de Dieu ou de Dieu qui devient un homme, c’est relever non seulement l’amour de Dieu pour l’homme, mais aussi et surtout jusqu’où cet amour est capable de conduire Dieu : Devenir un homme par folie d’amour pour l’homme. 

Par ailleurs, en parlant de la venue de Dieu le christianisme proclame et révèle la volonté éternelle de Dieu, celle d’être pour l’homme et dans sa vie une Pré-sence, c’est-à-dire un Être-là avec lui, pour lui et surtout au milieu de lui.

Désormais, Dieu n’est plus à comprendre comme un monarque enfermé dans son monde et trop jaloux de sa position au point qu’il ne veut rien avoir avec sa création et ses créatures. Il est certes Dieu, mais un Dieu qui veut se faire connaître et comprendre, un Dieu qui cherche l’homme, partage son quotidien et le révèle à lui-même. Il est un Dieu dont l’« inaccessibilité » implique également l’« accessibilité » et l’« insaisissabilité »  l’« emmanualité ». C’est pourquoi, Dieu peut aussi consacrer l’homme comme son partenaire de dialogue.

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  1. La venue de Dieu consacre l’homme comme le ‘‘Tu‘‘ de la relation de dialogue et d’amour avec Lui

Dieu ne vient pas seulement chercher l’homme, partager son quotidien et le révéler à lui-même, mais aussi l’introduire dans un dialogue amical avec Lui. Un dialogue dans lequel Dieu ne parle à l’homme qu’en lui permettant de Lui parler et de parler aussi de son nom. En Jésus Christ, l’Amour descendu, Dieu se laisse trouver et rencontrer pour rendre ce dialogue nécessaire possible.

C’est aussi un dialogue qui ouvre à une communion profonde dans laquelle Dieu, Lui-même, fait entrer l’homme de manière radicale. C’est pourquoi en Jésus Christ, c’est Dieu effectivement qui vient directement et immédiatement vers nous, pour faire communion avec nous et nous pouvons y entrer[1].

Mais en faisant de l’homme un partenaire de dialogue, Dieu veut aussi qu’il conduise ce même dialogue avec les autres

Dieu introduit l’homme dans une conversation avec Lui, parce qu’il veut surtout lui ouvrir son tréfonds et lui partager sa propre vie. En Jésus Christ, la réalité événementielle du Dieu invisible, cela devient désormais possible pour chaque homme. Mais en faisant de l’homme un partenaire de dialogue, Dieu veut aussi qu’il conduise ce même dialogue avec les autres : Dieu ne conduit pas seulement les hommes à la communion avec Lui, mais aussi entre eux.

  1. Relais de la présence de Dieu

Dieu ne vient à nous qu’en nous permettant de le rencontrer, de l’accueillir et de devenir à notre tour relais de sa présence et donc lieu possible de rencontre entre Lui et les autres.

Autrement dit, Dieu nous visite pour que nous puissions devenir pour les autres le lieu où ils peuvent se laisser visiter et rencontrer par Lui. Car Dieu ne fait rien dans notre vie qui ne soit aussi destiné aux autres.

Devenir relais de la présence de Dieu, c’est se prêter à Dieu, se rendre disponible pour Dieu et se disposer à devenir pour tout homme et tout l’homme un lieu où il peut faire l’expérience de la présence de Dieu. Un Dieu qui, grâce à ce qu’Il a accompli dans ma propre vie, fait de moi désormais sa demeure, sa maison parmi les hommes, l’endroit où il se rend sensible, se laisse toucher, etc.  Comment cela peut-il bien être possible ?

En effet, Dieu, en devenant homme en son Fils, s’est unit à notre humanité d’une manière singulière et à chaque femme et homme avec qui il partage maintenant cette humanité. C’est pourquoi, ce Dieu ne nous rencontre pas en dehors de cette histoire humaine qui est aussi la sienne et qu’il écrit au quotidien avec chaque membre de cette humanité. C’est aussi au cœur de celle-ci qu’il écrit la sienne avec chacun et devient partie prenant de celle de chacun. C’est enfin là, dans cette histoire aussi bien commune qu’individuelle, qu’il devient une présence, rencontre, relation et un passeur de vie.

En outre, Dieu, en se faisant homme en son Fils, a aussi rejoint chaque femme et homme. Il s’est introduit dans leur vie, les moindres détails et espaces de cette vie. Il y a laissé également ses traces et son odeur qui rappelle soit son passage soit sa présence. C’est pourquoi, la vie de celle ou celui qui l’accueille et se laisse accueillir par Lui peut bien dire quelque chose de Dieu, révéler le neuf qu’il opère délicatement en cette femme ou cet homme et rendre sa présence sensible.  Et ce, en devenant aussi le moyen ou l’instrument par lequel Dieu et les autres peuvent se rencontrer.

  1. Devenir au quotidien un « Sycomore » de la rencontre entre Dieu et les autres

Dieu veut offrir sa présence à chacun et chacune. À cet effet, il a besoin de femmes et d’hommes capables d’ouvrir grandement en eux-mêmes des espaces de vie, des boulevards d’amour et de travailler humblement à devenir au quotidien une chance, un miracle et une bénédiction pour les autres.

Dieu cherche des femmes et des hommes qui deviennent des instruments et des moyens efficaces pour les autres

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Autrement dit, Dieu cherche des femmes et des hommes qui deviennent des instruments et des moyens efficaces pour les autres, non seulement de faire l’expérience de la tendresse, de la délicatesse et de l’amour de Dieu mais aussi de le rencontrer.

Telle est aussi l’expérience faite par Zachée dans l’Évangile selon saint Luc (Lc 19, 1-10) : Le « Sycomore » a été pour lui, confronté à son handicap et à la foule, un promontoire, un moyen et un instrument pour atteindre son objectif : Voir qui est Jésus ! Une attention particulière à l’expérience de Zachée nous permet de saisir ce que le « Sycomore » a été pour lui : un arbre de l’élévation, de la conversion, du détachement des intérêts terrestres, de la rencontre avec Jésus et de la réalisation de son profond désir.

Devenir donc un « Sycomore » de la rencontre entre Dieu et les autres, c’est travailler sa vie pour qu’elle devienne le moyen pouvant les aider à rencontrer Dieu. Il s’agit de soigner les racines de ses caractères et tempéraments et d’entretenir les belles branches basses de ses attitudes, comportements et de son langage pour permettre aux ‘‘Zachées’’ de notre temps d’y grimper, afin de pouvoir croiser le regard du Christ, le Dieu qui vient.

Finalement, c’est un appel à devenir par notre vie des femmes et des hommes au cœur de Dieu ; des êtres aux gestes divins ; des femmes et des hommes qui portent la présence de Dieu que trahissent leur délicatesse, gentillesse, respect pour l’homme et tout homme, ouverture d’esprit et de cœur, etc.

Et cela est possible pour celui qui accueille vraiment ce Dieu qui vient : En Jésus-Christ, Dieu est venu à la rencontre de l’homme et nous a aimés « avec un cœur humain ». Grâce à la rencontre du Cœur de Jésus et du cœur de l’homme, l’homme peut devenir un être au cœur de Dieu. Un être dont la rencontre impacte la vie, ouvre de nouvelles perspectives et permet de rentrer dans le plan de Dieu sur sa vie. En ce sens écrira Mère Theresa de Calcuta : « Un homme qui te rencontre doit repartir plus heureux que lorsqu’il venait (à toi) ».

Puisse Dieu, en devenant hôte dans ce monde et dans nos vies personnelles, transformer nos vies pour en faire des lieux de vie et de bonheur. Qu’il rendre possible en nous tout ce qui est impossible par nos propres forces. Qu’il nous communique sans cesse son amour pour que nous devenions témoins de la force de cet amour dans nos familles, nos cercles d’amis(es), au travail, dans nos communautés paroissiales, etc.

[1] Cf. Gisbert Greshake, An den drei-einen Gott glauben. Ein Schlüssel zum Verstehen, Herder, Freiburg-Basel-Wien, 2000, p.19.

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